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Palmarès La Vie 2014 : L'Hérault, grand gagnant

Le palmarès 2014 de l’écologie en France

Le classement des départements français

Le Palmarès 2014 de l’écologie en France – Pour la 8e année consécutive, La Vie a passé 96 départements au crible selon 8 critères environnementaux : agenda 21, gestion des déchets, agriculture biologique, qualité de l’air, consommation, protection de la biodiversité et énergies renouvelables. Le grand gagnant cette année est le Département de l’Hérault. Découvrez le palmarès département par département en navigant dans le carte interactive réalisée en partenariat avec France Bleu et France 3 Régions.

Palmarès 2014

L’Hérault, vainqueur du palmarès de l’écologie 2014. Ses atouts sont nombreux : agriculture bio, énergies renouvelables, biodiversité remarquable… Mais ce département est menacé par une urbanisation galopante. – Découvrez, en images, l’Hérault, beauté vulnérable en tête du classement annuel des départements « verts » de France.
Le palmarès 2014 de l'écologie en France
Le palmarès 2014 de l’écologie en France

Les huit critères du Palmarès 2014 de l’écologie

1. Agenda 21 Issu du Sommet de la Terre qui s’est tenu à Rio en 1992, cet outil regroupe des politiques locales de développement durable pour le XXIe siècle. Pour distinguer les départements selon ce critère, nous avons pris en compte le nombre de collectivités territoriales qui ont adopté un Agenda 21, sa variation depuis l’an dernier, ainsi que le pourcentage de la population concernée par un Agenda 21 en 2011. (Source : Comité 21.) – 2. Gestion des déchets Interviennent dans ce classement les chiffres de la collecte et de la valorisation des déchets et leur évolution entre 2009 et 2011. S’ajoute à cela le nombre de sites pollués faisant l’objet d’une action publique et de sites produisant et/ou entreposant une forte quantité de déchets radioactifs. (Sources : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).) – 3. Agriculture biologique Le classement a été établi en prenant en compte le nombre de producteurs bio en 2013, la variation du nombre de producteurs 2012 et 2013, les surfaces cultivées en bio ou en conversion vers le bio et la part du bio dans la surface agricole utile du département en 2013. (Source : Agence Bio.) – 4. Qualité de l’air Nous avons pris en compte pas moins de 11 indicateurs. Ceux-ci concernent les rejets de polluants atmosphériques, les concentrations moyennes des principaux polluants (oxydes de soufre, d’azote et particules fines), ainsi que les pics de pollution à l’ozone. (Sources : Associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), Registre français des émissions polluantes (Irep), ministère de l’Écologie.) – 5. Consommation durable Ce classement a été établi à partir du nombre d’Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) et de producteurs pratiquant la vente directe, ainsi que du nombre de commerces engagés dans une démarche bio et/ou équitable, rapportés au nombre d’habitants. Nous avons aussi apprécié le nombre de Ruches en activité et en construction en juillet 2014. (Sources : Mouvement Colibris, le Marché citoyen et la Ruche qui dit oui.) – 6. Qualité de l’eau Notre calcul s’appuie sur la qualité de l’eau de consommation vis-à-vis des pesticides, sur celles des eaux de baignade et du milieu naturel : concentration moyenne en nitrates des eaux souterraines en 2011, teneur moyenne des cours d’eau en phosphates en 2012, moyenne des notes de l’indice poisson-rivière en 2011. (Sources : ministères de la Santé et de l’Écologie, Agences de l’eau et Office national de l’eau et des milieux aquatiques.) – 7. Protection de la biodiversité Nous avons pris en compte le pourcentage d’espaces protégés dans le département en 2012, l’indice d’abondance des oiseaux communs entre 2001 et 2013, de l’abondance moyenne de papillons par jardin, et du taux de participation aux observatoires naturalistes et grand public. La nouveauté : le pourcentage de sols artificialisés entre 2006 et 2012. (Sources : Museum national d’histoire naturelle, ministère de l’Agriculture.) – 8. Énergies renouvelables Outre la puissance d’électricité installée en éolienne, petite hydraulique, biogaz et biomasse, nous avons considéré le nombre de petites installations photovoltaïques et le ratio kilowatts/heure d’ensoleillement du département. Cette année, nous avons introduit au calcul le nombre de réseaux de chaleur vertueux. (Sources : ministères de l’Écologie et du Logement)

