Les vivants et les morts, la vibrante fresque sociale de Gérard Mordillat adaptée de son roman, qui vient de remporter un beau succès d’audience sur France Télévisions, sort en coffret chez ARTE Éditions : un feuilleton qui dépeint avec réalisme une lutte ouvrière sans merci, en écho à l’actualité sociale. Dans ce monde où la raison financière l’emporte sur le souci des hommes, qui doit mourir ? Qui peut vivre ? Avec Robinson Stévenin, Marie Denardaud, Atmen Kelif, Luc Thuillier …
Entretien avec Gérard Mordillat
Dans Les vivants et les morts, vous montrez les ouvriers en lutte mais aussi dans leur intimité… Gérard Mordillat : Avec cette série, je voulais montrer que le monde du travail n’est pas réduit à la simple activité professionnelle mais largement pétri de la vie privée des ouvriers ; je voulais faire sentir à quel point les transformations macroéconomiques se concentrent dans l’intimité des couples et le corps des individus. L’exemple le plus dramatique étant lorsque des conditions de travail insupportables conduisent et offrir une histoire à la hauteur de la révolte de ces hommes et de ces femmes, redonner à leur vie déniée un prix qui va bien au-delà des aumônes qu’on leur accorde. Le fait de tourner dans des lieux et avec des gens réellement meurtris par les restructurations industrielles a-t-il nourri la fiction ? Gérard Mordillat : Nous avons tourné dans deux usines du nord de la France – une en fonctionnement et l’autre désaffectée. Nous avons également embauché des figurants mais aussi des techniciens pour les décors, les costumes et les accessoires parmi d’anciens ouvriers licenciés, comme le montre l’émouvant documentaire d’Ariane Doublet, Le vestiaire des vivants, en bonus dans le coffret DVD. Sous leur regard, les acteurs professionnels et l’équipe se sentaient encore plus investis. Eux découvraient le cinéma, dont ils avaient souvent une idée faussement désinvolte. Et surtout, en prise directe sur les scènes que l’on tournait, ils étaient bouleversés de contempler ainsi un reflet de leur propre vie. Quelles répercussions espérez-vous sur les spectateurs ? Gérard Mordillat : Une série télévisée ne va pas transformer le monde. Mais à travers le récit, on peut inventer un spectateur intelligent, aiguiser sa conscience et son regard critique sur le réel. Une nécessité, notamment en ces périodes de vives tensions sociales. Déjà, sur le plateau, l’actualité tournait en même temps que nous : fermetures et délocalisations d’entreprises, plans sociaux… Aujourd’hui, la réforme des retraites participe de la même logique stupide de profit que l’État a désormais faite sienne. Notamment quant au traitement méprisant fait aux femmes – les vraies héroïnes de mon film, qui portent sur leurs épaules à la fois le travail et la vie familiale, à l’image de la jeune Dallas. Des idées et des politiques qu’il faut combattre par tous les moyens et qui appellent, selon moi, une insurrection de plus grande ampleur encore que les manifestations menées aujourd’hui. Propos recueillis par Barbara Levendangeur.Un coffret de 3 DVD
Le coffret comporte les huit épisodes de la série : – ÉPISODE 1 : L’INONDATION. À Raussel, une petite ville du Nord, après trois jours de pluies incessantes, la KOS, l’usine où travaillent Rudi et Dallas, est inondée. Lorquin et tous ceux de la maintenance, bravant les éléments, sauvent leurs emplois en sauvant les machines. L’usine repart en fanfare mais Hoffermann, le grand patron de la KOS, décide néanmoins d’un « plan social » et la suppression de cent emplois… avant Noël ! – ÉPISODE 2 : L’ANNONCE. À l’annonce des licenciements, tous les ouvriers de la KOS votent et occupent immédiatement le site. Format, le DRH, est promu nouveau patron de l’usine ; quant à Lamy, le délégué CFDT, il est appelé à la direction comme directeur technique. Rudi suggère à Lorquin, son chef d’équipe de réclamer d’être sur la liste des futurs licenciés, convaincu comme tous que le sauveur de l’usine est intouchable. – ÉPISODE 3 : LA TRAHISON. Serge, le mari de Varda, accepte le poste que Rudi a