Les dégâts alarmants liés au réchauffement climatique sont dus pour l’essentiel aux émissions de gaz à effet de serre générés par l’activité humaine. Or, bien que les Etats-Unis soient considérés comme étant un des principaux pays pollueurs, l’administration Bush avait refusé de signer le protocole de Kyoto visant à réduire ces émissions, un refus loin de représenter un consensus dans tout le pays. Aujourd’hui, bien que leur projet ne soit pas encore finalisé, neuf États du nord-est américain semblent avoir pris le taureau par les cornes pour unir leurs efforts et envisager de réguler les émissions de ces gaz. Les écologistes espèrent que cet effort coopératif sera suivi par d’autres états. Dominique Raizon pour RFI revient sur cette initiative dévoilée par le New York Times mercredi 24 août.
Selon des révélations du New York Times, les fonctionnaires de New York et de huit autres Etats du nord-est américains seraient parvenus à un accord préliminaire pour réguler les émissions de gaz et parvenir, d’ici 2020, à une réduction de 10% de ces émissions. Ces neuf Etats sont le Connecticut, le Delaware, le Maine, le Massachusetts, New Hampshire, New Jersey, New York, l’Ile de Rhode, et le Vermont. Samuel Wolfe, le commissaire auxiliaire de la protection de l’environnement pour le département du New Jersey a déclaré : «les Etats travaillent très activement pour résoudre les problèmes et nous avons grand espoir de parvenir à une résolution commune d’ici la fin septembre».
Sans que l’on dispose de précisions, il s’agirait globalement de respecter les quotas d’émissions par amélioration des équipements et des processus de fabrication, mais surtout par une réglementation harmonisée et concertée des commandes. Le chef de file de l’initiative serait, d’après le New York Times, un gouverneur républicain, George E.Pataki (New York), pouvant être intéressé par une course à la présidence lequel, s’il s’est abstenu de critiquer directement le président Bush, a soutenu à plusieurs reprises l’idée que les Etats devaient agir seuls, même si l’administration Bush, en rejetant la signature du protocole de Kyoto, ne semble pas avoir considéré qu’il s’agissait là d’une priorité majeure.
Indissolublement lié à l’activité humaine, le CO2 n’est pas un polluant à proprement parler, c’est l’augmentation de la température qu’il engendre qui en fait un gaz dangereux pour l’avenir de la planète. Mais vouloir y toucher ou le restreindre aboutit automatiquement à limiter ou à rendre plus compliqué le développement économique -raison pour laquelle les Etats-Unis ont toujours considéré que le protocole de Kyoto, entré en vigueur cette année, était beaucoup trop contraignant pour leur économie. Le protocole engage effectivement chaque pays signataire, à respecter une réduction des émissions de gaz, soit en se tenant à des quotas d’émissions de plus en plus sévères soit, dans le cas d’impossibilité de respect de ces quotas, en rachetant des «droits à polluer».
Les principaux pollueurs concernés, et réfractaires au protocole, ont toutefois récemment donné un signal clair de sensibilité au problème : responsables de près de 50% des émissions de gaz à effets de serre dans le monde, les États-Unis, l’Australie, la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du sud ont annoncé le 28 juillet 2005 avoir conclu un accord pour «compléter» le protocole. Ceci étant, sans calendrier ni contrainte précise, cet accord ressemble encore davantage à une déclaration d’intention de bien faire. Ils ont déclaré vouloir travailler à la mise en place d’«un contexte favorable pour le développement, la diffusion, le déploiement et le transfert de pratiques et technologies rentables et plus propres, existantes ou à venir».
Dernièrement, et avant la prochaine conférence climatique de l’ONU qui se tiendra à Montréal en décembre prochain, les ministres et délégués de l’Environnement de 22 pays industrialisés et en développement ont achevé mercredi 17 août une réunion informelle au Groenland à Ilulissat où ils ont pu constater, sur place, les effets dévastateurs des changements climatiques dus au réchauffement global dans cette région de l’Arctique : le front glaciaire a globalement reculé de 8 km entre 2001 et 2003 et le glacier de Kangerlussuaq rétrécit de 14 km par an (contre 5 km en 1988).
Les représentants des Etats-Unis, du Canada, de la Chine, du Brésil, de l’Indonésie, d’Afrique du Sud, de pays européens et de la Russie étaient présents. «La conférence a permis d’améliorer la compréhension commune de questions-clés des changements climatiques, et de soulever des idées innovatrices pour savoir comment aller de l’avant», a résumé la ministre danoise, Connie Hedegaard. «Il existe un consensus croissant sur le besoin d’agir maintenant», a-t-elle noté. Une chose est certaine, il semble de plus en plus difficile pour les Etats-Unis de se tenir à l’écart alors que leur responsabilité est sans cesse pointée du doigt. La ministre française de l’Ecologie, Nelly Olin, dans un entretien au Journal du Dimanche a, pour sa part, insisté sur le fait que «les Etats-Unis doivent maintenant réfléchir sérieusement à tous les signaux d’alarme».
> Pour en savoir plus :
Découvrez sur le site du New York Times l’article qui révèle l’accord entre les 9 Etats du Nord-Est américains (en anglais) : « 9 States in Plan to Cut Emissions by Power Plants » par ANTHONY DePALMA.