« 3,1 % du couvert forêt mondial a disparu entre 2000 et 2005 » vient de révéler une étude publiée dans les Annales de l’Académie Nationale Américaine des sciences. France Nature Environnement (FNE) alerte la communauté internationale sur l’urgence de créer des mécanismes pertinents de lutte contre la déforestation.
Selon cette étude, publiée dans les Annales de l’Académie Nationale Américaine des sciences datée du 26-30 avril 2010, la surface de terres forestières a diminué de plus de 101 millions d’hectares en 5 ans (entre 2000 et 2005) Bien plus que les chiffres annoncés de la FAO indiquant une perte annuelle moyenne de 13 millions d’ha par an (soit environ 65 millions d’ha sur une période de 5 ans). En cause, les activités industrielles d’élevage intensif de bovin, comme au Brésil, les plantations de palmier à huile, en Indonésie notamment, la coupe de bois illégale et la gestion non durable des exploitations forestières, comme dans le Bassin du Congo.
La responsabilité des pays développés
« L’Europe, par ses relations commerciales avec ces pays (consommation de viande bovine et de cuir, produits contenant de l’huile de palme tels que les chips, biscuits etc.), mais également par ses émissions de gaz à effet de serre historiques et encore actuelles a une responsabilité particulière dans la déforestation », analyse Eglantine Goux, chargée de mission forêt internationale à FNE. Les forêts tropicales humides, deuxième écosystème le plus touché, d’après l’étude, se situent dans des pays qui n’ont pas les moyens de lutter seuls contre ce phénomène de déforestation. Les pays développés doivent donc les soutenir.
FNE se positionne pour un mécanisme contraignant et socialement équitable
Un mécanisme international permet pourtant de lutter contre la déforestation : le mécanisme REDD, pour « Réduction des Emissions dues à la Déforestation et la Dégradation forestière ». Malgré les résultats de la conférence de Copenhague, bien en-deçà des espérances, les gouvernements qui se sont engagé à Copenhague (Norvège, France, Australie etc.) débattent toujours de l’architecture d’un mécanisme contraignant imposant aux pays développés une réduction de leurs émissions et un appui financier aux pays tropicaux pour leur lutte contre la déforestation.
Des divergences se font jour
Mais depuis les dernières rencontres à Paris, au mois de mars, à Bonn au mois de mai et à Washington au mois d’avril, les réticences et divergences d’opinion entre Etats se font déjà ressentir.
« FNE attend des prochaines réunions de préparation de Cancun, qui auront lieu en mai prochain, qu’au-delà des réflexions techniques, les fondamentaux soit discutés et solutionnés », explique Sébastien Genest, vice-président de FNE.
Pour Eglantine Goux, « il faut redéfinir les fondamentaux des négociations : la différenciation entre les forêts naturelles et les plantations dans la convention cadre sur les changements climatiques, le financement de projet de conservation des forêts naturelles, l’adoption d’un objectif « 0 déforestation brute » à l’horizon 2020, le respect des droits des peuples autochtones ».
Il est urgent d’agir efficacement et de proposer des solutions concrètes et pertinentes pour la lutte contre la déforestation. Les prochaines réunions de Bonn, Oslo et surtout Cancun, vont en décider.