Mercredi 30 janvier, près de 3.000 personnes se sont réunies devant l’Espace Reuilly à Paris pour participer au lancement de la (R)évolution des Colibris. Loin d’imaginer une telle affluence, le Mouvement n’a pu accueillir que 800 personnes dans la salle réservée pour l’occasion. Photos, témoignages et vidéo pour revivre le lancement de La (R)évolution des Colibris !
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Témoignages
Nous avons été particulièrement touchés de voir toutes ces personnes réunies pour soutenir le lancement de la campagne, de sentir l’engouement dans la file interminable, et à la fois très contrariés de ne pouvoir faire entrer tout le monde. Nous nous excusons et remercions tous ceux qui ont attendu dans le froid, qui sont venus de loin et qui ont consacré du temps et de l’énergie à cette expérience. Nous referons bientôt un événement pour vous !Les colibris s’organisent !
Heureusement, la frustration a très vite laissé place à un élan chaleureux et constructif de centaines de colibris qui n’ont pas pu assister à la conférence. Ils ont décidé de profiter de cette occasion pour entamer leur propre (R)évolution dans la rue. Des petits groupes de discussions se sont organisés devant les portes de l’Espace Reuilly avant d’investir cafés, squares et coins de rue du quartier et de s’organiser en petites assemblées.
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Vidéo intégrale
Ci-dessous la vidéo intégrale de la conférence (très bientôt en HD)Conférence de lancement de la (R)évolution des colibris from Mouvement Colibris on Vimeo.
Compte-Rendu
Reporterre
Pierre Rabhi lance la « révolution des colibris » devant une salle comble
Dix minutes avant l’ouverture des portes, c’est l’effervescence chez les organisateurs ; on distingue, derrière les grandes baies vitrées, la foule alignée en file indienne. Il y a du monde, beaucoup de monde. Il y en aurait jusqu’au bout de la rue dit-on, et même après le coin, dessinant un « Z » patient mais costaud, dans les rues calmes du quartier de Montgallet. Un an après la « fausse » campagne présidentielle de Pierre Rabhi au nom du mouvement des Colibris, le message a bel et bien été entendu, et les soutiens sont au rendez-vous. 20 minutes plus tard pourtant, les mines sont presque déconfites : les portes enfin ouvertes, un flot continu de fidèles s’est engouffré dans les escaliers et la salle de l’Espace Reuilly – qui peut accueillir 750 personnes – s’est remplie à ras bord en quelques minutes. Le succès a dépassé les attentes, la stupéfaction laissant progressivement place à un constat amer : tout le monde ne pourra pas entrer…
Les responsables se concertent, débordés par l’affluence : « Il y a des gens qui viennent de Lyon ou de Montpellier, c’est terrible, on ne peut pas les laisser dehors… ». Finalement, quelques courageux se chargent du crève-cœur : pour des raisons de sécurité évidentes, la salle ne peut plus abriter plus de monde, et après mille excuses, rendez-vous est pris pour de nouvelles échéances très rapidement… Pendant ce temps, Anne-Marie, bénévole historique, regrette presque que le mouvement « n’ait pas eu l’ambition de sa réussite. Des fois, je me souviens, on était qu’une centaine… Maintenant, c’est bientôt Bercy qu’il faudra réserver ! ». Bilan comptable, en ce soir du 30 janvier : près de 3 000 personnes se sont déplacées, selon les organisateurs, à peine un tiers pourra participer directement à l’événement.
Mais qu’est-ce qui a donc suscité tant de réactions aux quatre coins de la France ? Il s’agit d’une conférence participative pour lancer la nouvelle campagne du mouvement, intitulée « la (R)évolution des Colibris », et permettre ainsi de discuter collectivement de la feuille de route « le Plan des Colibris » avec tous les membres, soutiens et bénévoles du réseau Colibris.
