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Une note de La Fabrique Ecologique ouverte au débat collaboratif

Les leviers économiques de la transition agro-écologique

Une opportunité pour produire et vendre autrement

L’agro-écologie permet de répondre à de nombreux enjeux, qu’ils soient environnementaux (restauration des sols, de l’eau, de la biodiversité, ou du climat,..) et sociétaux. Sur ce point, l’agro-écologie correspond notamment à la demande des consommateurs de plus de garantie (transparence) sur l’origine des produits, leurs modes de production, leurs impacts santé/nutritionnel et environnementaux, au-delà des critères gustatifs et prix qui restent les premiers critères d’achats. L’agro-écologie commence seulement à se développer, que ce soit par le haut (contenu de la loi d’avenir, réforme de la politique agricole commune) ou par le bas (initiatives des agriculteurs, des coopératives et de l’industrie agroalimentaire). La France a à son actif de nombreux atouts à valoriser pour devenir un leader de l’agro-écologie en Europe et dans le monde (surface agricole, climats, diversité de ses productions, savoir-faire agro-industriel, qualité des terroirs…). A l’échelle de l’exploitation, l’agro-écologie vise l’amélioration des systèmes de production en créant des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre les composantes de l’agroécosystème. L’agro-écologie ne s’oppose à aucune agriculture. L’agro-écologie ne peut être abordée uniquement à l’échelle du maillon « agricole », son développement devant être envisagé à l’échelle de tout le secteur agroalimentaire. Car il ne s’agit pas uniquement de « produire autrement » mais également de « transformer et vendre autrement », c’est à dire de savoir enrichir et valoriser lors des étapes de transformation et de distribution les produits issus de l’agro-écologie.

Conformément aux règles de La Fabrique Ecologique, cette publication sera en ligne jusqu’à la fin du mois de décembre 2014 afin de recueillir l’avis et les propositions des internautes. Sa version définitive sera publiée en février 2015.

SYNTHESE DE LA NOTE

L’agro-écologie permet de répondre à de nombreux enjeux, qu’ils soient environnementaux (restauration des sols, de l’eau, de la biodiversité, ou du climat,..) et sociétaux. Sur ce point, l’agro-écologie correspond notamment à la demande des consommateurs de plus de garantie (transparence) sur l’origine des produits, leurs modes de production, leurs impacts santé/nutritionnel et environnementaux, au-delà des critères gustatifs et prix qui restent les premiers critères d’achats. L’agro-écologie commence seulement à se développer, que ce soit par le haut (contenu de la loi d’avenir, réforme de la politique agricole commune) ou par le bas (initiatives des agriculteurs, des coopératives et de l’industrie agroalimentaire). La France a à son actif de nombreux atouts à valoriser pour devenir un leader de l’agro-écologie en Europe et dans le monde (surface agricole, climats, diversité de ses productions, savoir-faire agro-industriel, qualité des terroirs…). A l’échelle de l’exploitation, l’agro-écologie vise l’amélioration des systèmes de production en créant des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre les composantes de l’agroécosystème. L’agro-écologie ne s’oppose à aucune agriculture. L’agro-écologie ne peut être abordée uniquement à l’échelle du maillon « agricole », son développement devant être envisagé à l’échelle de tout le secteur agroalimentaire. Car il ne s’agit pas uniquement de « produire autrement » mais également de « transformer et vendre autrement », c’est à dire de savoir enrichir et valoriser lors des étapes de transformation et de distribution les produits issus de l’agro-écologie. La montée en puissance de l’agro-écologie et sa généralisation sont d’autant plus importantes qu’elles correspondent à des nécessités et urgences économiques. S’agissant du secteur agro-alimentaire, qui constitue un véritable pilier de l’économie française (2ème employeur industriel, 2ème excédent commercial, 17% de l’industrie française), la France a été dépassée par l’Allemagne sur le marché mondial. Ces filières connaissent une érosion progressive des taux de marges, un fort ralentissement des investissements et un niveau d’endettement élevé. L’agro-écologie représente une opportunité économique majeure pour agir à la fois en matière de réduction des coûts de production (énergie, intrants) et de meilleure valorisation des produits, afin de regagner en compétitivité et d’améliorer les revenus des agriculteurs et des autres acteurs. Pour utiliser au mieux le levier économique de la transition agro-écologique, il convient d’abord d’en faire un diagnostic, qui permet de montrer que cette transition s’impose, ensuite qu’elle est la condition pour que les atouts français soient valorisés au mieux, et enfin qu’elle suppose un effort particulier d’investissement, en particulier dans les technologies d’avenir (nouvelles technologies du vivant, biocontrôle, robotisation, capteurs et informatique embarquée, efficacité énergétique, smart grid et domotique..). L’agro-écologie est l’agriculture qui inclut ultra performance environnementale et technologique. Pour accélérer sa généralisation, la note fait deux propositions : – 1. Inciter les filières à enrichir leur gamme de produits avec des produits issus de l’agro-écologie, les faire connaître et distribuer grâce notamment aux leviers d’internet et des réseaux sociaux. Ces nouveaux outils permettent notamment de satisfaire toutes les sensibilités de consommateurs, et de mettre en place de nouvelles relations plus collaboratives avec ces derniers ; – 2. Généraliser, grâce à un dispositif incitatif, les contrats de filières agro-écologiques qui commencent à se mettre en place. Développés entre des acteurs de la production agricole, de la transformation et de la distribution, ces contrats permettent de s’engager sur le long terme, d’identifier des poches d’économie, de se projeter ensemble dans une dynamique d’innovation et de rémunérer les efforts du producteur agricole engagé dans une démarche de production agro-écologique (et ce même dans un contexte de prix de marché élevé), tout comme le transformateur et le distributeur capables de mieux valoriser les produits issus de l’agro-écologie.