Palmarès : Les réponses à vos questions

Le palmarès 2014 de l'écologie en France
Le palmarès 2014 de l’écologie en France
Par Olivier Nouaillas et Aurélien Culat Suite aux nombreuses demandes de précisions de nos lecteurs sur les huit critères choisis pour notre Palmarès de l’écologie 2014, en partenariat avec France Bleu et France 3 Régions, nous avons décidé d’expliquer encore plus en détail nos différentes sources, notre méthode de calcul ainsi que les améliorations que nous apportons année après année au Palmarès. 1. Premier de votre classement, l’Hérault est-il un département 100% écologique ? Pas plus que la Haute-Garonne, notre lauréat de 2013, l’Hérault ne peut se prévaloir de pratique 100 % écologiques. Ainsi comme le montre notre reportage dans le département vainqueur, si l’Hérault est très bien placé dans certains critères – 1er en énergies renouvelables, 1er en consommation durable, 6e en agriculture bio, 7e en agenda 21, 10e en qualité de l’air ou encore 19e en protection de la biodiversité – il est plus moyen dans d’autres – 29e en gestion des déchets – voir carrément mauvais dans un critère – 60e en qualité de l’eau. De plus une très bonne note comme sa première place en énergies renouvelables pose d’autres questions en matière de protection de la biodiversité. Ainsi la Ligue de protection des oiseaux de l’Hérault alerte sur la mortalité d’oiseaux causée par des éoliennes mal placées sur le territoire du département… En matière d’écologie, rien n’est jamais simple. Surtout, et c’est une caractéristique que fait ressortir notre reportage dans l’Hérault publié dans l’hebdomadaire La Vie daté du 6 novembre, malgré sa bonne note générale de 14,7 sur 20 (notre précédent vainqueur en 2013, la Haute-Garonne n’avait « que » 13,7 sur 20), ce département est très vulnérable à deux phénomènes : d’abord l’urbanisation galopante (le taux d’artificialisation de ses sols y a augmenté de 11 % en cinq ans, entre 2006 et 2012) mais aussi les déréglements climatiques. Ainsi les dernières épisodes cévenols (quatre en moins d’un mois, entre la mi-septembre et la mi-octobre 2014) l’ont durement frappé, avec de nombreuses inondations et des dégâts matériels considérables. D’où la politique d’Agenda 21, mise en place par le conseil général de l’Hérault, et dont un des objectifs est précisément d’essayer de s’adapter au changement climatique en cours. – 2. S’agit-il d’un classement avec des « bons » et des « mauvais » élèves , ou encore des « bons » ou des « mauvais » conseils généraux ? Dès la première année de la publication de ce palmarès dans La Vie – c’était en octobre 2007 à l’occasion du Grenelle de l’Environnement – nous écrivions ceci : « Il ne s’agit pas d’un classement des régions « où il fait bon vivre », mais plutôt d’un indice de la dynamique enclenchée par les acteurs locaux sur les enjeux écologiques ». Cette philosophie n’a jamais cessé d’accompagner notre démarche depuis huit ans. D’où notre volonté d’améliorer nos critères d’années en années. Précisons ensuite, que ce n’est pas non plus un classement des « bons » et des « mauvais » conseils généraux. En effet, si certains de nos huit critères dépendent exclusivement des collectivités locales (la mise en place d’Agenda 21 ou encore la gestion des déchets), d’autres sont davantage le résultat de politiques qui mélangent à la fois le niveau départemental mais aussi régional, voire national (la protection de la biodiversité, le développement de l’agriculture biologique, les énergies renouvelables ou encore le dossier très sensible de la politique de l’eau), sans oublier des comportements purement citoyens (la consommation durable). Quant à la qualité de l’air, le huitième et dernier de nos critères, s’il est très concret pour les citoyens (l’air qu’on respire), il est, par essence, « sans frontières », quelles soient départementales ou nationales… – 3. Comment est calculé le classement général ? La place d’un département au classement général du Palmarès n’est pas liée directement à son rang dans les 8 autres classements : elle est calculée à partir des notes obtenues dans ces 8 critères. Concrètement, nous notons les départements de 1 à 20 pour chaque critère, additionnons les notes et les divisons par 8 pour avoir une moyenne globale. C’est ainsi que le département de l’Hérault, premier dans les critères Energies renouvelables et Consommation durable (ex-aequo avec les Pyrénées-Atlantiques et la Gironde), se retrouve premier au général, à la