Inondations, pénuries d’eau, sécheresse des sols, canicules, feux de forêts, retrait-gonflement des argiles…, le changement climatique impacte déjà notre quotidien, notre environnement et nos manières de vivre. Et ces impacts vont s’aggraver, malgré les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Car l’accumulation et la durée de vie de ces gaz dans l’atmosphère conduisent inexorablement à une hausse des températures d’ici à la fin du siècle. Il est donc nécessaire de s’adapter au changement climatique, c’est-à-dire de gérer les impacts déjà constatés et d’anticiper ceux à venir. L’enjeu du Plan national d’adaptation au changement climatique est de préparer tous les pans de notre société (citoyens, collectivités territoriales, entreprises) à un environnement changeant. À quoi doit ressembler la France dans ce contexte climatique ? Quel est le niveau d’adaptation souhaitable ? Quelles sont les solutions à privilégier ? Donnez votre avis et contribuez à l’élaboration du prochain Plan national d’adaptation au changement climatique dans le cadre de la consultation publique ouverte jusqu’au 27 décembre 2024.
La démarche d’adaptation, enclenchée au niveau national par le ministère de l’Environnement à la fin des années 1990, est complémentaire des actions d’atténuation. Elle traite des conséquences du changement climatique.
S’adapter, ce n’est pas renoncer.
Qu’est-ce que l’adaptation ?
L’adaptation au changement climatique, définie au fil des rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est la démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, qu’il s’agisse de la variabilité climatique mais aussi des évènements climatiques extrêmes.
Concrètement, il s’agit de limiter les impacts du changement climatique et les dommages associés sur la population, les activités socio-économiques et sur la nature. Les politiques publiques d’adaptation ont pour objectifs d’anticiper les impacts à attendre du changement climatique, de limiter leurs dégâts éventuels en intervenant sur les facteurs qui contrôlent leur ampleur (par exemple, l’urbanisation des zones à risques) et de profiter des opportunités potentielles.
La démarche d’adaptation, qui agit sur les conséquences du changement climatique, est complémentaire des actions d’atténuation qui visent à réduire les causes du changement climatique, c’est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre.
La mal-adaptation
On utilise également le concept de mal-adaptation pour désigner un changement opéré dans les systèmes naturels ou humains qui font face au changement climatique et qui conduit (de manière non intentionnelle) à augmenter la vulnérabilité au lieu de la réduire.
Une situation de mal-adaptation correspond à l’une des situations suivantes :
- utilisation inefficace de ressources comparée à d’autres options d’utilisation (par exemple, le recours massif à la climatisation au lieu de l’investissement dans l’isolation) ;
- transfert incontrôlé de vulnérabilité : d’un système à un autre, mais également d’une période à une autre ; réduction de la marge d’adaptation future (mesures qui limitent la flexibilité éventuelle, par exemple, plantation d’essences d’arbres à rotation longue) ;
- erreur de calibrage : sous-adaptation ou adaptation sous-optimale (par exemple, une digue de protection n’a pas été suffisamment rehaussée).
Dans le contexte d’incertitude de la prise de décision en matière de changement climatique, l’erreur de calibrage est un axe potentiel important de mal-adaptation. Prendre la mesure du risque de mal-adaptation, c’est notamment privilégier le choix de stratégies « sans regret », qui permettent de réduire la vulnérabilité au changement climatique et qui gardent des avantages quelles que soient les évolutions climatiques.
Les activités de renforcement des capacités d’adaptation sont souvent considérées comme des mesures « sans regret » dans la mesure où elles rendent la société moins vulnérable à un ensemble de pressions (y compris à la variabilité climatique), quel que soit le niveau effectif du changement.
Politique nationale d’adaptation au changement climatique
La France est l’un des pays les plus avancés en matière de planification de l’adaptation au changement climatique.
3e Plan national d’adaptation au changement climatique
Pour avancer de manière coordonnée sur le sujet de l’adaptation au changement climatique, la France s’est dotée d’une trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). Définie à partir du scénario tendanciel, elle doit servir de référence à toutes les actions d’adaptation menées en France.
La Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC)
Les travaux en cours d’élaboration du 3e Plan national d’adaptation au changement climatique ont ainsi pour socle la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique.
