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A l'occasion de la COP26 de la CCNUCC qui se tient à Glasgow

Le changement océanique amplifie la crise climatique

Selon une étude scientifique publiée dans la revue à comité de lecture Aquatic Conservation

Une étude scientifique publiée dans la revue à comité de lecture Aquatic Conservation montre que les mesures prises pour lutter contre le changement climatique et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris n’auront pas les effets escomptés si l’océan n’est pas inclus dans l’équation. S’adressant aux dirigeants présents à la COP26 de la CCNUCC qui se tient à Glasgow, Royaume-Uni, les auteurs de l’article présentent plusieurs exemples qui montrent comment les boucles de rétroaction entre l’océan et le climat exacerbent le changement climatique. Ils mettent également en avant le fait que « le changement climatique continue de s’accélérer, principalement en lien avec des changements qui se produisent dans l’océan, ce qui provoque le déclin continu de la nature et la perturbation à l’échelle planétaire de l’environnement, des personnes et de nos avenirs respectifs ».

LE CHANGEMENT OCÉANIQUE EXACERBE LA CRISE CLIMATIQUE annie-spratt-975068-unsplash.jpg
Une nouvelle étude scientifique affirme que nous ne respecterons pas l’Accord de Paris si nous n’agissons pas au plus vite pour l’océan
Ce rôle de l’océan dans l’atténuation et l’aggravation du changement climatique est compris par les scientifiques, mais ignoré par les responsables politiques. Fruit du travail réalisé par des scientifiques du monde entier, l’article intitulé « The forgotten ocean – why COP26 must call for vastly greater ambition and urgency to address ocean change » (« L’océan oublié : pourquoi la COP26 doit exiger une intensification des ambitions et de l’urgence pour lutter contre le changement océanique ») décrit six principaux domaines dans lesquels il est nécessaire de faire des progrès du point de vue de l’intégration de l’océan dans la lutte contre le changement climatique. Dan Laffoley, principal auteur du rapport, déclare : « Il n’y a plus une seule minute à perdre. Les changements que nous avons déjà provoqués dans le système océanique perdureront pendant des siècles et aggravent la crise climatique. C’est nous que nous aiderons en faisant tout notre possible aujourd’hui pour aider l’océan à résister à l’offensive climatique. La protection de l’océan est affaire de survie humaine. » Soulignant la nécessité d’adopter une approche planétaire dans la prise de décision, l’article identifie les principales façons dont l’océan atténue d’un côté le changement climatique par l’absorption de la chaleur et du carbone présents en excès dans l’atmosphère, tout en l’aggravant de l’autre parce que la défaillance des systèmes océaniques exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes, modifie les courants océaniques et réduit sa capacité à absorber le carbone. Les auteurs appellent les dirigeants à prendre des mesures au plus vite pour protéger l’océan : « Pour inverser les tendances actuelles en faveur de l’humanité et d’une planète habitable, nous devons reconnaître et mieux évaluer le rôle fondamental que joue l’océan dans le système terrestre, et nous devons donner la priorité à l’adoption immédiate de mesures nécessaires à sa guérison et à sa protection au niveau planétaire, c’est-à-dire à l’échelle où opèrent les processus de maintien de la vie sur Terre. » L’océan porte le fardeau le plus lourd en matière d’atténuation du climat : il absorbe plus de 90 % de la chaleur excédentaire produite, alors que les terres n’en absorbent que 3 %. C’est également le plus grand puits de carbone sur Terre. Toutefois, cette fonction nuit à l’océan, en érodant sa capacité à agir et en créant des boucles de rétroaction qui exacerbent en réalité le changement climatique. La stratification est un exemple de l’interconnexion du changement océanique et du changement climatique : il s’agit d’un processus par lequel les eaux se séparent de plus en plus en fonction de leur température ou de leur salinité. La stratification est produite par le réchauffement de l’océan, mais aussi par l’accroissement des précipitations qui, à son tour, produit le réchauffement et la stratification des eaux. Un océan stratifié présente de nombreux effets problématiques. Il provoque une augmentation des vagues de chaleur marines et des phénomènes météorologiques extrêmes, mais aussi une diminution de la capacité de l’océan à absorber le carbone ou encore une modification de la circulation océanique. Les six propositions de l’article sont les suivantes : – Étendre les solutions à un niveau planétaire : les ambitions doivent être à la hauteur du défi. Nous devons simultanément lutter contre les effets du changement climatique et réduire tous les facteurs de stress directs et indirects qui se cumulent. Cela signifie que le strict minimum est de protéger cette moitié de la planète actuellement délaissée grâce à un Traité sur la haute mer solide et puissant qui permettra l’adoption de mesures de protection. Cela implique également de protéger au moins 30 % de l’océan au moyen d’AMP intégralement ou hautement protégées. – Accélérer et intégrer l’efficacité des actions pour le climat et la biodiversité afin de produire davantage d’impact et d’effet Nous devons penser les aires protégées comme un moyen de contribuer simultanément à protéger la biodiversité et à préserver la capacité de séquestration du carbone par l’océan. Les AMP protègent et retiennent le carbone. – Cesser de soutenir des activités qui détruisent l’océan : rediriger les mesures incitatives dans l’optique de résultats positifs pour la planète Une des choses les plus évidentes à faire en cas de crise est de prévenir tout dégât supplémentaire : cesser de soutenir financièrement les activités particulièrement destructrices pour l’océan telles que la surpêche, la pollution, l’extraction minière et l’immersion de déchets. Il se trouve que nous finançons certaines de ces activités au lieu de les limiter ou de les interdire. Le chalutage profond, le dragage, l’exploration pétrolière et gazière en mer, les rejets d’eaux usées et les écoulements d’azote ont tous l’autorisation de continuer. De plus, nous menaçons l’océan par de nouvelles activités, comme l’extraction minière en eau profonde qui causera des dégâts inconnus dans une zone de l’océan que l’on sait importante en matière de stockage du carbone et pour la santé et le fonctionnement de l’océan dans son ensemble. – Favoriser le rétablissement et la restauration de l’océan par une dynamique et une coopération accrues à l’échelle mondiale Le temps ne joue pas en notre faveur. Le trio mortel des impacts climatiques sur l’océan (le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation) sera irréversible pendant des siècles, voire des millénaires, mais nous pouvons arrêter de l’aggraver et commencer à le corriger. La restauration active des habitats marins contribuera à rétablir les espèces marines en l’espace d’une à trois décennies. La restauration des mangroves, par exemple, peut aider à rétablir les services écosystémiques et à atteindre les objectifs en matière de changement climatique, de biodiversité, de conservation et de développement durable. – Mettre en évidence la connexion entre la nature et l’économie mondiale : évaluer le capital naturel de l’océan pour investir dans nos avenirs respectifs L’action pour l’océan doit être suffisamment financée, parce qu’elle correspond à un investissement dans la résilience mondiale, le bien-être humain et la durabilité. – Réaliser les recherches scientifiques dont nous avons besoin pour un océan sain, productif et résilient qui profite aux populations et inspire l’humanité dans son ensemble Pour ne pas être dépassés par l’accélération du changement océanique et par les effets cumulés des facteurs de stress, nous devons constamment améliorer notre compréhension des processus océaniques et rapidement mettre ces conclusions et d’autres formes de connaissances au service d’une prise de décisions éclairée, sur la base d’approches de précaution et d’anticipation.