faveur de bonnes notes dans les autres critères. – 4. Comment se fait-il que tous les chiffres pris en compte ne datent pas de 2014 ? La France produit beaucoup de statistiques environnementales, mais elles ne sont pas rassemblées en un lieu unique, ne sont pas toutes départementalisées, et ne sont pas mises à jour tous les ans. Lorsque nous contactons au cas par cas les ministères, les grandes agences nationales et les associations, nous cherchons à récupérer des chiffres qui donnent, pour chaque critère, les grandes tendances à long terme ainsi que la dynamique à court terme. C’est ainsi que nous sommes arrivés cette année à un total de 54 séries de chiffres, datant de 2009 à juillet 2014. – 5. Pourquoi ne pas prendre en compte les départements d’Outre-Mer ? Notre classement ne porte en effet que sur les 94 départements métropolitains et sur les deux départements corses, faute de statistiques fiables existantes, ce que nous regrettons évidemment. Une autre année, peut-être… – 6. Mon département est (très) mal classé dans la catégorie « Qualité de l’eau ». Est-ce dangereux de la boire au robinet ? La qualité de l’eau de consommation n’est qu’un des cinq chiffres retenus pour établir le classement « Qualité de l’eau ». Il s’agit aussi pour nous de donner une idée de l’état sanitaire des cours d’eaux et des eaux souterraines, dont nous prenons en compte respectivement le taux de nitrates et de phosphates. La qualité des eaux de baignade entre également en ligne de compte. Lorsque l’eau destinée à la consommation humaine, contrôlée en permanence sur l’ensemble du territoire, est considérée comme polluée (par exemple lorsque la quantité de nitrates dépasse les 50mg par litre), elle est traitée ou, le cas échéant, n’est pas distribuée pendant quelques jours, le temps de retrouver un bon état sanitaire. – 7. Pourquoi Paris et les départements d’Ile-de-France sont-ils si mal classés ? Les départements urbains sont-ils de facto désavantagés ? Nous avons à cœur de mettre en valeur les bonnes pratiques écologiques, quel que soit le contexte : rural, urbain ou péri-urbain. Ainsi, les départements très peuplés ont-ils la possibilité de fédérer les citoyens autour de la protection de la biodiversité locale (le Rhône, composé de Lyon et de son agglomération, affiche de très bon résultats dans ce domaine), ou la possibilité de mettre en place des projets de développement durable via l’Agenda 21 en s’appuyant sur les associations de leur territoire. C’est le cas, en Ile de France, de la Seine-Saint-Denis et de la Seine-et-Marne. Cependant, l’Ile-de-France pâtit de la qualité de son air, et Paris comme les départements de petite ceinture ne peuvent, de part leur configuration, afficher de bons résultats en agriculture biologique ou en production d’énergies renouvelables : la place manque pour installer des champs (d’éoliennes) ou des fermes (solaires). Un zéro pointé dans ces critères, et c’est la note générale du département qui chute lourdement. Nous savons que le cas de ces territoires est particulier. Nous avons cependant pris en compte leurs notes dans tous les domaines pour le classement général, dans un souci d’égalité avec les autres départements. Par contre, nous ne nous interdisons pas d’introduire une dose supplémentaire d’équité dans les prochaines éditions de notre Palmarès, que nous affinons tous les ans. Ainsi, nous avons déjà commencé à compenser nos chiffres par le nombre d’habitants de chaque département. Par exemple, lorsque nous rapportons le nombre d’AMAP à la population de chaque département ou encore en rapportant les émissions industrielles polluantes et les surfaces cultivées en bio à la superficie de chaque département. – 8. Comment se fait-il que l’Ardèche et l’Isère soient moins bien placées que Paris concernant la qualité de l’air ? Ce classement est établi d’après les émissions industrielles des principaux polluants atmosphériques et d’après les dépassement de seuil de ces polluants dans les grandes agglomérations. Ces derniers chiffres étant mesurés au niveau régional par le réseau Prev’Air, les départements du Rhône-Alpes pâtissent des émissions de la vallée du Rhône, particulièrement de l’agglomération lyonnaise. Nous avons également pris en compte cette année les émissions de gaz à effet de serre par les activités agricoles. – 9. Comment pouvez-vous trouver plus de biodiversité dans des départements très urbanisés et industrialisés, comme le Rhône, que dans certains départements ruraux ? Ce