“Towards a better future for biodiversity and people : Modelling Nature Futures” est un article rédigé par Kim et al. en 2023 et publié par la revue Global Environmental Change. Son intérêt réside dans l’introduction d’un outil conceptuel, le Nature Futures Framework (NFF), qui permet d’élaborer des scénarios futurs désirables pour la nature et les humains. Un décryptage rédigé par Cléa Blanchard, Chargée de mission à La Fabrique Écologique.
De cet article, La Fabrique Écologique retient trois points essentiels :
#1 Selon l’IPBES, les politiques actuelles sont insuffisantes pour faire face à la perte alarmante de biodiversité à l’échelle mondiale. Pour y remédier, il est nécessaire de revitaliser le lien entre les humains et la nature, en modifiant nos normes, croyances et comportements. Le Nature Futures Framework (NFF) (référentiel pour l’avenir de la nature) est un outil permettant de développer des scénarios locaux, régionaux et nationaux qui positionnent les relations entre l’homme et la nature au cœur de la gouvernance. Le NFF distingue trois principales valeurs : Nature for Nature (NN), qui valorise la biodiversité pour elle-même et met l’accent sur la diversité des espèces, des habitats et des processus naturels ; Nature for Society (NS), qui met en avant les bénéfices que la nature procure à la société, tels que la provision de ressources naturelles ; et Nature as Culture (NC), qui reconnaît les liens profonds entre les sociétés humaines, leurs cultures, traditions et croyances, et la nature. Ces trois perspectives sont liées et se renforcent mutuellement.
#2 Le Nature Futures Framework (NFF) offre une approche intégrée pour guider les politiques publiques. En adoptant ce prisme, les décideurs impliquent les parties prenantes locales, les scientifiques et les détenteurs de connaissances traditionnelles. Des ateliers et des consultations communautaires peuvent co-créer des scénarios intégrant les trois valeurs (NN, NS et NC), mieux adaptées aux contextes locaux. Cette approche inclusive et participative est essentielle dans le processus de décision. Les décideurs peuvent utiliser les scénarios produits dans ce cadre pour guider les stratégies de protection de la biodiversité (plans de conservation, politiques de revitalisation et réensauvagement) et s’assurer que celles-ci soient en phase avec les communautés qui interagissent avec les écosystèmes en question.
#3 Utilisé dans divers contextes mondiaux, le NFF a permis de créer des scénarios lors du premier atelier des jeunes de l’IPBES. Cette approche a également facilité l’élaboration de stratégies pour l’avenir de parcs nationaux et d’autres espaces protégés en tenant compte des besoins de conservation des habitats critiques (NN) tout en promouvant des pratiques agricoles durables (NS) et en respectant les pratiques culturelles traditionnelles de gestion des terres (NC). De plus, le NFF encourage l’adoption de solutions basées sur la nature, telles que restaurer les mangroves pour protéger les côtes et soutenir les moyens de subsistance locaux, solutions qui articulent les trois valeurs (NS/NN/NC).
La biodiversité en France
En France, la biodiversité est très fragilisée, avec environ un tiers des espèces animales et végétales considérées comme menacées ou quasi-menacées selon l’UICN. La Stratégie Nationale Biodiversité 2030 (SNB), adoptée en novembre 2023, vise à inverser cette tendance. Ses quatre axes prioritaires sont : réduire les pressions sur la biodiversité, restaurer les écosystèmes dégradés, mobiliser tous les acteurs et garantir les moyens nécessaires. Malgré ses ambitions, la SNB fait face à des défis tels que la coordination des efforts et la gestion des impacts croissants de l’urbanisation, de l’agriculture intensive et du changement climatique.
« Les mesures prises pour protéger la biodiversité dépendent de la façon dont nous la conceptualisons. Le NFF permet une conceptualisation plus exhaustive, dépassant l’idée que celle-ci serait un inventaire d’espèces rares et variées à protéger comme l’on mettrait sous verre sa collection de monnaies. »
L’avis de Pauline Bureau, Vice-présidente de LFE