Le Palmarès 2014 de l’écologie en France – Pour la 8e année consécutive, La Vie a passé 96 départements au crible selon 8 critères environnementaux : agenda 21, gestion des déchets, agriculture biologique, qualité de l’air, consommation, protection de la biodiversité et énergies renouvelables. Le grand gagnant cette année est le Département de l’Hérault. Découvrez le palmarès département par département en navigant dans le carte interactive réalisée en partenariat avec France Bleu et France 3 Régions.
Palmarès 2014
L’Hérault, vainqueur du palmarès de l’écologie 2014. Ses atouts sont nombreux : agriculture bio, énergies renouvelables, biodiversité remarquable… Mais ce département est menacé par une urbanisation galopante. – Découvrez, en images, l’Hérault, beauté vulnérable en tête du classement annuel des départements « verts » de France.Les huit critères du Palmarès 2014 de l’écologie
– 1. Agenda 21 Issu du Sommet de la Terre qui s’est tenu à Rio en 1992, cet outil regroupe des politiques locales de développement durable pour le XXIe siècle. Pour distinguer les départements selon ce critère, nous avons pris en compte le nombre de collectivités territoriales qui ont adopté un Agenda 21, sa variation depuis l’an dernier, ainsi que le pourcentage de la population concernée par un Agenda 21 en 2011. (Source : Comité 21.) – 2. Gestion des déchets Interviennent dans ce classement les chiffres de la collecte et de la valorisation des déchets et leur évolution entre 2009 et 2011. S’ajoute à cela le nombre de sites pollués faisant l’objet d’une action publique et de sites produisant et/ou entreposant une forte quantité de déchets radioactifs. (Sources : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).) – 3. Agriculture biologique Le classement a été établi en prenant en compte le nombre de producteurs bio en 2013, la variation du nombre de producteurs 2012 et 2013, les surfaces cultivées en bio ou en conversion vers le bio et la part du bio dans la surface agricole utile du département en 2013. (Source : Agence Bio.) – 4. Qualité de l’air Nous avons pris en compte pas moins de 11 indicateurs. Ceux-ci concernent les rejets de polluants atmosphériques, les concentrations moyennes des principaux polluants (oxydes de soufre, d’azote et particules fines), ainsi que les pics de pollution à l’ozone. (Sources : Associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), Registre français des émissions polluantes (Irep), ministère de l’Écologie.) – 5. Consommation durable Ce classement a été établi à partir du nombre d’Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) et de producteurs pratiquant la vente directe, ainsi que du nombre de commerces engagés dans une démarche bio et/ou équitable, rapportés au nombre d’habitants. Nous avons aussi apprécié le nombre de Ruches en activité et en construction en juillet 2014. (Sources : Mouvement Colibris, le Marché citoyen et la Ruche qui dit oui.) – 6. Qualité de l’eau Notre calcul s’appuie sur la qualité de l’eau de consommation vis-à-vis des pesticides, sur celles des eaux de baignade et du milieu naturel : concentration moyenne en nitrates des eaux souterraines en 2011, teneur moyenne des cours d’eau en phosphates en 2012, moyenne des notes de l’indice poisson-rivière en 2011. (Sources : ministères de la Santé et de l’Écologie, Agences de l’eau et Office national de l’eau et des milieux aquatiques.) – 7. Protection de la biodiversité Nous avons pris en compte le pourcentage d’espaces protégés dans le département en 2012, l’indice d’abondance des oiseaux communs entre 2001 et 2013, de l’abondance moyenne de papillons par jardin, et du taux de participation aux observatoires naturalistes et grand public. La nouveauté : le pourcentage de sols artificialisés entre 2006 et 2012. (Sources : Museum national d’histoire naturelle, ministère de l’Agriculture.) – 8. Énergies renouvelables Outre la puissance d’électricité installée en éolienne, petite hydraulique, biogaz et biomasse, nous avons considéré le nombre de petites installations photovoltaïques et le ratio kilowatts/heure d’ensoleillement du département. Cette année, nous avons introduit au calcul le nombre de réseaux de chaleur vertueux. (Sources : ministères de l’Écologie et du Logement)Palmarès : Les réponses à vos questions
Carte interactive
Les raisons de l’engagement de LA VIE pour l’écologie