classement prend certes en compte la part d’espace naturels protégés dans la surface du département, qui est faible dans les départements urbanisés. Mais nous intégrons aussi l’évolution des populations d’oiseaux dits « communs » et le nombre moyen de papillons par jardin, témoins d’une biodiversité que l’on peut trouver en environnement urbain. Surtout, nous donnons la part belle à l’engagement des citoyens dans la protection de la biodiversité, en prenant en compte la participation aux observatoires naturalistes et au programme de science participative du Museum d’Histoire naturelle, Vigie Nature. Dans ce domaine, ce sont souvent les départements urbanisés qui affichent le taux de participation le plus élevé. – 10. Comment évaluez-vous la mise en œuvre de l’Agenda 21 ? Cet outil de gouvernance locale, issu du Sommet de la Terre à Rio en 1992, est de plus en plus utilisé par les collectivités pour mettre en œuvre des projets liés au développement durable pensés pour et avec les citoyens. Comme l’an dernier, nous avons pris en compte le nombre d’Agendas 21 mis en place dans chaque département, compensé par le pourcentage de la population concernée par ces projets. Enfin, comme souvent, nous donnons une prime au dynamisme en considérant l’augmentation du nombre d’Agendas 21 entre 2012 et 2013. – 11. Quid des politiques locales en faveur des transports en commun et du vélo ? Nous aimerions évidemment donner une idée de la promotion des modes de transports doux dans chaque département. Un point d’autant plus important que la fiscalité écologique sur les transports, notamment à travers le projet avorté d’écotaxe, fait l’objet de vives discussions et contestations Malheureusement, nous ne disposons pas pour le moment d’assez de données nationales départementalisées pour établir cette carte. Nous ne désespérons cependant pas de le faire lors d’une prochaine édition du Palmarès. Affaire à suivre, donc. – 12. Pouvez-vous vraiment savoir ce que consomment les habitants de chaque département ? Faut-il obligatoirement faire ses courses au magasin bio pour être écolo ? Le critère « Consommation durable », que nous avons introduit l’année dernière, met l’accent sur la diversité des circuits courts et/ou responsables. Certes, nous ne disposons pas de données sur l’auto-consommation, alors que nous savons que les salades du jardin sont de loin les meilleures du marché ! Cependant, le nombre de magasins bio et équitables recensés par Le Marché Citoyen et les ventes directes à la ferme identifiées par mouvement Colibris, même si ces bases de données ne sont pas exhaustives, donnent une idée de l’engouement pour des produits sains et locaux. Nous mettons également en avant le nombre d’AMAP et de groupes d’achat du réseau de La Ruche qui Dit Oui, qui témoignent d’un véritable engagement citoyen pour créer de nouveaux circuits courts et solidaires. – 13. Les départements bretons sont tous en vert. N’est-ce pas contradictoire avec leur problème de pollution agricole ? Ces départements, victimes des intrants chimiques de l’agriculture productiviste et intensive, sont tous dans le ventre mou du classement concernant la qualité de l’eau. Le taux de nitrates dans les cours d’eau y atteint des records. Et sans ce gros point noir, il est plus que probable qu’un des départements bretons – comme le Finistère, 3e – aurait pu accrocher la première place. Car, notre Palmarès montre également une Bretagne férue de circuits courts, qui collecte et traite ses déchets avec soin, qui mise sur les énergies renouvelables, qui accompagne les projets citoyens via l’Agenda 21, et surtout une Bretagne qui se convertit de plus en plus à l’agriculture biologique. C’est cette Bretagne-là que nous voulons mettre en avant et encourager. – 14. Les critères du palmarès 2015 seront-ils les mêmes que ceux de 2014 ? Pas forcément… Nous sommes, en effet, soucieux d’améliorer chaque année les critères choisis. C’est pour cette raison que de six au début de notre palmarès, ils sont passés à huit en 2013. Nous sommes d’ailleurs très attentifs à toutes vos remarques, critiques et suggestions. C’est ainsi que nous avons cette année introduit des chiffres sur ce problème majeur qu’est l’artificialisation des sols. Alors, surtout, n’hésitez pas à nous écrire. Concernant l’échelle, nous nous interrogeons évidemment sur le destin des départements. Si la réforme territoriale passe par là, nul doute que nous nous adapterons et proposerons un classement régionalisé.

