La Deep Sea Conservation Coalition (une coalition internationale de plus de 60 ONG) a publié hier un rapport qui décrit les principales insuffisances de l’application des résolutions onusiennes visant à protéger les eaux profondes de l’impact destructeur de la pêche. L’auteur principal du rapport, le Dr Alex Rogers du Programme international sur l’état de l’océan (IPSO), estime que « les organisations régionales de gestion de la pêche (ORGP) ne parviennent pas à gérer la pêche profonde en haute mer de manière durable du point de vue des espèces ciblées et des prises accessoires. Pour la plupart des pêcheries profondes en haute mer, il n’existe pas (ou peu) d’informations sur l’état des stocks de poisons et dans de nombreux cas, nous ne savons même pas où se déroule la pêche ».
Ce rapport est le premier examen scientifique complet de la gestion de la pêche profonde au niveau mondial. L’analyse a été réalisée à partir des données rendues disponibles par les organisations régionales de gestion de la pêche, les ORGP, organismes chargés de l’application des résolutions des Nations Unies. Le rapport souligne le fait que même si certaines zones en haute mer, comme dans l’Atlantique Nord‐Est, ont été fermées à la pêche profonde pour protéger les écosystèmes coralliens, la plupart de la haute mer reste ouverte à une pêche profonde soutenue, avec très peu de contraintes. La pêche au filet maillant en haute mer a été interdite dans le Nord‐Est et le Sud‐Est de l’Atlantique, le Pacifique Sud et l’océan Austral, mais la pêche au chalut de fond, l’engin de pêche le plus destructeur pour les écosystèmes profonds, a seulement été interdite dans l’océan Austral autour de l’Antarctique. En outre, de nombreux écosystèmes marins vulnérables n’ont pas même été pris en compte dans la gestion de la pêche profonde. Dans certains cas, ceux‐ci n’ont pas été protégés, malgré l’existence de preuves solides de leur présence sur le fond. L’Assemblée Générale a invité toutes les ORGP et les pays pêcheurs à effectuer des études d’impact environnemental de la pêche en haute mer avant de les autoriser à poursuivre leur activité – cette mesure est une grande première dans l’histoire de la gestion des pêches en haute mer. Or le rapport souligne que les études d’impact n’ont pas été correctement effectuées pour la majorité des pêcheries profondes, notamment dans la région de l’Atlantique Nord, bien que la pêche y soit intensive. Le rapport conclut également que de nombreuses espèces ciblées et non ciblées continuent d’être très vulnérables à une pêche excessive et non réglementée. Le Dr Alex Rogers rappelle que « l’absence de toute action visant à protéger les espèces qui sont menacées d’une disparition régionale, voire d’extinction mondiale, est une préoccupation d’importance particulière en termes de biodiversité marine. » « Les résolutions de l’Assemblée Générale des Nations Unies engagent les pays pratiquant la pêche profonde à gérer ces pêcheries de façon durable sinon à les interdire. » a dit hier à l’ONU Matthew Gianni, de la Deep Sea Conservation Coalition. « Notre espoir est que les pays qui ne pratiquent pas la pêche profonde, de loin la majorité des Etats, pourront utiliser cette information pour demander des comptes aux nations qui pêchent en haute mer vis‐à‐vis de leurs engagements politiques et de leur responsabilité envers la communauté internationale ». – Pour télécharger le rapport The Implementation of UNGA Resolutions 61/105 and 64/72 in the Management of DeepSea Fisheries on the High Seas par le Dr Alex Rogers et Matthew Gianni, cliquez ici.