Par Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction“La dégradation de notre environnement atteint un seuil critique. Rapports et études alarmistes se succèdent. Un jour, on apprend que les effectifs des 3 000 espèces sauvages que le WWF observe dans le monde entier ont baissé de moitié depuis les années 1970. Un autre, on découvre que l’Europe a perdu plus de 400 millions d’oiseaux en trois décennies – et notamment des plus communs, comme les moineaux ou les alouettes. Quant aux experts climatologues du Giec, ils viennent de confirmer l’ampleur du réchauffement climatique en cours (voir aussi l’ouvrage de référence que vient de publier Olivier Nouaillas). On peut et il faut agir vite, rappellent-ils. Sinon, la gestion de la catastrophe aura un coût économique et écologique abyssal. Tous les lobbys liés au monde actuel de dévoration veulent nous faire croire que la raison se situe du côté du laisser-faire. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ils y parviennent assez bien, par exemple en entretenant notre inquiétude pour les emplois existants. Accepterons-nous donc de léguer à nos enfants une planète invivable ? Depuis la naissance de la société industrielle, jamais les enjeux spirituels, éthiques et écologiques n’ont convergé de manière aussi dramatique. Le viol de la nature ne se poursuivra qu’en défigurant davantage encore l’humanité. Tout cela se tient et tient entre nos mains. On en parlera bien sûr aux Assises chrétiennes de l’écologie que La Vie et le diocèse de Saint-Étienne préparent déjà pour le dernier week-end du mois d’août 2015. Le Palmarès de l’écologie décerné par notre journal depuis l’époque du Grenelle de l’environnement montre heureusement que les lignes bougent. Même si cela semble lent ou marginal, mille et une petites conversions peuvent modifier le cours de l’histoire humaine. Les collectivités locales doivent jouer un rôle moteur dans ce changement. Aux États-Unis, pays réputé peu sensible au développement durable, la commune de San Francisco recycle 80 % de ses déchets et devrait atteindre les 100 % d’ici à la fin de la décennie. Quelle grande ville française peut en dire autant ? Ségolène Royal a raison d’en appeler à la « mobilisation générale des territoires » dans l’interview qu’elle nous accorde cette semaine. Le drame de Sivens montre, à l’inverse, ce qu’il ne faut plus faire. Triste et choquante, la mort d’un jeune militant pacifique doit servir de signal d’alarme. Ni immense barrage, ni immense catastrophe écologique, Sivens était simplement un projet mal conçu, mal proportionné et mal mené, comme cela arrive trop souvent quand l’argent public coule sans réels contre-pouvoirs et sans véritable écoute. Mais qu’on le veuille ou non, et quelles que soient les responsabilités des uns et des autres dans ce décès, la mort de Rémi Fraisse en fait le symbole d’une conception dépassée de l’aménagement du territoire et de la démocratie. Le rapport des experts du ministère de l’Écologie, que j’ai lu avec attention, est mesuré mais dépourvu d’ambiguïté. Nous sommes à la charnière entre deux logiques, l’une fondée sur la préférence irrationnelle pour les grands travaux qui se voient, l’autre sur la gestion de la complexité, donc intégrant une conversion écologique authentique. Le monde agricole traverse une crise de désespérance que les urbains traitent trop facilement par le mépris. Les collectivités locales tentent à raison de maintenir une activité familiale fragile dans des cantons dépourvus de toute perspective économique. Mais le flot des subventions doit être orienté sans hésitation vers un aménagement responsable, sobre en eau, respectueux de la nature et protecteur des intérêts paysans de long terme. Le sauvetage de la planète commence par là.”
Palmarès 2009
Bonne nouvelle : le troisième palmarès La Vie de « la volonté écologique » enregistre une incontestable avancée des réalisations environnementales en France. Cette année, 73 départements obtiennent la moyenne contre 67 en 2008. En tête du classement l’Ardèche avec une note de 17/20 devant l’Aveyron, 2ème avec 16,66 et les Alpes-de-Haute-Provence, 3ème avec 16,34 sur 20. Un beau trio de tête composé de départements plutôt ruraux, peu urbanisés et situés au sud de la Loire. En queue du classement : la Seine-Maritime, 95ème, pour la mauvaise qualité de son air et de son eau. Ce classement des départements français a été établi à partir de six critères : la gestion des déchets, la qualité de l’air, l’agriculture biologique, la qualité de l’eau, les énergies renouvelables et la sensibilité écologique mesurée à partir du vote écologique aux dernières élections.Le palmarès par critère
– Energies renouvelables : l’Aude, pour ses éoliennes – Qualité de l’eau : le Jura, pour son « contrat rivière » – Recyclage des déchets : le Rhône, pour la diminution du volume de ses déchets – Mobilisation politique : le Haut-Rhin, pour son vote écologique – Qualité de l’air : le Gers, pour sa surveillance de la pollution – Agriculture bio : la Loire-Atlantique, pour son soutien à la filière bioArdèche, les artisans du rêve vert
