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Le WWF lance le « Guide pour un Système d’Information Eco-Responsable »

Les technologies de l’information et de la communication (TIC), qui regroupent les domaines de l’informatique, des télécommunications, et de l’électronique, ont pris une large place dans nos sociétés et se sont imposées comme incontournables. Elles posent cependant des défis environnementaux majeurs. Au travers du « Guide pour un système d’information éco-responsable », le WWF France[[ Le WWF est l’une des toutes premières organisations indépendantes de protection de l’environnement dans le monde. Avec un réseau actif dans plus de 100 pays et fort du soutien de 5 millions de membres, le WWF oeuvre pour mettre un frein à la dégradation de l’environnement naturel de la planète et construire un avenir où les humains vivent en harmonie avec la nature, en conservant la diversité biologique mondiale, en assurant une utilisation soutenable des ressources naturelles renouvelables et en faisant la promotion de la réduction de la pollution et du gaspillage. En 2011, le WWF fêtera ses 50 ans. Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien afin d’offrir aux générations futures une planète vivante. Avec ses bénévoles et le soutien de ses 170 000 donateurs, le WWF France mène des actions concrètes pour sauvegarder les milieux naturels et leurs espèces, assurer la promotion de modes de vie durables, former les décideurs, accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte écologique et éduquer les jeunes publics. Mais pour que le changement soit acceptable il ne peut passer que par le respect de chacune et chacun. C’est la raison pour laquelle la philosophie du WWF est fondée sur le dialogue et l’action. Depuis décembre 2009, la navigatrice Isabelle Autissier est présidente du WWF France.]] décrit les principaux impacts environnementaux des TIC et propose, pour chaque grand domaine du système d’information, des moyens d’agir à chaque étape du cycle de vie.

Des impacts bien réels

Souvent qualifiées d’immatérielles, les technologies de l’information et de la communication améliorent notre quotidien et augmentent notre efficacité au travail. Mais les impacts de ces technologies sur l’environnement sont loin d’être virtuels. L’idée que ces technologies pourraient avoir un apport positif pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre est actuellement très répandue : représentant 2% des émissions mondiales, elles pourraient contribuer à réduire les 98% d’émissions restantes. Un postulat plutôt encourageant face au péril climatique mais qu’il faut cependant considérer avec prudence au regard de la difficulté de mesurer cette contribution et d’anticiper les “effets rebonds” que leur mise en oeuvre pourrait générer. « Les potentialités techniques des TIC relèguent souvent à l’arrière-plan leurs impacts négatifs : consommation énergétique, émissions de gaz à effet de serre, épuisement des ressources non renouvelables, rejets de substances toxiques, accroissement des déchets… Des impacts qui interviennent essentiellement lors de la fabrication ou de la fin de vie des appareils. Sans omettre les défis sociaux que constitue leur fabrication dans les pays émergents. » explique Jérôme Dupuis, Directeur adjoint des partenariats entreprises du WWF France et coordinateur de la rédaction de ce guide.

Comprendre les impacts environnementaux des TIC et agir pour les réduire

Ce guide est destiné aux responsables du développement durable, aux directions informatiques et achats des entreprises et autres organisations (collectivités, associations…). Il a pour ambition de favoriser la prise de conscience sur les impacts environnementaux des logiciels, ordinateurs, téléphones mobiles, imprimantes, serveurs informatiques. et le passage à l’action dans un domaine encore relativement méconnu : les technologies de l’information et de la communication éco-responsables. Ainsi, ce guide décrit les impacts environnementaux majeurs des TIC puis propose pour chaque grand domaine du système d’information des moyens d’agir à chaque grande étape du cycle de vie : achat, utilisation, fin de vie. Enfin, les principales notions clés pour mettre en oeuvre un système d’information éco-responsable sont présentées à la fin du document. La nécessité de réaliser ce guide est née de l’observation que les systèmes d’information étaient encore rarement intégrés dans les politiques environnementales des organisations. Par ailleurs, les TIC étant souvent considérées comme « immatérielles », leurs impacts environnementaux sont souvent négligés. En réponse à ce constat, l’expérience du WWF France dans la réalisation d’outils pratiques destinés aux entreprises alliée à l’expertise de greenIT.fr et du groupe EcoInfo du CNRS sur les éco-TIC ont permis de rédiger ce guide. Nous espérons qu’il constituera une première étape efficace dans la mise en oeuvre d’un système d’information éco-responsable dans vos organisations.

