Alors que le gouvernement français se réjouit d’une croissance trimestrielle de 0,6% et l’interprète comme un signe encourageant de reprise économique et à l’occasion des sorties au cinéma de Cleveland contre Wall Street (le 18 août), de Wall Street : l’argent ne dort jamais (le 29 septembre) et Moi, la finance et le développement durable (également le 29 septembre), je vous invite à lire si vous ne l’avez pas encore fait l’enquête d’Eric Laurent consacrée à la face cachée des banques publiée en octobre 2009 chez Plon. Un livre essentiel pour comprendre les mécanismes qui ont plongé le monde dans une crise financière et économique sans précédent, qui prévoyait déjà les crises grecques et espagnoles mais surtout qui dévoile pourquoi la crise est loin d’être terminée comme tente de nous le faire croire (sans réelle conviction) nos politiques.
« Je n’avais pas de thèses bien définies au départ, je cherchais juste à comprendre ce qui avait bien pu se passer (…) et mes découvertes sont allées au-delà de ce que j’imaginais », résume Eric Laurent dans un entretien à Bakchich. Son livre nous entraîne dans les coulisses de Wall Street et de certaines banques européennes et nous révèle les secrets les plus inavouables d’un scandale financier sans précédent : falsifications des comptes, contournement des lois, systèmes clandestins. Un seul but, l’enrichissement des dirigeants. Ce livre en démonte les rouages et permet de mieux comprendre pourquoi les banques sont aujourd’hui les seuls bénéficiaires de la crise qu’elles ont provoquée. Car si les milieux financiers ont poussé l’administration américaine à déréguler ce que le New Deal de Roosevelt avait si difficilement construit, cela ne leur suffisait pas. La légalité oppressait encore ces financiers qui ont créé des comptabilités parallèles nourries en masse de « subprimes » ou autre « hedge funds ». Au fil d’une enquête aux révélations étonnantes, on rencontre des dirigeants à l’incompétence parfois inqualifiable spéculant en inondant le marché de ces crédits « déchets » remaquillés en produit de qualité. Conséquence ? En 2009, les produits dérivés représentaient l’essentiel de la masse monétaire, 630 000 milliards de dollars, c’est à dire 13 fois le PIB mondial. Au cœur de la tempête, les CDS (Credit default swap) représentaient à eux-seuls 62 000 milliards de dollars dans le monde… On apprend que l’administration Obama a tout fait pour cacher l’insolvabilité de certains établissements, que des dirigeants d’entreprises au bord de la faillite se sont octroyés des bonus indécents avec l’argent du contribuable, que Paris et Washington ont dissimulé plus de 230 milliards de crédits toxiques détenus par des banques européennes. De découvertes en découvertes, l’auteur nous fait pénétrer dans un univers qui repose sur le mensonge et l’opacité. Cette avidité, ce cynisme ont conduit le monde au bord du gouffre. Et maintenant ? Les agences de notation, chargées de noter la qualité des produits dérivés, qui ont menti, laissant libre cours aux produits toxiques, induisant en erreur des milliers d’individus ont-elles des remords ? Pas le moins du monde. A-t-on depuis moralisé les banques ? Non, indique Eric Laurent, rien ne s’est vraiment arrêté et la spéculation repart de plus belle notamment sur les matières premières agricoles. Découvrez l’entretien réalisé en novembre 2009 par Backchich à l’occasion de la sortie de ce livre :La crise financière s’affiche sous tous les angles au cinéma
Ce sont bien les classes les plus populaires qui ont été les principales victimes de cette crise dont l’issue reste encore incertaine. Eric Laurent cite dans son livre l’exemple d’un mexicain installé aux Etats-Unis à qui les banques ont accordé sciemment un prêt de 720 000 dollars pour acheter une maison alors qu’il ne gagnait que 14 000 dollars par an. C’est tout l’intérêt du film Cleveland contre Wall Street qui sort le 18 août prochain au cinéma. Ce film raconte l’histoire d’un procès qui aurait dû avoir lieu : celui des banques responsables des subprimes. Je vous invite à découvrir la bande-annonce et deux extraits du film, en cliquant ici. Plus Holywoodien, Wall Street : l’argent ne dort jamais d’Oliver Stone (en salles le 29 septembre) n’en demeure pas moins une critique acerbe du système financier, découvrez la aussi la bande-annonce et deux extraits en cliquant ici. Heureusement qu’il existe des solutions plus éthiques sur le marché financier… Oui, mais alors il faut être vigilant comme en témoigne le film Moi, la finance et le développement durable (également en salles le 29 septembre). Pour en savoir plus sur ce documentaire produit et réalisé par Jocelyne Lemaire-Darnaud, cliquez ici. D’autres films sont attendus sur le même sujet : Krach le 1er septembre prochain et INSIDE JOB en novembre. On en parle très prochainement sur CDURABLE.info.