Présentation synthétique du Plan national d’adaptation au changement climatique
Les 5 axes du PNACC soumis au débat dans le cadre de cette consultation sont :
- Protéger la population des effets du changement climatique
- Assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels
- Adapter les activités humaines : assurer la souveraineté alimentaire, économique et énergétique de notre pays à +4°C
- Protéger notre patrimoine naturel et culturel
- Mobiliser les forces vives de la Nation pour réussir l’adaptation au changement climatique
Axes en débat
Axe 1 – Protéger la population des effets du changement climatique
Ce premier axe du PNACC renforce ou instaure de nouvelles mesures d’action pour protéger la population face aux effets déjà perceptibles du changement climatique. Ainsi, des actions sont prévues pour cartographier les risques du changement climatique sur la santé, maintenir un système assurantiel abordable et disponible sur le territoire, limiter les risques liés à l’évolution du cycle de l’eau, à l’accroissement progressif de l’exposition aux risques naturels et, à très court terme, des effets des fortes chaleurs, que ce soit dans les logements, au travail ou en environnement urbain. Des actions de déploiement des solutions fondées sur la nature doivent permettre de réduire la vulnérabilité des territoires aux impacts du changement climatique. Des mesures spécifiques sont prévues pour les populations les plus vulnérables, en particulier les personnes précaires. Des adaptations sont également prévues pour les territoires ultra-marins dans lesquels le changement climatique a des impacts différents de ceux constatés dans l’Hexagone et impose des mesures particulières.
Axe 2 – Assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels
Le deuxième axe du PNACC décline la dimension territoriale du plan avec les actions touchant à la politique territoriale de l’eau et s’appuie sur la construction des stratégies d’adaptation propres à chaque collectivité territoriale. Il prévoit des mesures visant à intégrer les enjeux de l’adaptation dans toute l’action publique dans les territoires, tant en matière de financement de projets et d’ingénierie territoriale que de stratégie de planification publique, avec une trajectoire de réchauffement s’imposant progressivement lors de leur mise à jour à tous les documents locaux de planification. Cet axe affiche également plusieurs mesures d’adaptation des services publics et des grands réseaux d’infrastructure à l’évolution du climat, comme la continuité de l’enseignement, la résilience des transports ou encore des infrastructures critiques d’énergie et de télécommunications.
Axe 3 – Adapter les activités humaines : assurer la souveraineté alimentaire, économique et énergétique de notre pays à +4°C
Le troisième axe du PNACC se concentre sur les actions visant à assurer la résilience de l’économie française, avec des actions touchant l’ensemble des secteurs économiques et d’autres actions ciblant plus particulièrement les secteurs d’ores et déjà identifiés comme les plus vulnérables aux effets du changement climatique : l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, la pêche, le tourisme, l’industrie du bois… Les filières économiques seront plus ou moins impactées selon la localisation de leurs infrastructures, leurs procédés de fabrication, leurs chaînes d’approvisionnement et leurs débouchés, y compris à l’étranger. Les filières économiques jouent surtout un rôle essentiel pour déployer des solutions d’adaptation, et innover pour répondre à ce nouveau défi. Un ensemble de mesures est prévu pour construire et leur fournir les outils pour intégrer la question du climat futur dans leurs décisions structurantes.
Axe 4 – Protéger notre patrimoine naturel et culturel
Le réchauffement climatique va impacter nos milieux naturels et notre patrimoine culturel. En complémentarité avec les stratégies et plans d’actions déjà existants, en particulier la Stratégie Nationale Biodiversité (SNB) et le Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau (« Plan Eau »), le PNACC vient renforcer les actions en faveur de l’adaptation de l’ensemble des milieux naturels afin que notre société continue à bénéficier des services écosystémiques qu’ils rendent. Il s’agit d’actions de connaissances et d’évolution progressive des actions de conservation. Pour ce qui est du patrimoine culturel, des actions immédiates doivent être prises pour les sites fragiles qui se traduiront par des plans d’adaptation dédiés aux sites classés et sites UNESCO les plus vulnérables.
Axe 5 – Mobiliser les forces vives de la Nation pour réussir l’adaptation au changement climatique
Le développement et la mise en œuvre de solutions pour l’adaptation et la lutte contre la mal-adaptation doivent reposer sur des études scientifiques solides qui nécessitent une mobilisation forte des acteurs de la recherche notamment autour de grands programmes. La question de la mobilisation et de la négociation avec les parties prenantes, institutionnelles et citoyennes, est également centrale pour réussir le pari de l’adaptation à l’heure de l’affirmation d’un nouvel élan qui s’incarne dans le PNACC. L’objectif derrière la liste de ces mesures est que chaque acteur, chaque corps de métier prenne dans son travail et son quotidien le réflexe de l’adaptation. Cette mobilisation se construit dans le processus de consultation, mais il s’agit aussi de construire les conditions pour cette mobilisation de long terme par des dispositifs de gouvernance représentatifs et adaptés, par une expertise interdisciplinaire de la part de la communauté scientifique, par de la formation et de la sensibilisation, notamment des élus et agents publics et par la mise à disposition de données permettant de sensibiliser les acteurs et d’éclairer leurs décisions. La mobilisation de la jeunesse est également cruciale dans le défi de l’adaptation, avec une mobilisation du service civique écologique dans des missions dédiées à la prévention des risques.