Allonger la durée de vie des équipements

C’est un message clé de ce guide. Les impacts environnementaux ne sont pas toujours là où on les attend ! L’exemple des ordinateurs est édifiant : l’empreinte carbone de la production d’ordinateurs pèse 3,5 fois celle liée à leur utilisation professionnelle en France[[Rapport TIC et Développement Durable, CGEDD, CGTI, ARCEP, pour le MEEDDAT, 2008 – Hypothèse de production en Asie pour une durée d‘utilisation de 5 ans en France]]. L’optimisation de leur consommation électrique est certes une démarche nécessaire mais, dans ce contexte, réduire l’impact environnemental global consiste prioritairement à allonger au maximum leur durée d’utilisation pour limiter la fabrication de nouveaux matériels. Or, en vingt-cinq ans, cette durée moyenne d’utilisation a été divisée par 3, passant de 10 à 3 ans… « Il est grand temps de passer de la société du jetable à la société du durable ! Ce guide participe au mouvement indispensable de prise de conscience et de réduction de l’empreinte écologique de nos modes de vie », indique Serge Orru, Directeur Général du WWF France.
Télécharger le Guide pour un Système d’Information Eco-Responsable
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Principaux impacts des TIC sur l’environnement

Consommation électrique et émissions de gaz à effet de serre Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) représentent 13,5%[[Rapport TIC et Développement Durable, CGEDD, CGTI, ARCEP, pour le MEEDDAT, 2008 – soit 58,5 Twh – Périmètre OCDE et SESSI : filières informatique, télécoms et électronique]] de la facture électrique française. On estime que les postes de travail informatiques professionnels et les centres de données représenteraient respectivement 18% et 7% de cette facture[[Rapport TIC et Développement Durable, CGEDD, CGTI, ARCEP, pour le MEEDDAT, 2008]] en 2008. Quant aux gaz à effet de serre générés par la production et la consommation énergétique des TIC, ils représenteraient 5% des émissions françaises. Un chiffre qui peut sembler relativement modeste mais la tendance est plus inquiétante. Comme l’augmentation de l’efficience énergétique de ces technologies ne compense pas leur extension considérable, la consommation électrique des TIC a augmenté de 10% par an sur les dix dernières années. Un chiffre en contradiction avec les objectifs du paquet énergie-climat de l’Union Européenne. D’autant plus si l’on tient compte de “l’énergie grise” et des émissions associées. Or, le matériel informatique est fabriqué essentiellement en Asie où le kWh est près de 10 fois plus carboné qu’en France[[90 g eqCO2 / kWh en France selon l’ADEME contre 980 g eqCO2 / kWh en Chine (sur la base d’une production d’électricité chinoise majoritairement à base de charbon]]. Epuisement des ressources non renouvelables La fabrication des composants électroniques qui constituent les éléments de base d’un ordinateur nécessite d’importantes quantités de métaux précieux[[EcoInfo, CNRS 2010]], terres rares[[EcoInfo, CNRS 2010]], et minerais comme le terbium, l’hafnium, l’argent, l’or, le zinc, le coltan, etc., dont les gisements connus seront épuisés d’ici 2 à 30 ans. Le concept de « sac à dos écologique »[[Friedrich Schmidt-Bleek, Das MIPS Konzept – Faktor 10, Wuppertal Institute, 1998]] donne une idée précise de l’intensité en ressource d’un produit fini. Il rapporte le poids de matières premières brutes au poids du produit fini. La fabrication d’une puce électronique de 2 grammes nécessite environ 2 kg de matières premières et 30 kg d’eau soit un rapport de 16.000:1[[The 1.7 Kilogram Microchip: Energy and Material Use in the Production of Semiconductor Devices, E. Williams et al, 2002]] contre 54:1[[GreenIT.fr, 2010 – calcul : poids moyen d’une voiture en Europe est de 1300 kg (Senat) et la quantité de matière première de 70 tonnes (Transfert.net citant le Wuppertal Institut für Klima)]] pour une voiture. Or, la quantité de puces électroniques produites chaque année ne cesse d’augmenter à mesure que les produits de la vie courante deviennent « intelligents ». Face à la raréfaction des gisements facilement accessibles, les producteurs de matières premières nécessaires à la fabrication des ordinateurs risquent d’utiliser des méthodes d’extraction de plus en plus polluantes – l’or en Guyane par exemple[[L’orpaillage clandestin de l’or en Guyane, WWF, 2008]] – basées sur une grande quantité de produits chimiques toxiques : mercure, arsenic, etc. Au delà d’une hausse du prix des matières premières, la raréfaction des ressources non renouvelables encourage également le marché noir et les conflits armés, comme le coltan dont le trafic entretient la guerre civile, l’esclavage et les enfants soldats en RDC. Pollution par des substances toxiques Les TIC concentrent de nombreuses substances chimiques nocives pour l’environnement et la santé. Notamment lors du processus de fabrication ou le démantèlement des équipements en fin de vie si les travailleurs ne sont pas suffisamment protégés. Ce qui est souvent le cas lorsque des déchets électroniques sont expédiés illégalement dans les pays émergents pour leur « reconditionnement ». La directive européenne RoHS[[Reduction of Hazardous Substances, voir glossaire en annexe]] restreint – sans les interdire – la quantité pouvant être utilisée dans les équipements électroniques pour les six substances suivantes : le mercure, le plomb, le cadmium, le chrome hexavalent, les polybromobiphényles (PBB), et polybromodiphényléthers (PBDE). Mais cette réglementation est loin d’être suffisante. D’autres substances préoccupantes continuent à être utilisées par les industriels malgré le risque qu’elles représentent : les retardateurs de flammes halogénés, les additifs du PVC, les phtalates, le bisphénol A, l’arsenic, etc. Selon l’US Environmental Protection Agency, 70% des métaux lourds (extrêmement toxiques pour les êtres vivants) présents dans les décharges nord américaines proviennent du matériel électronique qui s’y accumule[[Computers, E-waste, and Product Stewardship: Is California Ready for the Challenge, 2001, Report for the US Environmental Protection Agency, Region IX, page 13]]. En s’infiltrant dans le sol, puis dans les nappes phréatiques, ces substances toxiques remontent la chaîne alimentaire… jusque dans notre assiette ! Déchets électroniques Les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont les déchets qui connaissent la plus forte croissance en France, entre 2 et 3% chaque année[[Ministère de l’écologie, 2010]]. Un français en produit environ 14 kg par an à titre personnel et 10 kg dans le cadre de son activité professionnelle[[Ademe]]. La quantité de DEEE professionnels augmente plus vite que notre capacité à les retraiter. Entre 2006 et 2009, 370 506 tonnes d’équipements électriques et électroniques (EEE) professionnels de catégorie 3 (matériel informatique) ont été mis sur le marché, mais seulement 51 579 tonnes de DEEE professionnels de catégorie 3 ont été collectées et retraitées[[GreenIT.fr, 2010, sur la base des rapports ADEME 2006, 2008, et 2009. Les volumes 2007 sont estimés.]]. Cette situation est problématique car les DEEE sont des sources importantes de pollutions et d’épuisement des ressources non renouvelables. Le manque d’infrastructures de traitement des DEEE entraîne la disparition d’importantes quantités de cuivre, d’or, d’argent, de palladium[[Unep, 2010]], d’indium et autres ressources rares. La récupération de ces matériaux limiterait pourtant les pressions sur les écosystèmes.

 

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1 COMMENTAIRE

  1. Le WWF lance le « Guide pour un Système d’Information Eco-Responsable »
    Mr Serge Orru est dans la bonne voie, mais le discours du WWF vient un peu tard. Que chacun constate. Il n’est pas une banque, une sté de téléphonie, un assureur, la CAF, et bien d’autres encore qui ont promu et/ou qui continuent de promouvoir la dématérialisation avec comme argument « choc »: « vous sauvez la Planète », alors que depuis plusieurs années tous les spécialistes mondiaux savent que les TICS vont représenter d’ici une décennie près de 10 à 15 % des émissions de carbone dans l’atmosphère, 4 à 5 fois plus que les avions, que le papier. Cette lenteur exécrable, sûrement pour de bonnes raisons, me fait penser que même certaines ONG ne sont pas insensibles à certains lobbies… jusqu’au jour où…il faut faire marche arrière. ALORS, MARCHE ARRIÈRE TOUTE. Faîtes chuter le CO2, l’usage de l’eau, des métaux rares, recyclez mieux, et faîtes que nos outils durent plus longtemps. Merci Mr Orru