Produire du froid avec du chaud : l’idée semble paradoxale, mais la technique des climatiseurs solaires est fiable et avec le réchauffement climatique.
Le principe consiste à utiliser des capteurs solaires pour faire bouillir une solution d’eau et de bromure de lithium afin de dissocier ces 2 composants. Leur recombinaison après refroidissement produit du froid par absorption de la chaleur.
« Avec les capteurs solaires, on chauffe un mélange d’eau et de sels et on fait évaporer l’eau comme dans un alambic. Cette saumure attire à nouveau l’eau distillée, qui en se détendant, produit du froid, entre 5 et 10 degrés, et c’est cette eau froide qui en circulant dans le bâtiment, le rafraîchit », explique André Joffre, Pdg de Tecsol, un bureau d’études français spécialisé dans l’énergie solaire. Et « ça marche, la technique est hyper fiable », ajoute-t-il.
Le système de climatisation solaire, conçu par Tecsol, pour rafraîchir des caves viticoles près de Perpignan (Sud de la France) fonctionne parfaitement depuis 1991. Cette installation, composée de 130 m2 de capteurs solaires, permet de tenir au frais 2 millions de bouteilles de vin. Elle a représenté un investissement de près de 300.000 euros. Ces systèmes de climatisation solaire ne sont pas encore très répandus : il en existe une centaine dans le monde, essentiellement en Allemagne et en Autriche, les 2 bons élèves de la classe européenne en matière d’énergie solaire. « Cela reste très confidentiel, mais le marché peut démarrer très rapidement pour une clientèle sensible aux questions environnementales », estime Jean-Louis Busquet, journaliste spécialisé du magazine Plein soleil.
Jusqu’alors, les systèmes proposés, très encombrants et d’un coût élevé, étaient destinés aux bâtiments du secteur tertiaire et ne s’adressaient pas aux particuliers. Mais une entreprise du pays basque espagnol, Rotartica, vient de lancer une petite machine de climatisation solaire d’une puissance de 4 kWh (contre une centaine de kWh pour des bâtiments du tertiaire) destinée aux maisons individuelles. « Ca va marcher car il y a beaucoup de demandes pour un système adapté aux particuliers », a estimé le Pdg de Tecsol, « notamment dans le Sud de la France ».
Pour une machine d’une puissance de 4 kWh, il faut compter de 15 à 20 m2 de capteurs solaires, la même surface que pour un chauffage solaire, a-t-il précisé, estimant qu' »une bonne solution serait de mettre au point un système réversible qui permette de chauffer la maison l’hiver et de la rafraîchir l’été ».
La climatisation solaire présente l’avantage de « ne pas utiliser de gaz à effet de serre, comme les HCFC (hydrochlofluocarbone utilisés pour les systèmes classiques de climatisation) qui eux participent à l’effet de serre, un kilo de HCFC équivalant à une tonne de gaz carbonique », responsable du réchauffement climatique, a-t-il fait valoir.