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Ils nous observent

Nos amis les terriens

Le premier film de Bernard Werber

Que pourraient bien penser les extra-terrestres s’ils pouvaient nous observer ? NOS AMIS LES TERRIENS est précisément un film extra-terrestre sur l’étude de nos cités et de nos comportements. Deux couples « tests » sont tout particulièrement étudiés… Le film produit par Claude Lellouch sort sur les écrans mercredi 18 avril.

Extrait de l’entretien entre Boris Cyrulnik – Bernard Werber (Propos recueillis par Gwen Douguet) Bernard Werber, vous êtes un observateur de l’homme, vous avez commencé par l’écrit, enchaîné avec une pièce de théâtre Nos amis les humains et vous portez aujourd’hui votre regard sur l’espèce via le cinéma, est-ce un cheminement logique ? Bernard Werber – À la base il y a cette question : « Qui sommes nous ? » Elle se posait déjà dans Les Fourmis ou dans L’Empire des Anges. La seule manière d’y répondre était de placer le regard autour de l’homme. Dans Les Fourmis c’est l’infiniment petit qui nous regarde. Dans L’Empire des Anges, ce sont les anges qui nous regardent d’en haut. Dans la série des extraterrestres, j’ai voulu placer la caméra au plus loin, au téléobjectif. J’ai eu pour la première fois cette idée en 1992, je l’ai traitée dans Leçons de choses, une nouvelle que j’avais proposée sur Internet. Par la suite, c’est devenu Apprenons à les aimer dans le recueil de nouvelles L’Arbre des possibles, puis Nos Amis les humains en court métrage et sous forme d’une pièce de théâtre et enfin Nos Amis les Terriens, le long métrage produit par Claude Lelouch. Avec toujours cette idée : trouver une perspective nonhumaine pour parler de nous, un miroir plus ou moins déformant selon sa position et son angle. C’est vraiment une recherche sur l’homme ; j’ai essayé d’en sortir tout ce que je pouvais. Vous partez de l’homme et de la femme, une sorte d’Adam et Ève et vous « creusez » la notion de couple. Vous l’explorez au travers de ses peurs, de ses fantasmes mais à aucun moment il n’est question de religion. Vous qualifiez juste les églises de vaisseaux antiques ? Bernard Werber – La religion est un concept tellement bizarre, tellement magique que je ne vois pas comment les extra-terrestres pourraient l’appréhender. Nous sommes partis de règles précises sur ce que comprennent de nous les extra-terrestres et sur ce qu’ils ne comprennent pas. Dans le postulat de base, ils sont plus intelligents que nous, humains. Ils ont donc probablement compris des choses que nous n’avons pas assimilées. Il est peu probable qu’ils appréhendent la religion telle que nous la vivons. Nous sommes encore dans la superstition alors qu’eux seraient plutôt dans une notion de connaissance réelle de l’univers. Boris Cyrulnik – Tu leur fais quand même dire que les terrestres croient que l’âme et le corps sont une seule entité, alors qu’eux, savent que l’âme survit au corps pendant très longtemps. C’est une petite allusion métaphysique sinon religieuse. Bernard Werber – C’est le seul petit clin d’oeil à la religion et il émane du rituel de la mort. Enterrer les cadavres, finalement, c’est incompréhensible pour eux. Pour nous, c’est une évidence. Mais cela sous-entend un irrationnel, une dimension « sacrée » du cadavre. Alors que chez les rats ou d’autres animaux, ils mangent leurs cadavres. Boris Cyrulnik – Tout à fait. Et la première sépulture est probablement à l’origine de l’art et de la religion. On ne peut pas jeter le corps de quelqu’un que l’on aime encore. Il est mort dans le réel mais vit encore dans notre mémoire et donc on lui érige une sépulture. C’est la naissance de l’esprit religieux, l’esprit métaphysique… Alors qu’on voit bien que son corps est là, le défunt vit ailleurs, il vit encore en nous. Ne pouvant le jeter, on va peindre des cailloux, disposer des fleurs. On fait du théâtre. Donc probablement la religion et le théâtre naissent de l’insupportable de la représentation de la mort. En conséquence tu l’as presque mis en scène à ton insu. Bernard Werber – Cette scène de l’enterrement, telle qu’elle arrive dans le film, est une scène d’apothéose. Toute cette histoire de l’humanité, que mes héros vivent en réduction dans la cage, sert finalement à créer un monde imaginaire de l’après vie, à construire une autre notion, une pyramide. Il y a là un autre clin d’oeil à la religion. Ils veulent s’élever pour essayer de voir ce qu’il y a « au-dessus ». C’est une référence à la tour de Babel. Dans le texte original, il est dit que le roi Nemrod, un roi chasseur, l’avait faite construire pour approcher Dieu. Une fois arrivé au sommet, il a levé les yeux et a dit : « Je ne vois toujours pas Dieu. » Il a alors demandé qu’on lui donne un arc et a tiré une flèche vers les nuages en s’exclamant : « Je suis si haut, je devrais le toucher ! » Dans le film, ils construisent leur tour de Babel pour essayer d’approcher, non pas Dieu, mais « leur » dieu qui serait, pour eux, les extra-terrestres qui les ont capturés. Leur questionnement religieux serait : qu’est-ce qu’il y a au-dessus qui nous manipule, nous nourrit, a la possibilité de nous enfermer, de nous kidnapper et peut-être probablement de nous tuer ? Cela fait des extraterrestres le centre de la religion de la cage. Peut-on faire un rapprochement entre le poulet, l’animal que vous montrez, qui se retrouve déplumé et l’homme que vous déplumez à votre manière au fur et à mesure du récit ? Bernard Werber – Oui. La scène du poulet est pour moi très importante. Elle est faite pour déstabiliser. Elle est choquante. En même temps, il y a cette idée que l’homme finira par se comporter envers lui-même comme il s’est comporté avec les autres animaux. Donc regardons les abattoirs ! A un moment donné, c’est ce qui se retournera contre nous parce que l’homme est son unique prédateur. Cette scène des poulets me semble importante pour montrer aussi notre difficulté à communiquer avec les autres espèces.
Bernard Werber et Claude Lellouch
Bernard Werber et Claude Lellouch
Claude Lellouch nous raconte comment il s’est associé à ce projet : « Tout a commencé par le court métrage de Bernard. Dix minutes de jubilation pour deux jours de réflexion. Il y avait déjà dans ces dix minutes tout ce qu’un cinéaste peut passer une vie à rechercher pour parler du plus personnel au plus universel… Une construction qui pouvait nous permettre, à tous les deux, de nous amuser. Lui comme réalisateur (il en rêvait) et moi comme producteur (je ne l’avais pas fait depuis 13 ans). L’idée originale de Bernard me semblait tellement évidente que j’avais le sentiment que tout le monde allait nous suivre… Et une fois de plus, on s’est retrouvés seuls face à l’originalité. C’est à partir de cet instant que notre aventure a commencé… Et comme l’aventure sera toujours l’aventure, je suis heureux d’avoir permis à Bernard de vous offrir ce film, qui, je l’espère, va vous interpeller par sa singularité, vous bouleverser par les thèmes abordés et vous faire rire et pleurer par tous les paradoxes de ces hommes et ces femmes qui, observés par des extra-terrestres, n’en finissent pas de réinventer la vie. »

 

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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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