L’Agence de l’Environnement de la Maîtrise de l’Energie soutient le développement de l’économie de la fonctionnalité, en tant que l’un des piliers de l’économie circulaire. Cette étude dresse une typologie des acteurs engagés en France dans l’accompagnement vers ce nouveau modèle mais aussi recense les actions conduites avec le soutien de l’ADEME. L’étude identifie aussi, au travers de revues documentaires, d’interviews d’acteurs et de réunions collectives, les dispositifs et facteurs facilitant ou au contraire freinant le développement de l’économie de la fonctionnalité. Elle donne de nombreuses pistes d’action. L’économie de la fonctionnalité reste vue aujourd’hui comme un concept relativement abstrait et gagnerait à être plus expliquée. Elle peut apporter des nombreux avantages aux entreprises comme à leurs clients et contribue à la transition écologique et sociale de l’économie. C’est peut-être là que réside l’essentiel : le déploiement de l’économie de la fonctionnalité repose sur la capacité des acteurs des territoires à maintenir des liens et à coopérer au service de l’intérêt général, alimentant ainsi une boucle vertueuse qui ne demande qu’à être développée.
L’économie de la fonctionnalité (EF) est un concept émergent. Elle désigne un nouveau modèle économique d’entreprise qui change radicalement la relation entre l’offre et la demande, mais aussi plus largement l’organisation et le travail, le modèles d’affaires, les partenariats et la répartition de la valeur entre les partenaires. Ce concept s’est développé en France, suite au Grenelle de l’environnement, mais aussi plus récemment sous l’impulsion de l’économie circulaire. L’ADEME, agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, a soutenu ce nouveau modèle économique depuis 2013. Il est en effet très prometteur pour un développement durable de notre société. L’agence est un des acteurs principaux des écosystèmes nationaux et régionaux oeuvrant sur le sujet. Elle soutient l’Institut Européen de l’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération (IE-EFC) ainsi que des structures d’animation locales et de nombreux dispositifs d’accompagnement d’entreprises et de collectivités en soutien au développement de l’économie de la fonctionnalité. L’objectif principal étant, en accord avec les missions de l’ADEME, de rendre plus efficient, et donc plus soutenable, le modèle économique d’entreprise. Ces accompagnements ont été, la plupart du temps, le résultat d’initiatives issues des directions régionales de l’agence et de leurs partenaires locaux au contact des réalités du terrain. Par ailleurs, d’autres actions ont pu être conduites par des partenaires historiques de l’ADEME, tels que les conseils régionaux, les CCI, etc. sans que l’agence ne soit nécessairement impliquée. Plusieurs cabinets interviennent en accompagnement des entreprises, mobilisant des référentiels et des méthodes qui peuvent différer, tant dans leurs approches que dans leurs modalités. Au-delà des professionnels du conseil, d’autres acteurs jouent un rôle clé dans ces actions : il s’agit d’associations d’entreprises et de dirigeants, telles que le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), et de structures d’intermédiation régionales (Initiatives durables, réseau Alliances, CIRIDD…). Enfin, des structures d’animation territoriales issues pour la plupart des opérations d’accompagnement d’entreprises continuent d’animer et de soutenir l’essor de l’EF sur leurs périmètres territoriaux respectifs. Si un certain nombre d’entreprises ont réellement mis en oeuvre ce nouveau modèle, force est de constater que des obstacles doivent encore être surmontés. Les freins et les leviers du changement nécessitent d’être mieux appréhendés pour permettre un déploiement plus conséquent du nouveau modèle économique au sein des acteurs économiques. Les actions mises en oeuvre et les trajectoires de changement des entreprises méritent également d’être mieux connues. C’est dans ce cadre que cette étude a été conduite, de décembre 2018 à février 2020, dans le triple objectif de :- disposer d’un panorama des acteurs accompagnateurs et d’un recensement aussi exhaustif et fidèle que possible de ce qui a été entrepris sur le territoire national par l’ADEME ;
- alimenter, après analyse de ces différentes actions, un retour d’expérience permettant de connaître les freins et les leviers et ainsi d’améliorer l’efficience des dispositifs et actions à venir ;
- se donner les moyens de mieux communiquer et convaincre, à travers des études de cas documentées, des expériences d’accompagnement exemplaires et des interviews d’acteurs, afin de favoriser l’essor de modèles d’entreprises innovants au service du développement durable.
