Depuis plusieurs décennies, la mer d’Aral est synonyme de catastrophe écologique, ayant perdu plus de 90 % de sa surface d’origine en quelques décennies. Pourtant, un espoir renaît grâce à l’engagement du Kazakhstan et à un partenariat international avec les États-Unis. Ce duo ambitieux œuvre pour redonner vie à ce joyau naturel autrefois florissant.
Le Kazakhstan préside le fond international pour le sauvetage de la mer d’Aral
Depuis janvier 2024, le Kazakhstan préside le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral (IFAS). Pour Astana, l’objectif est clair : renforcer les partenariats avec les États d’Asie centrale et les organisations internationales pour aborder les défis liés à ce réservoir d’eau autrefois indissociable de l’Asie centrale.
Cette mer, autrefois le quatrième plus grand lac du monde, est aujourd’hui un symbole de la folie des hommes. L’irrigation intensive mise en place sous l’Union soviétique a privé l’étendue d’eau — située sur la frontière entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan — de ses affluents. Depuis plusieurs années, les initiatives locales se multiplient pour tenter de redonner vie à la mer d’Aral et tentant d’atténuer l’impact pour les populations locales, particulièrement touchée par l’effondrement de l’industrie de la pêche.
En collaboration avec le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, le Kazakhstan a ainsi mis sur pied un vaste programme de « prévision hydrogéologique » afin suivre et de mesurer les flux d’eau et la consommation de toutes ces nations. Le but ? Évaluer les besoins des différentes nations et suivre l’évolution des cours d’eau, condition indispensable pour orienter à nouveau une partie des flux vers la mer d’Aral.
Un renforcement des institutions de gestion des ressources en eau régionales, qui a d’ailleurs été mis en place en collaboration avec le programme eau-énergie de la Banque mondiale.
Le Kazakhstan a réussi à convaincre les États-Unis de s’impliquer dans le sauvetage de la mer d’Aral
C’est dans ce contexte, en avril dernier, que le Kazakhstan a persuadé les États-Unis de s’investir dans la restauration de la mer d’Aral par le biais de l’USAID.
Le projet « Oasis », qui se concentre dans le la région de Kyzylorda au sud du Kazakhstan, vise à restaurer l’environnement de l’ancienne mer d’Aral : avec un budget de 1,35 million de dollars, ce vaste plan americano-kazakhstanais soutient la plantation de saxaouls — un arbuste typique de l’Asie centrale — pour stabiliser le paysage désertique et prévenir les tempêtes de sable. Ces arbres robustes, capables de stabiliser jusqu’à quatre tonnes de sable, sont essentiels pour contrer les tempêtes de sable et de poussière dans la région. Selon les spécialistes, le taux de survie des arbres plantés atteint 78 %, un chiffre prometteur qui dépasse les attentes initiales.
En jugulant le désert, Astana et Washington espèrent faciliter la réapparition de l’étendue d’eau. D’ailleurs, le directeur de l’Exécutif de l’IFAS, Serikaliy Mukataev, a souligné l’importance du soutien de l’USAID pour atténuer les impacts de ce redoutable désert, « le plus jeune du monde » selon ses mots. Il a noté que seuls la moitié des 2,2 millions d’hectares de l’ancien fond marin de l’Aral sont propices à la plantation, rendant le projet Oasis crucial pour l’amélioration environnementale de la région.
En combinant une meilleure gestion des ressources hydriques de toute la région et une politique de reforestation pour juguler l’avancée du désert, États, Institutions internationales et ONG espèrent redonner vie à la mer d’Aral, l’historique oasis des routes de la soie.