Colibris, colibris, colibris ? C’est le nom poétique pris en 2007 par le mouvement fondé par Pierre Rabhi, anciennement appelé Mouvement pour la Terre et l’Humanisme. En 2012, les Colibris font une campagne originale, « Tous candidats ». Aujourd’hui, la structure est aussi nébuleuse que le projet n’est ambitieux. Le prospectus à l’entrée ose une première définition : « Colibris est un mouvement de citoyens décidés à construire une société vraiment écologique et humaine ». Puis une deuxième : « Colibris a pour mission d’inspirer, relier et soutenir toutes les personnes qui participent à construire un nouveau projet de société ». Le directeur des Colibris, Cyril Dion, dessine les contours du mouvement : « Nous faisons le constat qu’il existe actuellement une force qui réinvente la société depuis sa base, et Colibris est la structure-relais de toutes ces mobilisations locales. L’objectif est d’aider les gens à agir ». Mais qu’est-ce vraiment ? un think tank, un courant politique, un adversaire en gestation en vue des futures luttes électorales ? « Non, nous ne serons jamais un mouvement politique, nous ne prendrons jamais position lors des échéances politiques. A terme, nous voulons orienter les décisions publiques, en restant à l’échelle citoyenne. Notre rôle est d’ensemencer ». Concrètement, Colibris est une association d’intérêt général, qui se finance majoritairement, depuis 2012, par le don citoyen et qui emploie 7 salariés.
Chloé est venue de Nantes uniquement pour l’occasion, cela lui a coûté un jour de congé et un aller-retour en train. Colibris en vaut largement la peine : « Cela permet de réaliser qu’il existe plein d’alternatives et de projets locaux. Colibris tisse la toile entre toutes ses initiatives, c’est un travail absolument nécessaire ». Le mouvement est donc ce vivier d’initiatives qui portent un nouvel élan d’espoir. Et lorsqu’on lui demande si les Colibris peuvent s’apparenter à de nouveaux Indignés, la jeune femme est catégorique : « Non, ce n’est pas de la contestation ! au contraire, c’est de la création, on montre qu’autre chose peut exister, c’est possible ».
La philosophie du mouvement : re-responsabiliser l’individu
Le mouvement des Colibris est de l’ordre de l’utopie concrète, dans cette tentative de réconciliation entre l’idéal et le monde vécu. La raison d’être du mouvement réside probablement là, d’ailleurs, dans sa philosophie d’action : re-responsabiliser l’individu et redonner confiance dans la capacité personnelle et quotidienne d’agir concrètement pour le changement. Les inspirations gandhiennes sont à peine voilées : « Soyons le changement » est ainsi le slogan de la nouvelle Révolution.
Le Mahatma des Colibris, c’est Pierre Rabhi, et c’est lui qui exprime le mieux cette pensée : « La crise, nous la cherchons partout, alors que nous l’avons en nous-mêmes. Tous les jours, à travers nos choix de consommation, nous déterminons un modèle de société. C’est à nous de changer le paradigme dominant ».
Réaccorder les valeurs et le mode de vie. Rejouer ensemble le fond et la forme. Cette conférence « participative » était l’occasion de convertir les discours en actes, en renouvelant les modes d’échange par exemple. Les « forums de proximité » qui offraient des temps de discussion entre voisinage ont permis de mettre en débat les exposés des intervenants. Car de beaux noms se sont relayés sur la scène, autour de Pierre Rabhi, entre Thierry Salomon – président-fondateur de Négawatt – et Jacques Caplat – auteur de L’Agriculture biologique pour nourrir l’humanité. Tous étaient là pour présenter la feuille de route qui guidera cette campagne de près de 18 mois, autour de 5 thèmes prioritaires qui se succèderont dans le temps :
1/ l’économie : relocaliser,
2/ l’agriculture : planter ce que nous mangeons,
3/ l’éducation : révolutionner l’école,
4/ la démocratie : réinventer un modèle pour la Cité,
5/ l’énergie : économiser et produire renouvelable.
