La voiture, autrefois symbole de liberté individuelle, est aujourd’hui l’une des principales causes de pollution urbaine. En France, le secteur des transports représente près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), avec l’automobile en première ligne. Pourtant, paradoxalement, la voiture pourrait devenir une partie de la solution à cette crise environnementale, à condition qu’elle devienne partagée et que l’électrique prenne une place croissante dans cette transition.
Ces dernières années, la mobilité partagée a pris une place croissante dans les débats publics et les politiques de transport. Covoiturage, autopartage, vélos en libre-service, scooters électriques : ces solutions se sont multipliées, répondant aux besoins de flexibilité tout en contribuant à la réduction de l’empreinte carbone des déplacements.
Près de 900 000 trajets de covoiturage sont réalisés chaque jour en France (Observatoire du covoiturage), mais le Plan national de covoiturage (2023-2027) vise à tripler ce nombre pour atteindre 3 millions de trajets quotidiens. Si cet objectif est atteint, cela permettrait de réduire les émissions de 4,5 millions de tonnes de CO2 par an, soit environ 1 % des émissions annuelles de la France. La voiture individuelle, lorsqu’elle est partagée, devient ainsi un vecteur efficace de transport collectif.
Covoiturage : une nécessité pour lutter contre l’autosolisme
Le principal enjeu réside dans l’autosolisme : en France, 9 conducteurs sur 10 voyagent seuls pour les trajets domicile-travail (Ministère de la transition écologique). Cette habitude, qui est presque devenue une norme, est l’une des raisons majeures de l’impact écologique de la voiture. Pour remédier à cette situation, les autorités publiques ont pris des mesures fortes pour encourager le covoiturage au quotidien, notamment avec des incitations financières et le développement d’infrastructures spécifiques.
Le Plan national de covoiturage du quotidien fixe des objectifs clairs : il ne s’agit pas seulement de tripler les trajets en covoiturage, mais aussi de changer les mentalités et de rendre cette pratique courante pour les trajets domicile-travail. Ce plan inclut des mesures incitatives comme des subventions aux collectivités pour développer des plateformes locales de covoiturage ou des parkings adaptés.
Mobilité partagée : une approche complémentaire
La voiture partagée n’est qu’un volet de la mobilité partagée. Les services de vélos et de scooters en libre-service se multiplient également dans les villes françaises. À Paris, le nombre de trajets en Vélib’ a atteint 44,3 millions en 2022 et depuis le début du mois de septembre, les Franciliens étaient plus de 4,1 millions de courses recensées au 24 septembre 2024, dont 53 % en VAE (Vélo à Assistance Électrique), soit en moyenne 171.288 courses chaque jour.
Ces services permettent de désengorger les routes, de réduire la pollution sonore et atmosphérique et de proposer des alternatives flexibles aux habitants des zones urbaines. Cependant, pour que ces pratiques deviennent la norme, les infrastructures doivent suivre. Des villes comme Amsterdam et Copenhague montrent qu’avec des investissements massifs dans les pistes cyclables et les services de partage, les trajets en voiture individuelle peuvent être significativement réduits. Aux Pays-Bas, 27 % des trajets sont réalisés à vélo, contre seulement 3 % en France, ce qui illustre bien l’importance de l’infrastructure.
Une transition nécessaire pour l’avenir
Face à l’urgence climatique, il est impératif de revoir nos modes de déplacement. La voiture individuelle, dans sa forme actuelle, n’est plus adaptée aux enjeux écologiques d’aujourd’hui. Mais en devenant partagée, elle pourrait jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de CO2, tout en répondant aux besoins de flexibilité des usagers.
Pour réussir cette transition, il est essentiel que tous les acteurs – entreprises, collectivités locales, et citoyens – s’engagent. Des incitations financières pour encourager le covoiturage et l’autopartage, des investissements dans les infrastructures de modes de transport doux, et une sensibilisation à grande échelle seront nécessaires pour changer les habitudes de mobilité. Si les freins à l’adoption sont levés, la mobilité partagée peut devenir un pilier central de la transition écologique.
En définitive, la mobilité partagée, qu’il s’agisse de covoiturage, d’autopartage, ou de services de vélos et de scooters, offre une opportunité de repenser la façon dont nous nous déplaçons. Elle peut non seulement réduire notre empreinte carbone, mais aussi améliorer la qualité de vie en ville en réduisant le trafic et en rendant l’espace public plus agréable. Ensemble, nous pouvons créer un avenir plus durable, où la mobilité sera à la fois plus intelligente et plus respectueuse de l’environnement.
La voiture, en devenant partagée, pourrait-elle devenir l’une des solutions aux problèmes qu’elle a participé à créer ?
A propos de Daniela Simões
Daniela Simões, cofondatrice et PDG de miio, s’est inspirée de sa propre expérience avec les véhicules électriques pour créer une start-up qui a pour but de simplifier la mobilité électrique et la recharge. Titulaire d’un Master en informatique et faisant partie des Forbes 30 Under 30 au Portugal, l’entrepreneuse de 27 ans a également lancé l’application miio pour faciliter la transition énergétique et potentialiser la croissance de la mobilité électrique en Europe. miio compte actuellement plus de 300 000 utilisateurs dans trois pays différents, et fournit un service complet et personnalisé aux propriétaires de VE.