Avec une apparente bonne volonté, la commission des Finances de l’Assemblée a adopté mardi un amendement instaurant une taxe de 0,15 euro sur chaque sac de caisse en plastique [[Selon le ministère de l’écologie, la distribution de sacs de caisse est passée de 10,5 milliards d’unités en 2002 à 2,1 milliards en 2007, soit une baisse de 80% en 5 ans]] et de 0,10 euro sur chaque sac en plastique pour fruits et légumes. Cet amendement vise à favoriser l’utilisation de sacs en plastique biodégradables. Problème selon France Nature Environnement (FNE) : les sacs bio-dégradables consomment des ressources, de l’énergie, et risquent pour la plupart de ne jamais se « bio-dégrader » puisqu’ils seront enfouis ou incinérés.
Les sacs à usage unique posent de nombreux problèmes écologiques : ils consomment des ressources pour un usage limité, ils se transforment en déchets après quelques minutes d’utilisation, et ont un impact néfaste lorsqu’ils se retrouvent dans la nature (dégradation des paysages, étouffement des prédateurs marins qui les confondent avec des méduses).
Les sacs à usage unique biodégradables permettent d’éviter partiellement les conséquences négatives de ces sacs dans la nature. Mais, pour Bruno Genty, responsable consommation-déchets chez FNE « comme les sacs en papier et les sacs en plastique, les sacs biodégradables restent des produits jetables et riment toujours avec gaspillage de ressources, pour leur fabrication comme pour leur transport. »
En matière de sacs de caisse, les efforts doivent avant tout se concentrer sur la réduction du nombre de sacs utilisés en favorisant le recours à des solutions réutilisables : un bilan environnemental de 2005 (Evaluation des impacts environnementaux des sacs de caisse Carrefour : Analyse du cycle de vie de sacs de caisse en plastique, papier et matériau biodégradable – 2004), dont la revue critique a été organisée par l’ADEME confortait cette position de bon sens. L’étude soulignait l’avantage environnemental des sacs cabas réutilisables par rapport aux sacs « jetables » et ce quel que soit le matériau constitutif du sac « jetable » (plastique, papier ou amidon de maïs).
Quant à leur biodégradabilité, elle n’a pas de sens pour la majorité de ces sacs, qui seront brûlés dans des incinérateurs, ou enfouis dans des décharges, une fois utilisés.
« La prolifération de sacs bio-dégradables signifierait un retour en arrière, un retour en force du jetable » poursuit Bruno Genty. En effet, depuis trois ans, la consommation de sacs à usage unique à été réduite de plus de 50%, sans taxe, mais grâce à la promotion des sacs-cabas réutilisables. Avec le nouveau sac bio-dégradable, va-t-on observer une nouvelle croissance des sacs jetables ?
Pour France Nature Environnement, les députés feraient mieux d’inciter les plasturgistes français à aller vers la fabrication de sacs réutilisables, qui sont aujourd’hui majoritairement fabriqués à l’étranger, plutôt que de vouloir promouvoir les sacs biodégradables, presqu’aussi polluants que les sacs de caisse en plastique.