Avec toujours le souci d’associer le geste et la parole : à côté des programmes d’actions locaux, cette feuille de route sera également soumise à amendements. Une version 1.0 est mise en ligne sur un espace collaboratif, qui sera actualisé tous les 6 mois afin de l’enrichir des commentaires et propositions de chaque citoyen.
Il reste à expliquer ce succès que les organisateurs n’avaient pas anticipé. Pour beaucoup, c’est un révélateur important, le signe qu’on s’enfonce dans la crise. « Regardez dans quel monde on vit… c’est un terreau propice à ce genre de mouvements qui cherchent des réponses », souffle Anne-Marie. Laurent, un autre bénévole surpris, confirme : « Cela traduit bien qu’il y a un immense besoin d’espoir, une volonté forte de réenchantement. Pour moi, on tombe finalement dans le registre de la religiosité, une sorte de nouvelle religion laïque ».
Cette approche spirituelle est probablement la marque du Père fondateur : « On s’est rendu compte que Pierre Rabhi transmettait quelque chose aux gens, et que cela avait à voir avec la spiritualité. Il peut être vite dépassé par ce qu’il insuffle » commente Céline Morel, la responsable communication des Colibris.
L’arrivée sur scène confirmera que son charisme transcende les foules : une longue ovation d’un public qui se lève en son honneur et l’émotion perceptible d’un homme respecté. « C’est toujours le même problème, j’ai pas fait de stage avec Johnny Hallyday moi, je sais jamais comment faire face à tant de monde… ». Un mouvement à l’image de son représentant adulé, nous confiera encore Céline Morel : « Il n’y a pas d’idées de grandeur ; ce qui plaît aux gens, ce sont des scénarios compréhensibles, car ils peuvent se les approprier et en devenir acteurs. C’est ça, Colibris ».
Au fait, pourquoi les colibris ? La réponse nous vient du côté de l’Amérique du sud, dans une légende chère à Pierre Rabhi. L’histoire veut qu’un jour, alors qu’un incendie ravageait la forêt et que tous les animaux regardaient désemparés le désastre se produire, le colibri, lui, s’activait de son côté, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Un tatou, agacé de cette agitation dérisoire lui dit alors : « N’es-tu pas fou Colibri ? crois-tu vraiment éteindre le feu avec ces gouttes d’eau ? » Et le colibri de répondre : « Non, mais je fais ma part… »
Hier soir, le colibri n’était plus vraiment seul, et sa petite goutte d’eau, associée à celle de ses camarades, a pris du volume. Preuve que le calendrier avait été bien étudié : avec ce froid, l’histoire de la petite goutte d’eau pourrait vite faire effet boule-de-neige… C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
– http://reporterre.netEcolo Info
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Voir Autrement
Agora, une expérience de démocratie directe 31 janvier 2013 | Rédigé par John[[Un peu poète, un peu extraterrestre, définitivement humain, je me sers de ce blog pour garder une trace de mes divagations. N’hésitez pas à y aller de votre petite remarque : plus on est de fous, plus on rit. Si trop sérieux, s’abstenir.]] dans: Wake upMercredi 29 janvier 2013. Les colibris lancent leur (r)évolution. Ca se passe à l’espace Reuilly. A 19h30, la salle de huit cent personnes est bondée. Plus de mille deux cent personnes restent sur le trottoir. Beaucoup étaient venus de loin, certains depuis l’autre bout de la France. Alors que les gens commençaient à se disperser, quelqu’un a apostrophé les gens en leur disant : « Il y a un parc à côté. Venez, on va aller discuter. Comme ça, on ne se sera pas déplacés pour rien ! » Une petite dizaine de personnes se sont détachées de la foule. Un deuxième passage en a rassemblé encore une cinquantaine. D’autres encore ont rejoint le mouvement plus tard. On discute quelques instants pour décider de la façon de procéder. On fait un cercle, un banc public devient une estrade improvisée. Ceux qui le désirent montent dessus pour parler. Une femme prend la parole pour nous inviter à une réunion sur les créatifs culturels. Elle évoque