Carte interactive

Les raisons de l’engagement de LA VIE pour l’écologie

Par Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction “La dégradation de notre environnement atteint un seuil critique. Rapports et études alarmistes se succèdent. Un jour, on apprend que les effectifs des 3 000 espèces sauvages que le WWF observe dans le monde entier ont baissé de moitié depuis les années 1970. Un autre, on découvre que l’Europe a perdu plus de 400 millions d’oiseaux en trois décennies – et notamment des plus communs, comme les moineaux ou les alouettes. Quant aux experts climatologues du Giec, ils viennent de confirmer l’ampleur du réchauffement climatique en cours (voir aussi l’ouvrage de référence que vient de publier Olivier Nouaillas). On peut et il faut agir vite, rappellent-ils. Sinon, la gestion de la catastrophe aura un coût économique et écologique abyssal. Tous les lobbys liés au monde actuel de dévoration veulent nous faire croire que la raison se situe du côté du laisser-faire. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ils y parviennent assez bien, par exemple en entretenant notre inquiétude pour les emplois existants. Accepterons-nous donc de léguer à nos enfants une planète invivable ? Depuis la naissance de la société industrielle, jamais les enjeux spirituels, éthiques et écologiques n’ont convergé de manière aussi dramatique. Le viol de la nature ne se poursuivra qu’en défigurant davantage encore l’humanité. Tout cela se tient et tient entre nos mains. On en parlera bien sûr aux Assises chrétiennes de l’écologie que La Vie et le diocèse de Saint-Étienne préparent déjà pour le dernier week-end du mois d’août 2015. Le Palmarès de l’écologie décerné par notre journal depuis l’époque du Grenelle de l’environnement montre heureusement que les lignes bougent. Même si cela semble lent ou marginal, mille et une petites conversions peuvent modifier le cours de l’histoire humaine. Les collectivités locales doivent jouer un rôle moteur dans ce changement. Aux États-Unis, pays réputé peu sensible au développement durable, la commune de San Francisco recycle 80 % de ses déchets et devrait atteindre les 100 % d’ici à la fin de la décennie. Quelle grande ville française peut en dire autant ? Ségolène Royal a raison d’en appeler à la « mobilisation générale des territoires » dans l’interview qu’elle nous accorde cette semaine. Le drame de Sivens montre, à l’inverse, ce qu’il ne faut plus faire. Triste et choquante, la mort d’un jeune militant pacifique doit servir de signal d’alarme. Ni immense barrage, ni immense catastrophe écologique, Sivens était simplement un projet mal conçu, mal proportionné et mal mené, comme cela arrive trop souvent quand l’argent public coule sans réels contre-pouvoirs et sans véritable écoute. Mais qu’on le veuille ou non, et quelles que soient les responsabilités des uns et des autres dans ce décès, la mort de Rémi Fraisse en fait le symbole d’une conception dépassée de l’aménagement du territoire et de la démocratie. Le rapport des experts du ministère de l’Écologie, que j’ai lu avec attention, est mesuré mais dépourvu d’ambiguïté. Nous sommes à la charnière entre deux logiques, l’une fondée sur la préférence irrationnelle pour les grands travaux qui se voient, l’autre sur la gestion de la complexité, donc intégrant une conversion écologique authentique. Le monde agricole traverse une crise de désespérance que les urbains traitent trop facilement par le mépris. Les collectivités locales tentent à raison de maintenir une activité familiale fragile dans des cantons dépourvus de toute perspective économique. Mais le flot des subventions doit être orienté sans hésitation vers un aménagement responsable, sobre en eau, respectueux de la nature et protecteur des intérêts paysans de long terme. Le sauvetage de la planète commence par là.”

