La crise récente sonne le glas de la « world company », insensible aux particularismes locaux, aux considérations sociales et aux problèmes du monde qui l’entoure… Désormais, les chefs d’entreprise ne peuvent plus considérer les aspirations collectives et la sphère publique comme secondaires ou extérieures à leurs intérêts. « Ils ne doivent pas être les derniers à comprendre les changements du monde ! ». Cette mutation passe par la prise en compte des « parties prenantes » (citoyens, salariés, clients, épargnants) afin d’intégrer les « coûts sociétaux » dans la définition et le prix des produits, de susciter une co-régulation constructive des marchés et de préserver les intérêts et les aspirations à long terme des collectivités humaines. L’éco-capitalisme naissant ainsi décrit par Patrick d’Humières est la matrice du modèle économique futur. Prenant le contre-pied de la dénonciation défaitiste de « l’horreur économique », ce modèle durable l’emportera inéluctablement sur le modèle ancien parce que, lentement, la société civile « prend la main » sur la dynamique des marchés.
Le développement durable va-t-il tuer le capitalisme ?
Le modèle durable va l’emporter sur le modèle cynique, sous la pression de l’opinion, des consommateurs, des salariés. Les entreprises qui gagneront au 21°siècle sont celles qui créeront le plus de « valeur durable » en lien avec la Société. Pour Patrick d’Humières deux modèles d’entreprise sont aujourd’hui clairement en compétition: – Le modèle cynique, à dominante financière, qui a conduit à la crise et qui tente d’y survivre ; il a pour lui sa capacité à porter des innovations et à représenter un espérance de gain élevé pour ceux qui le maîtrisent mais il a contre lui toute la critique du système économique court termiste qui recherche la maximisation du capital au détriment des autres parties prenantes. – Le modèle partenarial, qui cherche à équilibrer les intérêts de toutes les parties prenantes de l’entreprise (salariés, actionnaires, consommateurs et citoyens) ; il est plus complexe à gérer car il passe par des compromis sociaux. C’est celui que promeut le développement durable et qui s’affirme progressivement à travers les démarches dites de responsabilité sociétale. Cette « guerre des modèles » va se renforcer car les intérêts en jeu sont importants. Mais les entreprises n’ont-elles pas perdu le pouvoir de décider ? En réalité la Société a fait le choix du modèle partenarial et tout va dans ce sens aujourd’hui pour ré-organiser les marchés et réguler l’économie face aux grands risques collectifs. Un nouveau capitalisme – le capitalisme de parties prenantes ou eco-capitalisme – devrait sortir gagnant de cette mutation en cours conclut Patrick d’Humières.
Préface du livre par Jean-Hervé Lorenzi – Président du Cercle des économistes
En ce début d’hiver 2009, tout paraît confus, incertain, incompréhensible. Le débat que nous avons, nous autres économistes, sur l’évolution de la croissance mondiale pour les quelques années à venir est exemplaire de la difficulté à comprendre la réalité présente. Dans cet univers si complexe, les termes du développement durable apparaissent à la fois éloignés de la difficulté des temps présents et porteurs de solutions novatrices. Se mêlent d’ailleurs des expressions proches dans leur acception vague mais fondamentalement différentes lorsque l’on approfondit les concepts : croissance verte, développement soutenable, développement responsable et, évidemment, développement durable. C’est à ce chantier de clarification, de réflexion et de proposition sur notre avenir pour réorienter des formes de croissance que Patrick d’Humières s’est attaqué avec méthode, talent, imagination et grande rigueur. L’objet de ce livre, derrière son titre provocateur est de redonner à la croissance tout son sens, à l’entreprise tout son rôle, aux « parties prenantes » tout leur poids dans les décisions, et tout cela pour construire un modèle économique qui puisse redonner à l’Homme le rôle central dans nos sociétés. Vaste ambition aurait-on dit en d’autres temps et c’est pourtant l’entreprise de cet ouvrage. Après une soigneuse description de l’environnement nouveau dans lequel se meuvent les entreprises, Patrick d’Humières nous montre à quel point la responsabilité sociale de l’entreprise est intéressante et limitée à la fois. Intéressante parce qu’elle ouvre la palette de ses objectifs purement financiers, mais insuffisante parce qu’au fond, elle ne remet pas réellement en cause son mode de gouvernance. L’auteur ira même plus loin, puisqu’il va en dénoncer des formes d’ambigüités. C’est un résultat très important parce qu’il montre à quel point la rénovation du capitalisme ne peut se faire de manière homéopathique selon la logique actuelle, sans pour autant supprimer le poids majeur de l’entreprise dans cette rénovation. Et c’est là où notre auteur passe du stade de l’analyse critique à la proposition forte. Le développement durable, c’est en réalité le passage d’une micro-économie humaniste à une macro-économie positive. C’est à ce moment- là que l’entreprise devient acteur du changement de l’Histoire, parce qu’elle est à la fois porteuse d’une nouvelle philosophie de management mais également, et peut-être surtout, élément d’une croissance dont la logique est profondément renouvelée. Un chapitre propose les éléments même de ce nouveau contrat entre l’entreprise et la société avec sept principes qui doivent structurer cette approche si novatrice. Bien entendu, certains d’entre eux s’inscrivent dans la logique du sociale- ment responsable, mais d’autres imposent à cet acteur majeur de penser développement durable, en d’autres termes, dans le respect de la rareté des ressources et en offrant la possibilité pour la société dans son ensemble de croître de manière pérenne et harmonieuse. En un mot, de remettre l’Homme et la société en adéquation l’un avec l’autre. Le livre a-t-il répondu à la question qu’il se posait ? Oui, mais là n’est pas le plus important. Ce qui compte dans cet ouvrage très remarquable, c’est de saisir à quel point si nous voulons maîtriser le monde de demain, nous devons penser et alors révolutionner le fonctionnement de nos entreprises.Les sept piliers du nouveau management responsable et durable
– 1er pilier : la vision du chef d’entreprise, en réponse à l’attente de la société, dans le champ d’activité qui est le sien. – 2e pilier : faire partager le projet à la gouvernance de l’entreprise. – 3e pilier : corollaire des deux précédents : consacrer au sein du management une fonction experte en RSE et développement durable pour accompagner l’entreprise dans sa démarche. – 4e pilier : l’organisation du dialogue avec les parties prenantes. – 5e pilier : le rapport annuel de mesure de la situation, versus le développement durable. – 6e pilier : le « fonds d’initiative durable » au service de l’innovation. – 7e pilier : le partenariat avec la Société, contractualisé à travers des programmes de progrès.L’auteur
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Ouvrir le débat sur l’éco-capitalisme
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