Résumé
Panorama national et pistes d’action sur l’économie de la fonctionnalitéL’ADEME, agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, soutient le développement de l’économie de la fonctionnalité (EF), en tant que l’un des piliers de l’économie circulaire, pour sa capacité potentielle à rendre plus soutenable le modèle économique de l’entreprise. L’objet de cette étude était de dresser une typologie des acteurs engagés dans l’accompagnement vers ce nouveau modèle des acteurs économiques en France, mais aussi de recenser le plus exhaustivement possible l’ensemble des actions conduites avec le soutien de l’ADEME, que ces actions soient des projets individuels d’entreprises ou des actions collectives ciblant les entreprises ou les collectivités. Au-delà d’un « panoramique » permettant de se faire une idée plus précise de l’état de l’art, de la pénétration des concepts et de la mobilisation des acteurs, entreprises, territoires et institutions, l’objectif était d’identifier, au travers de revues documentaires, d’interviews d’acteurs et de réunions collectives, les dispositifs et facteurs facilitant ou au contraire freinant le développement de l’économie de la fonctionnalité. Les acteurs de l’accompagnement sont les services et agences de l’Etat, les institutions régionales, les organismes consulaires, les organismes de formation agréés, les clubs et réseaux d’entreprises, les organisations d’intermédiation thématiques, les clubs dédiés à l’économie de la fonctionnalité, les laboratoires de recherche et cabinets conseil. Ils exercent des activités différenciées et très étendues : promotion, formation, portage d’opérations de sensibilisation et d’accompagnement, financement, animation territoriale, capitalisation des savoir, etc. Les acteurs de la région Hauts-de-France ont été les premiers à animer leur territoire dans le domaine de l’économie de la fonctionnalité. Le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), orienté vers une vision humaniste de l’économie, constitue aussi un réseau fortement promoteur du nouveau modèle. L’ADEME soutient certains de ces acteurs et en particulier le réseau national de clubs d’économie de la fonctionnalité porté par l’Institut Européen de l’Economie de la Fonctionnalité (IE-EFC). De 2013 à 2018, l’ADEME a soutenu 40 actions collectives et individuelles représentant un total de 174 organisations (169 entreprises, 4 collectivités territoriales et 1 association). Parmi les entreprises accompagnées, les petites et moyennes entreprises sont les plus nombreuses, suivies des très petites entreprises puis des grandes entreprises. La filière bâtiment-construction est la plus représentée, suivie par les activités liées aux équipements industriels, à l’alimentation et à la métallurgie. La direction Provence-Alpes-Côte d’Azur a été pionnière sur le sujet au sein de l’ADEME, elle est suivie maintenant par beaucoup d’autres directions régionales, essentiellement situées en métropole. Si le bilan peut sembler aujourd’hui encore modeste en France, avec seulement quelques dizaines d’entreprises ayant réellement commercialisé avec succès une offre en économie de la fonctionnalité, ce constat est à pondérer : d’une part, par le fait que les trajectoires doivent s’inscrire dans le temps long, et qu’après plusieurs années d’efforts, les résultats commencent à se faire réellement sentir aujourd’hui, et d’autre part, parce que les démarches et les trajectoires amorcées ont permis aux entreprises de progresser sur différents aspects du modèle économique et dans de nombreux domaines connexes, comme leur relation client, leur culture de l’innovation, leur partenariat, leur agilité organisationnelle, leurs ressources immatérielles (compétences de salariés..), leur sensibilité environnementale ou encore leur lien au territoire. Si les freins sont de mieux en mieux connus, l’étude a permis de confirmer que les aspects liés au financement de la transition, notamment du décalage de trésorerie mais aussi de l’innovation immatérielle restaient des leviers importants, de même que les questions juridiques, assurantielles ou d’accès au marché, notamment publics. Il ressort aussi que la diffusion de la compétence, l’acculturation de l’ensemble des publics à l’économie de la fonctionnalité et le renforcement de la confiance au sein des réseaux d’acteurs économiques territoriaux sont des facteurs déterminants pour le succès à venir de l’économie de la fonctionnalité. L’économie de fonctionnalité reste vue aujourd’hui comme un concept relativement abstrait et gagnerait à être plus expliquée par les avantages qu’elle peut apporter aux entreprises comme à leurs clients, ainsi que par sa contribution à la transition écologique et sociale de l’économie. Car c’est peut-être là que réside l’essentiel : la trajectoire vers l’économie de la fonctionnalité repose sur la capacité des acteurs du territoire à créer et maintenir des liens et à coopérer au service de l’intérêt général, tout autant qu’elle y contribue, alimentant ainsi une boucle vertueuse qui ne demande qu’à être amorcée.Panorama
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