la nécessité de créer au quotidien pour ne plus subir et de sortir de la logique de consommation. – http://fr.viadeo.com/fr/event/00611so95ugpbizz/evenement-creatifs-culturels-paris-7-fevrier Deux membres de l’association Montreuil environnement racontent leurs actions : investir l’espace public pour planter des potagers en libre service. S’ensuit un dialogue entre les participants pour savoir si ce genre d’actions peut être reconduit n’importe où dans la mesure où la ville de Montreuil est particulièrement ouverte à ce genre d’idées, ce qui n’est pas le cas d’autres endroits où la Mairie et les services municipaux risquent de mettre leur veto. On convient que dans certains cas, il est préférable de procéder discrètement et sans autorisation. Il est aussi avancé qu’il est facile de propager ses plantes à partir de chez soi, puis sur le palier, puis dans la cour d’immeuble, avant de gagner la rue. – http://montreuil-environnement.blogspot.fr/2012/05/nos-incroyables-comestibles.html Un Belge de l’association d’agriculteurs bios « les paniers vert » raconte son projet de voyage d’étude auprès de différentes communautés à travers le monde (Hamishs de Pennsylvanie, Kibboutz, etc…) afin d’étudier leur fonctionnement. Il avance l’idée que les solutions ne sont ni politiques ni territoriales mais doivent partir d’initiatives individuelles et dispersées. – http://www.lespaniersverts.be/ Deux jeunes insistent sur le fait que toutes sortes d’actions étaient possibles à un niveau individuel, que ce soit la récupération de livres, de meubles, d’examiner avec attention les provenances des produits qu’on achète. Alex annonce qu’elle a envie de bouger et qu’elle est disponible pour aider à monter ou organiser des projets orientés durabilité. Jean et Léo parlent de la ferme du bonheur, un potager en permaculture squatté sur le terre plein de l’autoroute qui passe sous les tours de la Défense. Chacun peut venir mettre les pouces dans la Terre le dimanche après-midi. – http://lafermedubonheur.over-blog.net/ Matthias, un thérapeute parle d’un de ses amis qui répare des composants électroniques et nous a invité à le soutenir. Il embraye sur les possibilités offertes par les psychédéliques pour soigner certains troubles psychiques. Un inconnu parle du problème que représente le volume toujours croissant des données échangées sur Internet, tant du point de vue de l’énergie dépensée pour faire tourner les serveurs (5% de l’énergie mondiale en 2012) que des ressources pour les produire. Le virtuel est une illusion. Il insiste sur le fait que l’écologie n’est pas tant un problème matériel que de comportement et de sobriété dans nos actions quotidiennes. Il évoque aussi rapidement l’importance de la compréhension des dynamiques sociales pour influer sur les comportements. Enfin, d’autres personnes ont un peu parlé d’anarchie et de démocratie directe mais une jolie blonde avait déjà capté toute mon attention et je n’ai rien suivi. Un monsieur inquiet insiste pour qu’un représentant des colibris prenne la parole et dirige le débat. Quel besoin ? Les colibris, c’est qui veut l’être. Il y a d’ailleurs une cellule en cours de constitution sur Paris. Mais quel besoin des colibris ? Ils ne sont là que pour cristalliser et agréger toutes ces bonnes volontés et cette envie de changement. Nous avons quitté cette agora improvisée au bout d’une heure et demi parce qu’il faisait quand même un peu froid et nous avons terminé dans un bistro. Au final, personne n’a regretté de ne pas avoir pu rentrer. Et si… et si c’était tous les jours comme ça ? Et si la politique réinvestissait l’espace public ? Et si on redonnait la parole à chacun ? Et si on revenait aux racines mêmes de la Démocratie ? On a vu hier soir que c’était possible. Est-ce que ca ne vous donne pas envie ? La (r)evolution a commencé !– http://www.johnofthetower.com/
Le plan des colibris
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Bio des Intervenants
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Ouvrages des intervenants