Jean-François Julliard est le directeur général de Greenpeace France. Journaliste et ancien secrétaire général de Reporters sans frontières, il publie cette année « Les veilleurs du ciel » aux Editions Don Quichotte. Dans ce livre, il pose un regard sur la mobilisation de communautés à travers le monde, soucieuses de prendre en main la situation environnementale face à l’inanité des États, des institutions et du monde économique. Ce mouvement écocitoyen tente d’amorcer la transition vers des énergies moins consommatrices de carbone (éoliennes, panneaux solaires, etc.) et de continuer la lutte contre les pollueurs.
Jean-François Julliard, Directeur général de Greenpeace France, vient de publier « Les veilleurs du ciel« , un essai décapant sur les dangers du réchauffement climatique, dénonçant les gouvernements qui ferment les yeux, et mettant en scène ces citoyens qui, de par le monde, ont décidé de prendre en main l’avenir de la planète. Les dangers du réchauffement climatique nous guettent. Pas un pays qui ne soit concerné, pas un gouvernement qui puisse fermer les yeux. Les impacts de ces dérèglements sont déjà visibles : tornades plus violentes, sécheresses plus graves, terres avalées par la montée des océans, etc. La prise de conscience est là ; tout comme l’urgence. Pourtant, les décisions indispensables et les remises en cause des modèles économiques dominants se font attendre. Malgré la nécessité d’agir, rien ne change du côté des États et des institutions. Manque de courage ? Crainte des lobbies industriels qui défendent les profits ? Face à cet immobilisme criminel, un mouvement écocitoyen s’est mis en marche depuis quelques années. Des hommes et des femmes se mobilisent aux quatre coins du globe pour protéger leur environnement. Tournés vers les énergies d’avenir, ils inventent un monde sans carbone. Éoliennes, panneaux solaires, ils ont amorcé la transition que les dirigeants retardent faute de se projeter au-delà de leur mandat. C’est pourquoi, avec ou sans l’aide de leurs représentants politiques, ils sont bien déterminés à combattre les pollueurs et, à leur mesure, à sauver notre planète.Chronique de Jean-François Juliard
Chronique diffusée le 27/10/2015 dans Le Parisien« Disons-le tout de suite, ce n’est pas la COP21 qui va sauver le monde. Les 195 chefs d’Etat et de gouvernement présents à Paris à la fin de l’année n’auront pas entre leurs mains une baguette magique qui stopperait le dérèglement climatique et permettrait à la planète de se refaire une santé. Définitivement, la solution n’est pas à chercher que de ce côté-là. Faut-il pour autant baisser les bras face aux changements climatiques et à ses conséquences de plus en plus dramatiques ? Non bien sûr. Il existe même des raisons de rester optimistes. Pendant que les négociations internationales sur le sujet patinent année après année, le monde, lui, n’est pas à l’arrêt. Les alertes de plus en plus inquiétantes de la communauté scientifique et une économie globale moribonde ont incité de nombreux citoyens à se mettre en marche sans attendre. Une transformation profonde de nos sociétés, de nos économies et de nos emplois a démarré dans plusieurs régions de la planète. Une véritable révolution est en cours et elle se manifeste notamment par le recours de plus en plus important aux énergies renouvelables. La solution au dérèglement climatique est connue. Nous devons stopper immédiatement la déforestation qui prive la Terre de ses capacités d’absorption du CO2, gaz à effet de serre et premier coupable du dérèglement du climat. Et nous devons au plus vite cesser de consommer des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) qui dégagent des quantités folles de CO2. Pour y parvenir, il n’existe qu’un seul chemin. Il faut viser dès maintenant l’objectif d’un monde reposant à 100% sur les énergies renouvelables. Elles sont les seules qui nous permettent de maintenir notre confort et notre qualité de vie sans dégrader plus encore notre atmosphère et nos écosystèmes. Ce sont aussi les seules énergies capables de sortir de l’obscurité le milliard d’habitants encore privés d’électricité. C’est faisable techniquement, souhaitable économiquement, nécessaire socialement, et notre seule chance de limiter les effets catastrophiques de l’évolution du climat. L’an dernier, près de 60% des nouvelles centrales électriques installées dans le monde reposaient sur des sources d’énergies renouvelables, preuve que le mouvement est global. Les renouvelables représentent d’ores et déjà plus de 20% de l’électricité produite dans le monde. Et cette tendance devrait s’accélérer dans les prochaines années. Les grandes banques internationales et les analystes financiers évoquent déjà l’arrivée de «l’ère des renouvelables». Depuis 2010, les investissements financiers dans les énergies renouvelables sont quinze fois plus importants que dans le nucléaire par exemple. Pendant que le monde se met en marche, la France, elle, prend du retard. Incapable de dépasser son modèle historique ultra-centralisé et reposant sur une seule énergie omnipotente, le pays ne parvient pas à enclencher sa transition. Le nucléaire est un verrou qui doit sauter. Tant que ce n’est pas fait, la France continue de développer ses énergies renouvelables trois fois moins vite que la moyenne de ses voisins européens. Et le nombre d’emplois créés dans le secteur est trois fois moins important qu’en Allemagne. L’incapacité du gouvernement à s’engager vraiment dans cette voie n’a rien de rassurant. A commencer par la fermeture promise et maintes fois repoussée de la centrale nucléaire de Fessenheim. Sur le terrain pourtant, des acteurs s’engagent. Des citoyens, des communautés, des collectivités ont entamé leur propre mutation. Dans ces territoires, les éoliennes, le solaire et les autres énergies renouvelables tentent de s’imposer. Des emplois nouveaux sont créés dans le domaine de l’énergie, mais aussi du transport et du bâtiment. Cette transition est avant tout celle des habitants qui vivent dans ces régions. Ce sont ces citoyens qui portent en eux la clé du dérèglement climatique. Ce mouvement pour le climat grossit rapidement en Europe, en Inde, en Amérique du Nord et dans d’autres régions. Chaque jour, des individus passent à l’action et inventent le monde de demain. Un monde où le carbone ne sera plus qu’un lointain souvenir et où la course effrénée aux énergies fossiles ne sera plus qu’un chapitre des livres d’histoire. Il serait bon qu’à Paris, en décembre prochain, les dirigeants politiques tiennent ce discours et soutiennent l’engagement des populations. »
Introduction
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