La Société Générale a annoncé officiellement son retrait du projet controversé de barrage d’Ilisu en Turquie. Les Amis de la Terre se félicitent de ce retrait demandé depuis 2007 : la Turquie violait systématiquement ses obligations en laissant entiers les problèmes environnementaux, sociaux, culturels et politiques que le projet posait. La Société Générale doit désormais en tirer les conséquences et adopter dans les plus brefs délais des politiques sectorielles exigeantes si elle veut éviter ce genre de claque pour sa réputation à l’avenir.
historique et contexte (2008): Le barrage d’Ilisu en Turquie va déplacer de force jusqu’à 78 000 Kurdes et engloutir à jamais un patrimoine historique inestimable de la Mésopotamie. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse viennent de lancer le processus de retrait de leurs garanties publiques à l’exportation suite à la violation massive par la Turquie des 150 conditions sociales et environnementales attachées au projet. Après avoir rencontré la Société Générale lundi, les Amis de la Terre ont manifesté hier devant le siège de la banque à La Défense avec d’autres organisations (1) et lancent aujourd’hui une cyberpétition (2) pour exiger son retrait immédiat d’un projet inacceptable. Communiqué du 9 juillet 2009 C’est officiel ! La Société Générale vient d’annoncer le retrait de son soutien au financement export du projet de barrage d’Ilisu[1]. « C’est une victoire historique pour les ONG, dont les Amis de la Terre, et la campagne internationale « Stop Ilisu » qui s’opposent à ce projet depuis des années et n’ont eu de cesse de démontrer que la Turquie violait les obligations liées à ce projet et que les problèmes environnementaux, sociaux, culturels et géopolitiques restaient non résolus » déclare Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre. La décision de la Société Générale intervient dans la foulée de celle des gouvernements allemand, autrichien et suisse qui viennent de retirer leur garantie contre les risques à l’exportation pour ce projet. Ils ont définitivement reconnu, après six mois de tergiversations, que la Turquie ne respecterait pas les standards environnementaux et sociaux de la Banque mondiale, en particulier le déplacement de plus de 55 000 personnes en majorité kurdes et la protection du patrimoine culturel de la ville de Hasankeyf. « La protection des personnes, des biens culturels et de l’environnement est reconnue prioritaire aux intérêts économiques à court terme : c’est une évolution importante », se réjouit Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre. Ces décisions devraient permettre d’empêcher, au moins à court terme, le financement du barrage controversé. En outre, cette décision empêchera la Turquie d’accéder à de l’argent public européen destiné à la construction d’autres barrages. « Ce retrait met en évidence la nécessité pour la Société Générale de se doter dans les plus brefs délais de politiques sectorielles de réduction des risques afin de ne plus être impliquée à l’avenir dans de tels projets. Le besoin est énorme puisqu’on retrouve par exemple la Société Générale dans 12 des 14 projets controversés mis en exergue sur le site Internet www.secretsbancaires.fr lancé le 25 juin dernier. La crédibilité de la banque, déjà ridiculisée dans l’affaire Kerviel et rattrapée par le scandale des subprimes, pâtit encore de son soutien à de nombreux projets et entreprises irresponsables » conclut Yann Louvel. [1] Voir le communiqué de presse de la Société Générale « Bank Austria, DekaBank et Société Générale retirent leur soutien au financement export du projet Ilisu » accessible en ligne à la page suivante