Face à une crise énergétique exacerbée et à un besoin accru de pratiques durables, ORÉE présente son rapport sur « L’appropriation stratégique de la sobriété par les entreprises », réalisé en partenariat avec le CGDD et la DGEC. Élaboré à partir des pratiques de soixante entreprises, ce rapport explore les étapes clés, retours d’expériences et recommandations précises pour la sobriété énergétique des bâtiments, les mobilités professionnelles et la sobriété matière.
Ce document illustre comment les entreprises peuvent réduire leur empreinte écologique tout en améliorant leur résilience à travers des pratiques telles que le juste dimensionnement des équipements, la réduction des déplacements professionnels, la rénovation énergétique des infrastructures et la réduction de la consommation des ressources.
« La sobriété : une priorité désormais reconnue … et c’est une bonne nouvelle ! »
Thomas LESUEUR
Commissaire Général au Développement Durable
En octobre 2022, la Première ministre Élisabeth Borne lançait le plan de sobriété en déclarant que « la sobriété est là pour s’installer. C’est une opportunité, pour nous, comme pour notre société ». Renouvelant le concept même de sobriété, elle en faisait une véritable priorité politique qui « n’est pas produire moins et faire le choix de la décroissance, [mais bien] éviter les consommations inutiles et ne pas consommer tous au même moment »
La sobriété dépasse le seul volet de la baisse des consommations liée aux évolutions d’usages et implique des changements des modes de production et de consommation, un questionnement continu des besoins énergétiques et des matières, voire des évolutions des modèles d’affaires.
Le concept de sobriété intègre désormais la stratégie générale de l’entreprise, parce qu’il rejoint les enjeux de décarbonation et de transition énergétique, et qu’il constitue une ressource clé pour déployer une stratégie de transition écologique dans toutes ses dimensions.
Si les entreprises travaillent depuis des années à une meilleure gestion de leurs consommations, la mise en œuvre opérationnelle de la notion de sobriété s’est accélérée en raison du contexte géopolitique et économique actuel.
une démarche de sobriété constitue pour les entreprises une opportunité de devenir plus compétitives.
Patricia SAVIN
Présidente d’ORÉE
À l’heure où les limites planétaires ont des effets significatifs sur la rentabilité économique des entreprises (raréfaction des matières et hausse des coûts d’approvisionnements), se lancer dans une démarche de sobriété constitue pour celles-ci une opportunité de devenir plus compétitives.
Au niveau européen, le Green Deal encourage l’efficacité énergétique et la réduction des Gaz à Effets de Serre (GES) depuis 2019. Dans sa continuité, la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), entrée en vigueur le 1e janvier 2024, renforce le suivi et la responsabilité des entreprises en matière de durabilité avec une obligation de transparence sur les risques qu’elles font encourir à leur environnement et auxquels elles sont exposées.
En France, la sobriété est explicitement mentionnée et intégrée dans la Loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, dans le dernier rapport du GIEC de 2022 et est inscrite dans un plan de sobriété énergétique lancé cette même année.
Ce dernier vise à répondre aux objectifs de diminution de 40 % des consommations d’énergie d’ici à 2050 et à porter la sobriété comme facteur clé de transition énergétique et écologique, induits notamment par la décarbonation et l’anti-gaspillage.
Pour les entreprises, l’énergie consommée est devenue un enjeu important, en termes de compétitivité, et la sobriété énergétique une opportunité de performance écologique et économique.
Diane SIMIU
Directrice du climat, de l’efficacité énergétique et de l’air
à la Direction générale de l’énergie et du climat
Divers chemins peuvent être empruntés pour changer les pratiques internes d’une organisation, allant de la diminution des consommations au changement de modèle économique, en plaçant la question du besoin au centre des réflexions.
Résumé
La crise énergétique née du conflit ukrainien et des effets prix de l’énergie qui en ont découlé, ainsi que de la disponibilité amoindrie du parc nucléaire français à l’hiver 2022, a entraîné un re-questionnement des stratégies des entreprises de tous les secteurs, devant être plus résilientes pour être plus durables.
Au-delà des situations de crise et des attentes règlementaires, la sobriété s’est imposée comme une démarche incontournable pour garantir le fonctionnement pérenne des entreprises, à la fois plus durables, adaptables et efficientes, dans un paysage économique en évolution continue.
Le présent rapport, rédigé par ORÉE à la demande du Commissariat Général au Développement Durable (CGDD), a pour vocation de servir de guide aux entreprises pour la mise en œuvre opérationnelle de la sobriété. Grâce à la contribution et aux témoignages d’une soixantaine d’entreprises, de véritables retours d’expériences ont pu être formalisés, et ont permis de mettre en lumière des bonnes pratiques sur trois axes spécifiques : la sobriété énergétique des bâtiments et des locaux professionnels, les mobilités professionnelles et la sobriété des matières.
Devenant un axe stratégique fort, une démarche de sobriété doit s’appuyer sur un engagement ferme de la gouvernance de l’organisation avec la définition d’objectifs précis et la mise en place de plans d’actions adaptés pour bénéficier de résultats chiffrables et objectivables.
Elle nécessite également un changement de paradigme dans la manière dont les entreprises conçoivent leurs produits, leurs services et leurs opérations. Centrées sur la réduction des consommations énergétiques et des ressources, sur l’optimisation des processus et de plus en plus souvent sur un questionnement des besoins, les actions dans la conception, la production, la commercialisation et l’ensemble des usages professionnels sont nombreuses.
L’étude a montré que pour les bâtiments, locaux et installations physiques, le dimensionnement approprié des équipements, la régulation des températures et l’investissement dans la rénovation énergétique des infrastructures sont privilégiés.
Dans le domaine de la mobilité, les entreprises cherchent à réduire les déplacements professionnels non nécessaires, y compris par le télétravail, à favoriser les transports en commun et les mobilités douces.
La sobriété matière, quant à elle, consiste d’abord à réduire la consommation des ressources. Cela englobe les pratiques telles que le réemploi, l’éco-conception des produits pour prolonger leur durée de
vie ou le recyclage pour valoriser les déchets.
Certaines entreprises vont plus loin et se posent la question d’un changement ou d’une diversification des modèles économiques, aujourd’hui essentiellement basés sur des volumes.
Pour s’assurer de l’efficacité de leurs stratégies de sobriété, les entreprises mettent en place des systèmes de mesure et de suivi adaptés pour quantifier les progrès réalisés. La transparence dans la communication de ces performances, à travers des rapports RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) par exemple, renforce la crédibilité des engagements des entreprises et favorise la confiance des parties prenantes.
Ces initiatives contribuent également à sensibiliser et à mobiliser les chaînes de valeur. En effet, une démarche de sobriété se veut systémique et nécessite donc d’impliquer l’ensemble de son écosystème, du fournisseur au consommateur.
Les recommandations formulées par ce rapport visent à accompagner les entreprises dans l’implémentation de pratiques sobres, comme gage de pérennité à moyen et long terme en renforçant leur positionnement sur le marché et en leur permettant de contribuer efficacement à la transition
écologique