Palmarès 2009

Palmarès 2009 de l'écologie en France
Palmarès 2009 de l’écologie en France
Bonne nouvelle : le troisième palmarès La Vie de « la volonté écologique » enregistre une incontestable avancée des réalisations environnementales en France. Cette année, 73 départements obtiennent la moyenne contre 67 en 2008. En tête du classement l’Ardèche avec une note de 17/20 devant l’Aveyron, 2ème avec 16,66 et les Alpes-de-Haute-Provence, 3ème avec 16,34 sur 20. Un beau trio de tête composé de départements plutôt ruraux, peu urbanisés et situés au sud de la Loire. En queue du classement : la Seine-Maritime, 95ème, pour la mauvaise qualité de son air et de son eau. Ce classement des départements français a été établi à partir de six critères : la gestion des déchets, la qualité de l’air, l’agriculture biologique, la qualité de l’eau, les énergies renouvelables et la sensibilité écologique mesurée à partir du vote écologique aux dernières élections.

Le palmarès par critère

Energies renouvelables : l’Aude, pour ses éoliennes – Qualité de l’eau : le Jura, pour son « contrat rivière » – Recyclage des déchets : le Rhône, pour la diminution du volume de ses déchets – Mobilisation politique : le Haut-Rhin, pour son vote écologique – Qualité de l’air : le Gers, pour sa surveillance de la pollution – Agriculture bio : la Loire-Atlantique, pour son soutien à la filière bio
La carte de France du palmarès écologie 2009
La carte de France du palmarès écologie 2009

