A mi-parcours, le débat public sur les nanotechnologies s’enlise dans des rencontres d’experts partisans et peine à aborder les enjeux globaux, les risques et les finalités des « nanotechs » avec les citoyens. Très critiques sur l’organisation du débat, les Amis de la Terre ont décidé d’y participer pour faire connaître leur opposition au développement des nanotechnologies et faire entendre leur demande de moratoire. Cependant, les conditions d’un débat public n’étant plus réunies, les Amis de la Terre ne participeront plus à ces réunions qui n’ont plus de « publiques » que le nom.
Lors de l’ouverture du débat public, les Amis de la Terre ont mis en garde les organisateurs sur le fait qu’avant de débattre des conditions de développement des produits contenant des nanoparticules, il était indispensable que tous les problèmes sanitaires, sociaux, environnementaux et éthiques que posent ces produits, soient traités, car ce débat mal posé ne pouvait qu’engendrer des blocages et des oppositions.
L’association écologiste a tout de même saisi l’opportunité de ces premières rencontres pour faire entendre sa voix et montrer qu’une autre analyse est possible et que d’autres solutions existent.
Les réunions publiques organisées par thème dans différentes villes, orientent les débats dans un rôle de faire valoir des activités locales sur les nanotechnologies et occultent la vision des enjeux globaux et des finalités qu’elles posent ; il est alors difficile de les aborder clairement avec les citoyens participant à ces rencontres. L’information sur la tenue de ces réunions a souffert du manque de moyens nécessaires pour mobiliser et contribuer à la participation d’un large public. Le cumul de toutes ces tentatives pour encadrer, circonscrire, orienter, ficeler ce débat ont conduit à la disqualification de la démarche.
Pour Claude Bascompte, Président des Amis de la Terre : « A partir du moment où les questions de l’intérêt et de l’utilité sociale des nanotechnologies ne peuvent être abordés, le débat ne peut que tourner court. Les initiateurs de ce débat portent la responsabilité totale de cet échec. »
Après plusieurs réunions publiques houleuses, l’annulation des réunions de Lille et de Grenoble, et un début de réunion perturbé à Rennes le 7 janvier dernier, les organisateurs ont décidé de se retrancher dans un débat public « virtuel ». La représentante des Amis de la Terre a alors quitté la réunion. Les Amis de la Terre regrettent que leur présence seule ait pu être utilisée par les organisateurs du débat public comme moyen de légitimer le débat face à ses opposants.
« Un débat public sans public est un simulacre de débat », considère l’ONG. « Ces rencontres resteront donc des débats d’experts qui veulent faire prévaloir leur point de vue, vision partisane qui aux yeux des citoyens n’a aucune justification, ni légitimité pour représenter l’intérêt général ».