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La sobriété : Valeur et levier d’action de la jeunesse face à une crise multidimensionnelle – Une note du Comité 21 de Juillet 2022

hkvn5.png Cette note fait suite à une première publication du Comité 21 qui définissait la sobriété comme fil vert de la transformation. Pour poursuivre la réflexion, nous nous sommes interrogés sur le rôle de la jeunesse pour conduire cette transformation sobre. Nous remarquons tout d’abord que les jeunes doivent faire face aux nombreuses crises du 21ème siècle, en plus des inégalités et de leur manque de pouvoir. Ces nombreuses difficultés élèvent un mur face à la bonne volonté des jeunes qui entretiennent donc une relation paradoxale avec la sobriété. Alors comment garantir aux jeunes le devenir d’acteurs de la transformation ? La jeunesse parviendra-t-elle à mener la transition vers un modèle durable? Ou bien sera-t-elle passagère clandestine dans les bouleversements qui nous attendent ?

Introduction générale

L’année 2022 restera dans l’histoire comme une année frappée par la diversité et la multiplicité de ses crises : climat et biodiversité (de façon récurrente désormais), sanitaire depuis 2020, et économique du fait de la guerre en Ukraine et des autres conflits mondiaux. Plus de 17% des espèces animales et végétales françaises sont menacées de disparition[[Comité français de l’UICN, Muséum national d’Histoire naturelle et OFB. « Liste rouge des espèces menacées en France », mars 2021]] ; nous aurions dépassé une limite planétaire supplémentaire (5 dépassées sur 9[[Selon les données du Stockholm Resilience Center]]) ; des dizaines de milliers de tonnes de déchets médicaux[[Chiffres de l’OMS]] issus de la crise COVID-19 mettent à rude épreuve les systèmes de gestion des déchets ; les pénuries de matières premières se généralisent [[Les Echos, « Difficultés d’approvisionnement, la crise n’est pas encore terminée », 15 février 2022]] et les prix s’envolent à cause de la guerre en Ukraine[[France TV Info, « Crise Russie-Ukraine : gaz, blé, pétrole… Quelles sont les conséquences économiques possibles pour les Français ? », février 2022]]. Toutes ces crises révèlent des dysfonctionnements de notre société : un modèle de développement insoutenable pour la planète, la fragilité de nos systèmes de santé les plus avancés, notre dépendance énergétique etc. Ces perspectives assombrissent le quotidien des jeunes et leur avenir, en leur donnant l’impression qu’ils n’ont pas droit, contrairement aux générations de leurs parents, à l’insouciance, la légèreté et au rêve. La jeunesse du 21ème siècle est contrainte de se projeter dans un monde au paroxysme de ses incertitudes, marqué par une triple crise planétaire et des instabilités sanitaires, géopolitiques et économiques. Ce qui distingue en effet cette génération des précédentes, est bien la difficile projection vers un avenir stable puisque les perspectives de multi crises sont avérées. Bien que le niveau de vie soit globalement meilleur que les générations antérieures (santé, éducation, soutien familial etc), il n’y a pas « d’après crise » dans laquelle nous pourrions nous projeter à notre échelle, comme on pouvait l’espérer d’un « après-guerre ». Des responsables économiques ou politiques semblent attendre, de plus, que les solutions viennent des jeunes, de leur révolte, de leur optimisme et de leur vision nouvelle. La jeunesse, pourtant démunie, se retrouve alors un peu plus accablée de responsabilités. Ainsi, elle appelle à des modes de vie plus sobres, sans cependant avoir les moyens de convaincre les forces économiques en présence. Car les jeunes, s’ils souhaitent faire changer notre modèle, n’ont pas toujours la capacité ou la possibilité d’être entendus pour faire « bouger les choses ». Par ailleurs, ils ne sont pas tous égaux face à ces difficultés : jeune homme, jeune femme, jeune appartenant à une minorité LGBTQ, jeune en situation de handicap, étudiant (en faculté, en école privée, en études professionnelles spécialisées etc.), sans emploi, propriétaire, locataire, sans domicile, habitant chez ses parents, en premier emploi, proche-aidant d’un membre de son entourage, jeune parent, issu(e) d’une famille aisée, issu(e) d’une famille en situation de précarité, etc. Aussi observe-t-on que les jeunes ont intégré dans leurs choix et leurs projets de vie l’ensemble de ces difficultés : beaucoup veulent consommer moins et mieux, travailler moins et vivre mieux[[France Info, « « Travailler moins pour vivre mieux » : qui sont ces jeunes qui prônent le « détravail » ? », 07/01/2022]] ou[[Le Monde, « Ces jeunes qui refusent d’avoir des enfants, entre acte écologique et angoisse de l’avenir », 02/09/2021]] encore refusent de faire des enfants pour des raisons écologiques.
Ces choix sont subis car ils répondent à des problèmes dont ils ne sont pas à l’origine mais dont ils sont et seront les principales victimes.