Ardèche, les artisans du rêve vert

Avec ses 27 sites classés Natura 2000, l’Ardèche arrive en tête du palmarès de La Vie de la volonté écologique des départements français. Voici quelques extraits de l’article de Corine Chabaud que vous retrouverez en intégralité dans le dernier numéro de La Vie ou en accès libre sur son site. Paradis naturel à la configuration géographique tourmentée, l’Ardèche, quasi balkanisée, est un département vert où la nature a gardé ses droits. Sa faible densité (52 habitants au km2, soit 306 000 habitants au total) et son enclavement, en bordure orientale du Massif central, ont généré un environnement préservé. L’Ardèche n’est-il pas le seul département français sans aéroport, autoroute, ni même gare de voyageurs ? Sur ce territoire forestier et rarement plat, pas moyen de développer une agriculture intensive. Dès lors, là où de nombreux néoruraux ont choisi le retour à la terre, l’agriculture biologique prospère : cinquième département français en production, l’Ardèche compte 325 agriculteurs bio. […] La volonté écologique est parfois synonyme de lutte. Au sud du département, les gorges de l’Ardèche, classées réserve naturelle en 1980, ont bénéficié du combat des défenseurs de l’environnement, opposés aux dégâts des touristes (1 million par an). Moitié moins visité, le pain de sucre du mont Gerbier-de-Jonc, au pied duquel la Loire prend sa source, a aussi subi les ravages de l’urbanisation et des camelots, avant que l’accès en devienne payant. « Il s’agit de ne pas laisser ces sites emblématiques se dégrader par la fréquentation à outrance », estime Jean-Claude Tournayre, conseiller spécial auprès du président du conseil général (PS), chargé du développement durable. Côté gestion des déchets et sensibilisation des jeunes, le département, à l’en croire, fait aussi des efforts. Avec la Drôme, l’Ardèche a mis au point un plan bidépartemental d’élimination des ordures. Mais, parce que « les terrains plats sont surtout du côté drômois », les centres d’enfouissement et de tri se situent de ce côté du Rhône, si pollué. Merci la géographie ! Certains font cependant un effort réel. À Lavilledieu, dans l’entreprise Tri Plancher, une noria de camions décharge ses bennes. La PME, créée il y a dix ans, collecte des déchets, plus tard recyclés en papier, plastique neuf ou ferraille. « Nos tonnages augmentent chaque année de 4 % », se félicite Lionel Plancher. Car le bio est porteur. Bernard Chevilliat, venu de Bordeaux en Ardèche, il y a 30 ans, pour fabriquer du miel, en a lui aussi fait l’heureuse expérience. Quand, féru de plantes, il a opté pour la cosmétique biologique, il ne s’attendait pas à vivre une telle success story. […] En Ardèche, le rêve écolo s’incarne aussi dans des projets un peu fous. À Lablachère, le jardinier visionnaire Pierre Rabhi, prophète de « la sobriété heureuse », a créé l’association Terre et humanisme, concrétisée par un lieu « de transmission et de démonstration ». Tourné vers les Cévennes, le mas de Beaulieu, équipé d’un four solaire, de toilettes sèches et d’un bassin de récupération d’eau de pluie, initie chaque année 200 stagiaires à l’agroécologie, entre le potager de la biodiversité et le jardin familial. Le principe ? Assurer l’autofertilité du sol. Recouvrir la terre de paille pour éviter l’évaporation. Multiplier les techniques de compost. Spécialiste des plantes sauvages, Gérard Verret y anime un stage de « cuisine et bien-être ». Au menu : pain à base de levain naturel, carottes fermentées et graines germées, légumes cueillis dans le potager – aubergines, haricots et côtes de bette. « Beaucoup de gestes ont un impact écologique. Se priver de viande une fois par semaine, c’est réaliser une énorme économie d’eau et de céréales », rappelle Gérard Verret. Non loin de là, au-dessus du Chassezac, Sophie Rabhi, 37 ans, l’un des cinq enfants du pionnier de l’écologie politique, a aussi concrétisé son rêve. Au hameau des Buis, dans une ferme retapée à l’aide de volontaires, elle a ouvert une école Montessori, qui accueille 48 enfants de 4 à 12 ans. Au programme : cueillette au verger, soins des animaux de la ferme, ateliers d’écriture et communication non violente. À proximité, un écovillage prend forme, composé d’une vingtaine d’habitations : toits végétalisés, briques de terre et de paille, énergie solaire… Un chantier innovant que Bernard Cadet, futur habitant venu de Lozère, fait visiter le vendredi. « C’est un chantier solidaire et autoconstructif, mené à bien grâce à des bénévoles, explique Sophie Rabhi, adepte de la décroissance. Ici, nous mutualiserons les machines à laver, le potager, et pratiquerons le covoiturage. Il s’agit de trouver le bien-être dans un espace partagé. » Ou quand écologie rime avec utopie. – Découvrez sur le site de la vie un Diaporama sur l’Ardèche

 

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