Alors que s’est ouvert la semaine dernière le Sommet des Nations Unies sur la biodiversité à Nagoya, un nouveau rapport du WWF met en exergue l’extraordinaire richesse en biodiversité de l’Amazonie. Plus de 1200 nouvelles espèces de plantes et de vertébrés ont été découvertes dans le biome de l’Amazone entre 1999 et 2009, soit une espèce tous les trois jours.
L’extraordinaire biodiversité de sa forêt tropicale, originelle à 83%, et l’un des bassins versants les plus grands du monde font de cet écosystème rare la demeure d’une espèce mondiale sur dix. L’Amazonie dans son ensemble compte 30 millions d’habitants et s’étend sur 8 pays sud américains et un territoire d’outre-mer, la Guyane. L’étude du WWF-Brésil publiée ce jour n’annonce pas moins de 637 plantes, 257 poissons, 216 amphibiens, 55 reptiles, 16 oiseaux et 39 mammifères découverts au sein du biome amazonien en l’espace de 10 ans. Parmi les formidables découvertes qui ont été faites ces 10 dernières années, citons la Ranitomeya amazonica, une grenouille à la peau tachetée rouge vif et bleu qui vit principalement dans les forêts primaires humides de la région du Loreto, au Pérou. « Le rapport Amazon Alive !: A Decade of Discoveries 1999-2009 du WWF montre l’incroyable diversité de la vie dans l’Amazone », explique Francisco Ruiz, responsable de l’Initiative Amazone Vivante du WWF. « Il nous rappelle aussi qu’il nous reste encore beaucoup de choses à apprendre de cette région unique, et met en évidence tout ce que nous pourrions perdre si nous ne changeons pas nos manières d’envisager le développement. Nous devons promouvoir la conservation à un niveau régional pour que les communautés de ces régions et de celles qui se trouvent dans la zone d’influence climatique de l’Amazonie continuent à tirer des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux de cette richesse en biodiversité. » Bien que la plus grande partie de la région de l’Amazone soit restée relativement intacte, les menaces y grandissent rapidement. Durant les 50 dernières années, les humains ont causé la destruction d’au moins 17 % de la forêt amazonienne – soit deux fois la surface de l’Espagne. Une des principales causes de cette transformation est l’expansion rapide des marchés régionaux et globaux de la viande, du soja et des biocarburants, qui augmentent la demande de terres. On estime que 80 % des surfaces déboisées en Amazonie sont occupées par des animaux en pâture. Les modèles de développement non durables, la croissance économique régionale rapide, et les demandes croissante en énergie, impactent aussi l’Amazonie. Les forêts d’Amazonie n’abritent pas seulement la plus grande diversité de vie sur Terre, elles séquestrent aussi de 90 à 140 millions de tonnes de carbone. La libération du carbone, liée à la poursuite de la déforestation ou aux changements d’utilisation du sol, accélérerait le changement climatique de façon significative et compromettrait la vie sur Terre telle que nous la connaissons. « Une action urgente et immédiate est nécessaire si nous voulons éviter ce scénario effrayant », rajoute Francisco Ruiz. Grâce à son Initiative Amazone Vivante, le WWF travaille sur une approche complète qui implique les gouvernements, la société civile, et le secteur privé pour promouvoir un scénario alternatif visant à mieux protéger la biodiversité de l’Amazone. L’objectif est d’obtenir une vision partagée de la conservation et du développement qui soit environnementalement, économiquement et socialement durable. « Le destin de l’Amazonie et de ses espèces, connues ou encore à découvrir, dépend d’un changement significatif dans la façon dont le développement est actuellement envisagé dans les pays de l’Amazonie. » explique Francisco Ruiz. Une partie de la solution est aussi à l’agenda du Sommet des Nations-Unies sur la biodiversité qui se déroule en ce moment à Nagoya (Japon) : une approche multi-nationale destinée à mettre en place un système d’aires protégées en Amazonie qui soit complet et géré de façon efficace. « Beaucoup des découvertes de nouvelles espèces ont été faites dans le réseau amazonien d’aires protégées », explique Francisco Ruiz. « Cette année de la biodiversité est une excellente opportunité pour les chefs d’Etats pour protéger encore mieux la diversité de la vie amazonienne et pour assurer la survie des espèces qui y vivent et la continuité des biens et services environnementaux dont nous bénéficions tous. » Le rapport Amazon Alive est téléchargeable au format PDF (version anglaise) en cliquant ici.