Malgré leur bienfaits, les zones humides végétalisées du monde entier, sont menacées, polluées ou dégradées en raison du changement climatique et du développement humain, a averti le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), à l’occasion de la Journée mondiale des zones humides.
Ces zones, telles que les marécages et les marais, comptent parmi les écosystèmes les plus riches en faune de la planète. Leurs eaux peu profondes et leur vie végétale abondante soutiennent de tout — des insectes aux canards en passant par les orignaux. Elles réduisent l’impact des inondations et nettoient les eaux polluées et séquestrent le carbone jusqu’à 55 fois plus vite que les forêts tropicales humides. Le PNUE souligne qu’environ 35% des zones humides du monde ont été perdues entre 1970 et 2015. Aussi, selon l’élévation du niveau de la mer causée par la crise climatique, entre 20% et 90% des zones humides côtières actuelles pourraient disparaître d’ici la fin du siècle.Investir pour protéger les écosystèmes prioritaires
Malgré les meilleurs efforts de nombreux gouvernements pour protéger et restaurer ces espaces naturels, le PNUE a souligné le besoin urgent de restaurer les zones humides.« Nous devons arrêter les politiques et les subventions qui encouragent la déforestation et la dégradation des zones humides de la source à la mer et promouvoir leur restauration urgente, conformément à la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes », a déclaré Leticia Carvalho, responsable de la branche des Eaux marines et douces du PNUE.
Mme Carvalho a appelé à « orienter et stimuler les investissements pour protéger les écosystèmes prioritaires, tels que les tourbières, et encourager le secteur privé à s’engager dans des chaînes d’approvisionnement sans déforestation et sans drainage des tourbières ».
De retour du bord du gouffre
Des pays du monde entier commencent maintenant à restaurer leurs zones humides. Parmi les exemples phares d’initiatives de conservation des zones humides, le PNUE cite en exemple le développement de villes d’éponges émergentes en Chine et la restauration du Great North Bog soutenue par le gouvernement au Royaume-Uni, une zone importante pour le stockage du carbone et de l’eau. La recherche montre que des efforts accélérés pour conserver et restaurer les zones humides sont cruciaux car la triple crise planétaire du changement climatique, de la perte de la nature et de la biodiversité ainsi que de la pollution et des déchets, amplifie les effets de la dégradation des zones humides, souligne le PNUE. Un financement adéquat et une volonté politique sont toutefois essentiels ajoute l’agence onusienne, précisant que « les objectifs en matière de climat, de biodiversité et de dégradation des terres seront hors d’atteinte à moins que les investissements dans des solutions fondées sur la nature n’atteignent rapidement 384 milliards de dollars par an d’ici 2025 ».« L’assèchement et la dégradation des tourbières libèrent des quantités massives de dioxyde de carbone et contribuent à environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’origine humaine.»
« Nous sommes en train de passer a côté d’occasions pour protéger les services fournis par les zones humides dont les sociétés dépendent pour un avenir durable », a déclaré Mme Carvalho. « Nous devons intensifier la solidarité internationale, le renforcement des capacités et le financement sans plus tarder », a-t-elle affirmé.
De bonnes nouvelles d’Argentine
En décembre dernier, les législateurs de la province de Tierra del Fuego, en Argentine, ont adopté une loi visant à protéger en permanence la péninsule accidentée de Mitre. Ce coin reculé abrite des forêts de varech sous-marines et l’un des plus grands complexes de tourbières de l’Amérique du Sud. Combinés, ces deux écosystèmes puissants constituent le plus grand puits de carbone du pays. La création de la nouvelle zone protégée, qui a à peu près la taille du parc national du Grand Canyon aux États-Unis, est une étape importante dans la lutte contre la crise climatique, selon les experts. Le succès en Argentine est une petite bonne nouvelle pour les tourbières, qui représentent environ la moitié des zones humides végétalisées intérieures du monde. Selon l’évaluation mondiale des tourbières soutenue par le PNUE, la Terre perd 500.000 hectares de tourbières par an, une superficie presque deux fois plus grande que la capitale tentaculaire de l’Égypte, Le Caire. L’assèchement et la dégradation des tourbières libèrent des quantités massives de dioxyde de carbone et contribuent à environ 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’origine humaine, met en garde l’agence des Nations Unies pour l’environnement.