« En tant qu’humanité, que société, c’est complètement délirant de se dire que l’on fait grandir des gens dans une incertitude la plus totale [[Interview Le Monde, « Camille Etienne : « Quand le réel devient intolérable, il faut prendre en main l’histoire pour la dévier » », 10/12/2021]]», énonçait la jeune militante Camille Etienne . Alors comment les jeunes générations peuvent-elles vivre avec cette incertitude, cette angoisse ? Paradoxalement, malgré ces crises multiples, 75% des 16-25 ans seraient optimistes pour leur avenir en France, selon le baromètre Jeunesse & Confiance publié en novembre 2021. Ils estiment qu’ils pourront compter sur leur entourage pour les soutenir en cas de crise, mais ils placent peu de leur confiance entre les mains des institutions, comme nous le verrons dans cette note. Leur optimisme et leur espoir nourrissent leurs actions : grèves du vendredi à l’école, marches pour le climat, pétitions, réseaux sociaux, orientation professionnelle engagée etc. Toutes ces actions galvanisent une partie de la jeunesse qui reprend espoir et se retrouve autour de la lutte contre le dérèglement environnemental. Plutôt que de subir le changement, les jeunes peuvent contribuer au changement. La sobriété est-elle un chemin possible pour y parvenir ? La sobriété, fil vert de la transformationTélécharger l’étude du Comité 21 sur La sobriété, fil vert de la transformation Après avoir publié une étude sur la sobriété (La sobriété, fil vert de la transformation), nous nous intéressons dans cette note à la manière dont la jeunesse envisage la sobriété qu’elle semble prôner[[Pierre Bourdieu, Entretien avec Anne-Marie Métailié, Les jeunes et le premier emploi, Paris : Association des Ages,1978, pp.520-530.]]. Mais qu’est-ce que la jeunesse ? Selon Pierre Bourdieu, « la jeunesse n’est qu’un mot » (1978) . La jeunesse incarne un âge transitoire, le passage de l’enfant à l’adulte. Elle a évolué en fonction des périodes et des cultures. Pour certaines d’entre elles, le passage à l’âge adulte est symbolisé par des rituels[[Maia Pomadère, « Classes d’âge et rites de passage : des catégories problématiques pour le monde égéen à l’Âge du Bronze », article publié en 2017]], le mariage, ou encore la parentalité. En France, une loi du 21 juin 1907 fixait la majorité à 21 ans, et une seconde loi du 5 juillet 1974, toujours en vigueur, fixe la majorité légale à 18 ans. Passer à l’âge adulte induit l’obtention de son indépendance juridique : on devient un citoyen à part entière, responsable de ses actions. Cette responsabilité va de pair avec l’obtention du droit de vote. En période d’élections comme dernièrement, certains candidats proposent de réduire la majorité à 16 ans. Cette majorité « juridique », qui donne accès à des droits économiques et sociaux plus avancés est- elle cohérente avec la maturité de ces jeunes adultes et leur capacité à prendre des décisions ? Les jeunes interrogés disant ne pas voter, alors qu’ils en ont le droit, se justifient souvent par leur manque de connaissances et de capacité à juger les projets des candidats. Selon une étude, réalisée par l’Observatoire de la maturité (entreprise de sondage IPSOS) auprès de 8 pays occidentaux[[Allemagne, France, Italie, Espagne, Grande Bretagne, USA, Chine et Japon]], le passage « réel » à l’âge adulte se situerait à 27 ans. Cette étude identifie en effet plusieurs périodes du développement des humains. Le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) affirme également qu’« entre 18 et 30 ans, soit sur une douzaine d’années, les jeunes vivent un âge de la vie très spécifique, marqué par l’émancipation de la famille d’origine, la socialisation entre pairs, l’exploration du monde et l’adhésion à la modernité, en dépit de la faiblesse de leurs ressources. Il s’agit d’un temps aux limites floues, s’épanouissant entre la libération d’une existence bridée, celle de l’enfant, et l’entrée dans le statut d’adulte, défini par la conquête d’une place, professionnelle et sociale, et l’acceptation des responsabilités qui vont de pair . » [[CREDOC, Cahier de recherche « Les jeunes d’aujourd’hui : quelle société pour demain ? », décembre 2012]] C’est donc d’abord par la construction du « moi » que les jeunes se définissent une place dans la société, qu’ils deviennent petit à petit des citoyens à part entière, et qu’ils acquièrent la capacité de devenir eux-mêmes acteurs de l’évolution de la société. Ces années de construction de leur personnalité sont marquées par la découverte, la recherche de sens et la projection dans le futur. Lorsque nous mentionnerons la « jeunesse » dans notre analyse, nous parlerons donc des 17-30 ans qui sont les plus concernés par les conséquences de ces crises, même si nous considérons que la jeunesse est un concept multiforme et évolutif. Il s’agira donc de tenter d’interpréter les réactions de la jeunesse face aux « multi crises », puis de considérer si la sobriété est pour eux, une réponse, une réaction, ou un engagement, enfin d’évaluer le rôle et l’influence que les jeunes peuvent avoir dans l’adoption d’un nouveau modèle plus sobre.

La sobriété : Valeur et levier d’action de la jeunesse face à une crise multidimensionnelle – Une note du Comité 21 de Juillet 2022

La sobriété : Valeur et levier d’action de la jeunesse face à une crise multidimensionnelle – Une note du Comité 21 de Juillet 2022Télécharger la Note « La sobriété : Valeur et levier d’action de la jeunesse face à une crise multidimensionnelle » du Comité 21 de Juillet 2022

 

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