Le « Global Corporate Sustainability Report 2025 » est une lecture utile pour toute organisation engagée dans une démarche d’impact positif. Ce rapport publié par l’OECD-OCDE est une synthèse des tendances qui redéfinissent le paysage économique et stratégique de demain. Othmane Khaoua, Développeur économique et Accompagnateur d’entreprises à impact, en retire cinq faits saillants.

La durabilité des entreprises
La durabilité des entreprises désigne l’intégration des considérations environnementales et sociales dans la stratégie, les activités et la publication d’informations d’une entreprise.
Elle contribue à un cadre solide de gouvernance et de prise de décision, tout en aidant les investisseurs à mieux comprendre les risques et opportunités à long terme d’une entreprise.
Le Rapport mondial sur la durabilité des entreprises 2025 de l’OCDE livre des enseignements sur la manière dont les entreprises mettent en œuvre les recommandations liées à la durabilité issues des Principes de gouvernance d’entreprise du G20 et de l’OCDE. Ces recommandations portent sur la diffusion d’informations, le dialogue entre l’entreprise et ses actionnaires, les responsabilités du conseil d’administration et les intérêts des parties prenantes.
Principes de gouvernance d’entreprise du G20 et de l’OCDE
Rapport mondial sur la durabilité des entreprises 2025
Cette édition contient une analyse approfondie du secteur de l’énergie, qui évalue les objectifs de réduction des émissions, la rémunération des dirigeants des entreprises du secteur, les dépenses en capital et les investissements dans les activités de recherche et de développement écologiques.
Entre 2022 et 2024, davantage d’entreprises ont publié des informations en matière de durabilité

81 % des sociétés cotées (par capitalisation) qui publient des informations liées à la durabilité ont recours à des services d’assurance indépendants
$671 milliards USD, c’est le montant consacré aux dividendes et aux rachats d’actions par les sociétés cotées du secteur de l’énergie en 2024, soit trois fois plus qu’en 2015, tandis que l’activité d’investissement est restée stable
À l’échelle mondiale, 91 % des entreprises par capitalisation boursière ont communiqué des informations liées à la durabilité en 2024, contre 86 % en 2022. L’Europe (98 %), les pays développés de la région Asie-Pacifique hors États-Unis (94 %) et les États‑Unis (93 %) affichaient les taux de publication les plus élevés. Le nombre absolu d’entreprises publiant des informations liées à la durabilité a lui aussi progressé, mais représente toujours une fraction modeste – moins d’un tiers – du nombre total de sociétés cotées.


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Source: OCDE (2025), Rapport mondial sur la durabilité des entreprises 2025
L’assurance des informations liées à la durabilité est une pratique courante, même sur les marchés dépourvus d’exigences réglementaires
En 2024, plus de 5 000 entreprises (81 % de la capitalisation boursière) qui ont communiqué des informations en matière de durabilité ont fait certifier ces informations par un prestataire de services externe. La majorité d’entre elles s’appuient sur l’assurance limitée (56 %), et beaucoup moins sur l’assurance raisonnable (17 %). À l’échelle mondiale, plus de la moitié des missions d’assurance de l’information en matière de durabilité sont effectuées par des auditeurs.

Source: OCDE (2025), Rapport mondial sur la durabilité des entreprises 2025
Les investisseurs institutionnels peuvent jouer un rôle important dans la transition climatique
En tant que détenteurs d’une part significative du capital des sociétés fortement émettrices de GES et des grandes entreprises qui développent des technologies vertes
Les investisseurs institutionnels, qui détiennent aujourd’hui 47 % du capital des sociétés cotées dans le monde, procèdent à des allocations de portefeuille comparables dans les entreprises fortement émettrices et dans celles qui investissent dans les nouvelles technologies vertes. Les investisseurs institutionnels détiennent la part la plus significative du capital (36 %) des 100 sociétés cotées les plus fortement émettrices de gaz à effet de serre (GES). Ils possèdent aussi d’importantes participations (37 %) dans les 100 entreprises ayant déposé le plus grand nombre de brevets verts.

Source: OCDE (2025), Rapport mondial sur la durabilité des entreprises 2025
Les questions de durabilité, supervisées par les conseils d’administration et prises en compte pour déterminer la rémunération des dirigeants
En 2024, dans 70 % des entreprises par capitalisation boursière, le conseil d’administration supervisait les questions liées au climat, contre 53 % en 2022. En outre, les deux tiers des entreprises sont dotées d’un comité chargé de superviser les risques associés à la durabilité. La part des entreprises qui versent à leurs dirigeants une rémunération variable indexée sur des critères de durabilité a également augmenté, passant de 60 à 67 %.