refusé auprès du nouveau directeur technique. Dallas est scandalisée. Varda et Dallas, qu’on croyait inséparables, en viennent aux mains. La direction réussit à semer la dissension entre les ouvriers. Après une réunion houleuse à la mairie, le maire rejoint Format chez lui. Il est persuadé que Format n’est pas l’homme de la situation. – ÉPISODE 4 : L’IMPOSSIBLE. Alors qu’il paraissait impossible à tous que Lorquin soit licencié, il l’est comme Dallas, comme Varda, comme tous les plus jeunes et les plus anciens. Un autre cataclysme secoue l’usine : la direction du groupe tente de faire déménager les machines de Raussel, en Espagne, dans une autre usine du groupe… À nouveau, la grève paralyse tout. – ÉPISODE 5 : L’AVEU. Rudi convainc Anthony et Angélique de se marier dans l’usine occupée pour populariser leur lutte auprès des médias. Pendant ce temps, au Luxembourg, Hoffermann, le patron du groupe, informe Format de la fermeture définitive de la KOS. Dès que la nouvelle est connue, les ouvriers envahissent le CE, décidés à prendre directement les choses en main, quitte à déborder les politiques et les syndicats. – ÉPISODE 6 : L’INCENDIE. Dallas et Varda se sont réconciliées. Poursuivie par la banque, Dallas tente de faire face aux dettes qui s’accumulent sans que Rudi le sache. Les ouvriers de la KOS, menés par Rudi, volent des explosifs sur un chantier. Ils menacent de faire sauter l’usine si leurs revendications ne sont pas satisfaites. – ÉPISODE 7 : L’EXPLOSION. Le ministère des affaires sociales organise une réunion où doivent être prises les mesures d’accompagnement à la fermeture de la KOS. Afin de peser sur les débats, Rudi font sauter une machine. Le GIGN et les CRS interviennent. Une immense manifestation réunit les ouvriers de l’usine et la population de Raussel. Mais elle tourne mal et c’est le drame… – ÉPISODE 8 : LA LIBÉRATION. Rudi est en prison, accusé de la mort d’un CRS. À Raussel, une cérémonie est organisée à la mémoire de Saïda et d’Anthony tués lors de la manifestation. Pendant ce temps, à la Préfecture, les délégués CFDT et FO signent un protocole d’accord scellant la disparition de la KOS et la mise au chômage de tous les ouvriers… Qu’adviendra-t-il de Rudi, de Dallas et de leur fils Kevin ? Mais également en bonus : – LE VESTIAIRE DES VIVANTS un documentaire d’Ariane Doublet (52 min). Sur le plateau, les anciens employés de l’usine qui sert de décor au tournage de la série confrontent fiction et réalité. – LES COMÉDIENS PARLENT DE LEUR RÔLE (60 min). Info DVD : Une coédition ARTE éditions / Archipel 33 – PAL – Zone 2 / Coul. / Dolby stéréo et 5.1 / 16/9 – Langues audio : français – Langues sous-titres : audiovision sourds et malentendants – Durée film : : 8 x 52 min – Durée total du Dvd : 9 heures – Tous publicsUn roman
Lui, c’est Rudi. Il n’a pas trente ans. Elle, c’est Dallas. Bien malin qui pourrait dire pourquoi tout le monde l’appelle comme ça. Même elle a oublié son nom de baptême… Rudi et Dallas travaillent à la Kos, une usine de fibre plastique. Le jour où l’usine ferme, c’est leur vie qui vole en éclats, alors que tout s’embrase autour d’eux. À travers l’épopée d’une cinquantaine de personnages, Les Vivants et les Morts est le roman d’amour d’un jeune couple emporté dans le torrent de l’histoire contemporaine. Entre passion et insurrection, les tourments, la révolte, les secrets de Rudi et de Dallas sont aussi ceux d’une ville où la lutte pour la survie dresse les uns contre les autres, ravage les familles, brise les règles intimes, sociales, politiques. Le livre a obtenu le Grand Prix RTL-LIRE en 2005. Histoire sociale, histoires d’amour qu’on dévore entre frisson, horreur et passion, voilà un livre-monde, un livre-vie comme on en lit peu dans la littérature française d’aujourd’hui. Télérama Un vrai roman à l’ancienne, en tout cas, pas du genre qui se regarde le nombril. Un roman moderne, par ce qu’il décrit de violence sociale et, en même temps, un roman naturaliste à la Zola. Livres Hebdo – Pour lire le premier chapitre en ligne de ce roman, cliquez ici.