NOTES

– Voir l’article publié dans Aquatic Conservation : Marine and Freshwater Ecosystems Rédaction du rapport :
  • Dan Laffoley
  • John Baxter
  • Diva Amon
  • Joachim Claudet
  • Craig Downs
  • Sylvia Earle
  • Kristina Gjerde
  • Jason Hall-Spencer
  • Heather Koldewey
  • Lisa Levin
  • Phillip Reid
  • Callum Roberts
  • Rashid Sumaila
  • Michelle Taylor
  • Torsten Thiele
  • Lucy Woodall

Affiliations

  • 1 Commission mondiale des aires protégées de l’UICN, UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), 28 rue Mauverney, CH-1196 Gland, Suisse.
  • 2 Marine Alliance for Science and Technology for Scotland, École de biologie, East Sands, Université de Saint Andrews, Fife KY16 8LB, Royaume-Uni.
  • 3 SpeSeas, D’Abadie, Trinité-et-Tobago.
  • 4 Centre national de la recherche scientifique, Université PSL Paris, CRIOBE, USR 3278 CNRS-EPHE-UPVD, Maison des Océans, 195 rue Saint-Jacques, 75005 Paris, France.
  • 5 Haereticus Environmental Laboratory, Clifford, Virginie, États-Unis.
  • 6 National Geographic et Mission Blue, Washington D.C. et Napa, Californie, États-Unis.
  • 7 Programme mondial pour le milieu marin et polaire et Commission mondiale des aires protégées de l’UICN, Cambridge, Massachusetts 02138, États-Unis.
  • 8 École des sciences biologiques et marines, Université de Plymouth, PL4 8AA, Royaume-Uni.
  • 9 Centre de recherches marines de Shimoda, Université de Tsukuba, Japon.
  • 10 Société zoologique de Londres, Regent’s Park, Londres, NW1 4RY, Royaume-Uni.
  • 11 Centre pour la biodiversité et la conservation marines, Scripps Institution of Oceanography, Université de Californie à San Diego, La Jolla, Californie, 92093-0218, États-Unis.
  • 12 The Continuous Plankton Recorder Survey, Marine Biological Association, The Laboratory, Citadel Hill, Plymouth PL1 2PB, Royaume-Uni.
  • 13 Centre d’écologie et de conservation, Université d’Exeter, Penryn, Cornouailles, TR10 9FE, Royaume-Uni.
  • 14 Institut pour l’océan et la pêche et École d’affaires publiques et internationales, Université de Colombie-Britannique, Canada.
  • 15 Université d’Essex, Wivenhoe Park, Colchester, CO4 3SQ, Royaume-Uni.
  • 16 Institut d’études avancées sur la durabilité (IASS), Berliner Strasse 130, 14467 Potsdam, Allemagne.
  • 17 Département de zoologie, Université d’Oxford, Zoology Research and Administration Building, 11a Mansfield Rd., Oxford OX1 3SZ, Royaume-Uni.
  • 18 Nekton, Begbroke Science Park, Begbroke, Oxford, OX5 1PF, Royaume-Uni.

 

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