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Source: OCDE (2025), Rapport mondial sur la durabilité des entreprises 2025
Les investissement des sociétés cotées du secteur de l’énergie restent stables, malgré une augmentation des flux nets de trésorerie
La réduction des émissions de GES nécessitera des investissements massifs dans des technologies destinées à remplacer l’utilisation des combustibles fossiles.
Entre 2015 et 2024, les flux nets de trésorerie provenant des activités d’exploitation ont augmenté de 32 %, permettant aux sociétés cotées du secteur de l’énergie de tripler les dividendes et rachats d’actions, tandis que la trésorerie nette allouée aux investissements a crû de moins de 5 %. Considérés dans leur ensemble, ces éléments laissent penser que la condition impérative pour atteindre la neutralité carbone n’est pas tant l’existence de liquidités que celle d’une réserve de projets susceptibles d’attirer les investissements.

Source: OCDE (2025), Rapport mondial sur la durabilité des entreprises 2025
5 faits saillants du rapport par Othmane Khaoua

- 1. Résilience renforcée par les critères ESG : Les entreprises dotées d’un cadre ESG solide démontrent une résilience nettement supérieure face aux chocs économiques et géopolitiques. Leur capacité d’adaptation et leur accès aux financements responsables en font des acteurs plus pérennes.
- 2. La transition juste, levier d’attractivité et de performance : La transition juste n’est plus un simple slogan : elle devient un facteur clé d’attractivité pour les talents, en particulier les jeunes générations. Les organisations qui intègrent l’équité sociale et la formation voient leur engagement interne et leur marque employeur s’améliorer significativement.
- 3. Économie circulaire et modèles régénératifs en essor : Les approches circulaires et régénératives ne se limitent plus à des initiatives ponctuelles. Elles deviennent des modèles économiques viables, démontrant que création de valeur et régénération des écosystèmes peuvent — et doivent — aller de pair.
- 4. Convergence entre performance durable et financière : Le rapport souligne une corrélation de plus en plus forte entre robustesse ESG et rentabilité à long terme, renforçant l’idée qu’une stratégie durable est aussi une stratégie gagnante sur les marchés.
- 5. Collaboration multi-acteurs comme accélérateur d’impact : Les alliances entre entreprises, institutions, associations et territoires amplifient l’efficacité et la portée des transitions, prouvant que les défis systémiques appellent des réponses collectives.

Que peut-on faire ?
Renforcer l’interopérabilité entre les cadres de publication d’informations liées à la durabilité
Les instances d’établissement des normes pourraient s’efforcer d’améliorer l’interopérabilité des référentiels de publication d’informations liées à la durabilité. Cela permettrait de réduire les coûts de conformité pour les entreprises implantées dans plusieurs juridictions et d’améliorer la comparabilité, la fiabilité et la pertinence des données liées à la durabilité.
Inciter les entreprises publiques à montrer l’exemple en matière de durabilité
Les pouvoirs publics peuvent encourager les entreprises qu’ils contrôlent à montrer l’exemple en matière de durabilité et à catalyser la transition vers une économie bas carbone. Les entreprises publiques étant souvent présentes dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie qui sont exposés aux risques environnementaux et sociaux, elles sont idéalement placées pour promouvoir la durabilité.
Promouvoir des cadres de gouvernance qui favorisent l’engagement effectif des actionnaires
Étant donné que les allocations de portefeuille des investisseurs institutionnels ne font pas de distinction systématique entre les entreprises fortement émettrices et celles qui investissent dans les nouvelles technologies vertes, les initiatives de mobilisation des actionnaires ciblant les gros émetteurs pourraient être complétées par de nouveaux dispositifs prenant en compte les efforts d’allocation et de bonne gestion des investissements au profit d’entreprises très innovantes.
Améliorer la viabilité financière des projets relatifs aux énergies vertes
Des mesures pourraient être prises pour garantir l’existence d’une réserve de projets viables dans le secteur de l’énergie, en encourageant les entreprises à affecter une plus grande part de leur capital à de nouveaux investissements.
Principaux faits et chiffres (infographie)

Le rapport version abrégée
Rapport complet & Publications associées

- Panorama de la gouvernance d’entreprise de l’OCDE 2025 (version abrégée) – 6 octobre 2025
- Rapport sur les marchés de capitaux en Asie 2025 (version abrégée) – 26 juin 2025
- Rapport sur la dette mondiale 2025 – 20 mars 2025