Avec ses 27 sites classés Natura 2000, l’Ardèche arrive en tête du palmarès de La Vie de la volonté écologique des départements français. Voici quelques extraits de l’article de Corine Chabaud que vous retrouverez en intégralité dans le dernier numéro de La Vie ou en accès libre sur son site. Paradis naturel à la configuration géographique tourmentée, l’Ardèche, quasi balkanisée, est un département vert où la nature a gardé ses droits. Sa faible densité (52 habitants au km2, soit 306 000 habitants au total) et son enclavement, en bordure orientale du Massif central, ont généré un environnement préservé. L’Ardèche n’est-il pas le seul département français sans aéroport, autoroute, ni même gare de voyageurs ? Sur ce territoire forestier et rarement plat, pas moyen de développer une agriculture intensive. Dès lors, là où de nombreux néoruraux ont choisi le retour à la terre, l’agriculture biologique prospère : cinquième département français en production, l’Ardèche compte 325 agriculteurs bio. […] La volonté écologique est parfois synonyme de lutte. Au sud du département, les gorges de l’Ardèche, classées réserve naturelle en 1980, ont bénéficié du combat des défenseurs de l’environnement, opposés aux dégâts des touristes (1 million par an). Moitié moins visité, le pain de sucre du mont Gerbier-de-Jonc, au pied duquel la Loire prend sa source, a aussi subi les ravages de l’urbanisation et des camelots, avant que l’accès en devienne payant. « Il s’agit de ne pas laisser ces sites emblématiques se dégrader par la fréquentation à outrance », estime Jean-Claude Tournayre, conseiller spécial auprès du président du conseil général (PS), chargé du développement durable. Côté gestion des déchets et sensibilisation des jeunes, le département, à l’en croire, fait aussi des efforts. Avec la Drôme, l’Ardèche a mis au point un plan bidépartemental d’élimination des ordures. Mais, parce que « les terrains plats sont surtout du côté drômois », les centres d’enfouissement et de tri se situent de ce côté du Rhône, si pollué. Merci la géographie ! Certains font cependant un effort réel. À Lavilledieu, dans l’entreprise Tri Plancher, une noria de camions décharge ses bennes. La PME, créée il y a dix ans, collecte des déchets, plus tard recyclés en papier, plastique neuf ou ferraille. « Nos tonnages augmentent chaque année de 4 % », se félicite Lionel Plancher. Car le bio est porteur. Bernard Chevilliat, venu de Bordeaux en Ardèche, il y a 30 ans, pour fabriquer du miel, en a lui aussi fait l’heureuse expérience. Quand, féru de plantes, il a opté pour la cosmétique biologique, il ne s’attendait pas à vivre une telle success story. […] En Ardèche, le rêve écolo s’incarne aussi dans des projets un peu fous. À Lablachère, le jardinier visionnaire Pierre Rabhi, prophète de « la sobriété heureuse », a créé l’association Terre et humanisme, concrétisée par un lieu « de transmission et de démonstration ». Tourné vers les Cévennes, le mas de Beaulieu, équipé d’un four solaire, de toilettes sèches et d’un bassin de récupération d’eau de pluie, initie chaque année 200 stagiaires à l’agroécologie, entre le potager de la biodiversité et le jardin familial. Le principe ? Assurer l’autofertilité du sol. Recouvrir la terre de paille pour éviter l’évaporation. Multiplier les techniques de compost. Spécialiste des plantes sauvages, Gérard Verret y anime un stage de « cuisine et bien-être ». Au menu : pain à base de levain naturel, carottes fermentées et graines germées, légumes cueillis dans le potager – aubergines, haricots et côtes de bette. « Beaucoup de gestes ont un impact écologique. Se priver de viande une fois par semaine, c’est réaliser une énorme économie d’eau et de céréales », rappelle Gérard Verret. Non loin de là, au-dessus du Chassezac, Sophie Rabhi, 37 ans, l’un des cinq enfants du pionnier de l’écologie politique, a aussi concrétisé son rêve. Au hameau des Buis, dans une ferme retapée à l’aide de volontaires, elle a ouvert une école Montessori, qui accueille 48 enfants de 4 à 12 ans. Au programme : cueillette au verger, soins des animaux de la ferme, ateliers d’écriture et communication non violente. À proximité, un écovillage prend forme, composé d’une vingtaine d’habitations : toits végétalisés, briques de terre et de paille, énergie solaire… Un chantier innovant que Bernard Cadet, futur habitant venu de Lozère, fait visiter le vendredi. « C’est un chantier solidaire et autoconstructif, mené à bien grâce à des bénévoles, explique Sophie Rabhi, adepte de la décroissance. Ici, nous mutualiserons les machines à laver, le potager, et pratiquerons le covoiturage. Il s’agit de trouver le bien-être dans un espace partagé. » Ou quand écologie rime avec utopie. – Découvrez sur le site de la vie un Diaporama sur l’Ardèche