Sommaire

  • I. Le levier économique de l’agro-écologie en France : l’état des lieux – A. Le projet agro-écologique et la loi d’avenir pour l’agriculture – B. L’écologisation de la Politique Agricole Commune – C. Les multiples initiatives d’agro-écologie
  • II. Les enjeux et les priorités économiques de la transition agro-ecologique – A. Les difficultés des filières agroalimentaires françaises – B. Les enjeux économiques de l’agro-écologie -> 1. La réduction des coûts de production -> 2. La différenciation et la valorisation des produits, en particulier à l’exportation – C. La priorité nécessaire aux investissements notamment dans les technologies d’avenir
  • III. Propositions : Faire monter en puissance l’économie agro-écologique – A. Inciter les filières à enrichir leur gamme de produits avec des produits issus de l’agro-écologie, les faire connaitre et distribuer grâce notamment aux leviers d’internet et des réseaux sociaux – B. La généralisation de contrats de filières agro-écologiques
Conclusion

INTRODUCTION

Le parlement vient d’adopter définitivement la loi d’avenir pour l’agriculture française, avec une majorité dépassant les clivages habituels. En fixant l’agro-écologie comme objectif central de la politique agricole, ce qui constitue une première, ce texte a le mérite d’entériner l’idée que la transition environnementale de l’agro-alimentaire français n’est pas que synonyme de contraintes mais peut et doit créer d’importantes opportunités. A l’échelle de l’exploitation, l’agro-écologie entend s’appuyer sur les services offerts par les écosystèmes et les innovations technologiques pour contribuer à dessiner le modèle agricole de demain. Elle permet également de renforcer la capacité des agrosystèmes à s’adapter par eux-mêmes à des perturbations (résilience), notamment dans les domaines climatique et énergétique. Les objectifs sont de renforcer les régulations biologiques, afin de concilier plus durablement les enjeux socio-économiques et environnementaux[[- Publication du Centre d’Etudes et de Prospective du Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt ]]. D’autres définitions de l’agro-écologie ont été proposées lors d’un séminaire organisé par l’INRA en 2013 : « l’agro-écologie est l’application de l’écologie à l’étude, à la conception et à la gestion des systèmes agro-alimentaires ». L’agro-écologie répond à une forte demande sociétale. Les scandales alimentaires poussent les consommateurs à exiger de plus en plus de transparence et de garantie sur l’origine des produits, leur mode de production, leurs bénéfices santé/nutritionnel et leurs impacts environnementaux, au-delà des critères toujours prépondérants des achats que sont le prix et la qualité gustative. La manière dont cette orientation va se concrétiser dans notre pays est particulièrement importante compte tenu des difficultés économiques du secteur agro-alimentaire français. Depuis plusieurs années, celui-ci est distancé par l’Allemagne en matière d’exportations, il subit une érosion progressive de ses taux de marges brutes et un très fort ralentissement des investissements. Pour mettre en oeuvre la transition agro-écologique, une des questions centrales est d’en faire pour l’agro-industrie française un outil de différenciation, de création de valeur et donc d’amélioration du revenu des agriculteurs. Plusieurs initiatives (cf infra) vont déjà dans ce sens et peuvent aboutir à des modifications substantielles des modes de production et de consommation. Au-delà de la transformation des techniques agricoles et de l’intégration des problématiques environnementales et alimentaires dans les stratégies agricoles, l’agro-écologie constitue un changement à tous les niveaux, du mode de production à l’exploitation en passant par l’innovation agronomique et technologique, l’investissement industriel (efficacité énergétique, modernisation…), et les innovations marketing (numérisation, désintermédiation…). C’est sur ce plan que cette note se situe.

