◊ Des montagnes de détritus toujours plus hautes
◊ Dans lesquelles il faut fouiller pour trouver des pépites
Nous rejetons en moyenne six fois notre poids en déchets par an. Imaginez ce que cela représente à l’échelle d’un pays. Imaginez également le nombre d’entreprises qui travaillent ensuite pour traiter ces déchets, cela vous donnera une idée de l’importance de ce secteur, dans lequel un grand nombre d’entreprises sont cotées.
Des montagnes de déchets à traiter…
La société Eco-Emballages vient de publier une étude sur le recyclage en France. Pour une fois, nous nous distinguons par nos bons résultats, dépassant les objectifs fixés par l’Union européenne. « Trois millions de tonnes d’emballages ménagers ont été recyclées et réintégrées au cycle de production de nouveaux produits » en 2007. Ce qui fait plus de 61% de nos emballages quotidiens, quand Bruxelles en demande 55%.
Le geste écolo des Français est à souligner, mais finalement, ces 3 millions de tonnes d’emballage recyclés ne sont qu’une colline face à la montagne de nos 849 millions de tonnes de déchets annuels en France. Qu’en faire ?
La question se pose à l’échelle de la planète. Nos émissions de déchets sont proportionnelles à la croissance démographique et économique, avec une nette avance tout de même pour les pays riches. Un Américain produit en moyenne 700 kg de détritus par an, contre 150 kg pour un Indien.
… et donc un marché croissant
Si nous ne voulons pas voir la Terre se transformer en une vaste poubelle et sautiller entre les déchets, le traitement de nos rejets est une priorité. En France, le poids des déchets a plus que doublé en 30 ans, passant de 217 kg par habitant et par an en 1975, à 373 en 2000, puis à environ 450 aujourd’hui.
Avant la révolution industrielle, la question ne se posait pas. Dans les campagnes, les détritus passaient encore parfois dans des rigoles sous les fenêtres, mais les principaux déchets étaient organiques et alimentaient le bétail. Ce n’est pas vraiment le cas de nos plastiques, textiles synthétiques ou autres matériaux issus de processus chimiques, qui ne sont pas biodégradables.
Voilà pourquoi le traitement des déchets a peu à peu été rendu obligatoire, notamment au travers de la convention de Bâle, en 1986. Qui ramasse et traite les 2,5 milliards de tonnes de déchets que les humains rejettent par an ?
Une affaire rentable
Vous ne pourrez pas miser sur eux. Parmi les champions du traitement des ordures se trouvent les mafieux. Problème : leurs intentions sont souvent troubles. Comme dans le film Gomora, où la mafia napolitaine s’empare du marché des déchets en Italie du sud. Elle fait le tour des municipalités et des sociétés industrielles et remporte des contrats de traitement de déchets dangereux grâce à des coûts imbattables. Et pour cause : le principal investissement qu’elle ait fait est d’avoir acheté une carrière désaffectée dans laquelle elle entrepose les déchets, les recouvrant simplement de gravats. Pire encore, après que les manutentionnaires se soient fait la malle – l’un d’entre eux avait été brûlé par l’acide s’écoulant d’un fut abîmé –, la mafia recrute des enfants des HLM voisins pour effectuer le sale boulot.
Heureusement, il y a aussi d’honnêtes entreprises dans ce secteur, sur lesquelles il est possible de miser. Il existe différents types de déchets et différentes manières de les traiter. Il faut donc chercher les spécialistes de ces différents sous-secteurs.
– La destruction :
Nombre de détritus, notamment en France, sont détruits par incinération. L’avantage : cela permet une récupération d’énergie, une donnée appréciable en ces temps de hausse des prix des ressources énergétiques. La vente ou l’utilisation de cette énergie produite par combustion permet de réduire de 20% le prix du traitement des déchets urbains. Jean-Claude Périvier, de la lettre Défis et Profits, rappelle d’ailleurs que la production d’énergie issue de la combustion de déchets équivaudrait à 600 000 barils de pétrole par jour. Ce mode de traitement devrait se développer dans le monde entier, mais plus particulièrement dans les pays émergents, à la traîne dans ce domaine.
– Le recyclage :
Le recyclage de matériaux est une activité qui a le vent en poupe. Matières organiques, bois, papiers/cartons, verre, plastique, métaux, batteries, déchets d’équipements électriques et électroniques, textiles… autant de matériaux concernés par ce processus de recyclage. Le marché des matériaux issus de la récupération pèse plus de 600 millions de tonnes, emploie 1,5 million de personnes et représente un chiffre d’affaires de 160 milliards de dollars.
Faites les poubelles
Le secteur des déchets est dynamique et devrait être rentable pendant plusieurs années. Les sociétés les plus importantes se trouvent en Europe et aux Etats-Unis. Il commence à s’en développer en Asie, mais évidemment, c’est plus compliqué pour un investisseur français de se lancer sur ces marchés du bout du monde.
En France, les acteurs purs sont rares. La majorité des sociétés sont à la fois dans les déchets, l’environnement et le retraitement des eaux usées.
Ce qui est le cas de Suez Environnement. Ce spécialiste français de l’eau et des déchets a publié ses résultats la semaine dernière. Son chiffre d’affaires est en hausse de 7,5% au premier semestre, mais son résultat net part du groupe a baissé de 14%. Miser sur Suez Environnement est un pari qui se justifie par ses objectifs financiers pour la période 2008-2010. De plus, ses activités dans le domaine des déchets se portent bien, elles ont progressé de 8,5%. Suez Environnement intervient aussi bien en France qu’à l’étranger, dans des pays où les déchets vont constituer sous peu un enjeu majeur. Attention, Suez Environnement n’est tout de même pas une valeur sûre, un investissement « bon père de famille ».
Vous pouvez également suivre les conseils de Jean-Claude Périvier et miser, à long terme, sur le FCP Performance Environnement, de la Financière de Champlain, dont près de 40% du portefeuille sont investis dans le traitement des déchets.
Articles conseillés :
– Le recyclage : opportunité surprenante d’investissement, par Jean-Claude Périvier
– Déchets industriels et mafia russe, par Jean-Claude Périvier
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Simone Wapler, Rédactrice en Chef de MoneyWeek