Note transition agro-écologique

 

Documents joints

Cette note est issue des travaux d’un groupe de réflexion réuni dans le cadre de La Fabrique Ecologique entre septembre 2013 et septembre 2014.

Signataires :

• Capucine Laurent, Directrice Associée de BeCitizen du Groupe Greenflex, Co-Présidente du groupe de travail
• Catherine Golden, Manager, BeCitizen du Groupe Greenflex, Co-Présidente du groupe de travail • Alain Guillemin, Administrateur indépendant et ex-directeur général, Terrena • Julien Fosse, chef du bureau de l’agriculture au Commissariat général au développement durable (CGDD), Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.

Conformément aux règles de La Fabrique Ecologique, seuls les signataires de la note sont engagés par son contenu. Leurs déclarations d’intérêts sont disponibles sur demande écrite adressée à l’association.

Autres membres du groupe de travail :

• Julien Aubrat, Chef service Agronomie et Environnement, APCA
• Michel Auzet, Responsable Environnement, Crédit Agricole
• Guilhem Chéron, Co-fondateur et directeur, La Ruche qui dit Oui
• Franck Coste, Directeur général adjoint, Vivescia
• Christophe Couroussé, Directeur communication & marketing stratégique, Terrena
• Elsa Delcombel, Chef du bureau de la stratégie environnementale et du changement climatique, Ministère de l’agriculture
• Diane Doré, Directrice Echanges Extérieurs et Agriculture, ANIA
• Laura Farrant, Chef de projet Environnement, ANIA
• Sidney Flament-Ortun, Ingénieur d’étude, Ex-institut national de la consommation
• Laurent Francony, Directeur Qualité-Sécurité-Sociétal-Environnement, Système U
• Anne Génin, Marketing Director & Sustainability Biscuit Category, Mondelez International
• Serge Le Bartz, Président, UFM (CECAB)
• Denis Longevialle, Secrétaire général, IBMA France
• Gilles Maréchal, Directeur, Réseau Farre
• Mikael Naitlho, Responsable du service formation développement, APCA
• Elizabeth Pastore-Reiss, Directrice, Ethicity (Greenflex)
• Patricia Piriou, Managing directeur, Triodos Finance
• Stanislas Pottier, Directeur Développement Durable, Crédit Agricole
• Claudine Quentel, Directrice Qualité des produits frais traditionnels, Casino
• Rémi Rocca, Manager Achats-Qualité, McDonald’s
• Christian Rousseau, Président Délégué à l’agriculture, Vivescia
• Charles Vaury, Ex- secrétaire général, IBMA
• Jeanne Zeller, Ingénieur Filières Agricoles, McDonald’s

Relecture :

Cette note a été discutée par le comité de lecture de La Fabrique Ecologique, composé de Guillaume Duval, Géraud Guibert, Marc-Olivier Padis, Guillaume Sainteny et Lucile Schmid.

Elle a été relue et fait l’objet de suggestions et de conseils de la part des personnalités suivantes :

• Étienne Gangneron, éleveur dans le Cher et Président de la Commission agriculture biologique de la FNSEA
• Dominique Lepilleur, agriculteur en polyculture élevage en Normandie
• Jean-Marc Petat, directeur de la communication de BASF France

Elle a enfin été validée par le Conseil d’administration de La Fabrique Ecologique du 16 septembre 2014.

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