Le Figaro du 12 août annonce que l’Union Européenne envisage de durcir les règles antipollution. Quelques éléments avec l’article de Nicolas Barré.
La flambée du kérosène a au moins un effet positif, celui d’inciter les compagnies à accélérer le renouvellement de leur flotte et à opter pour les motorisations les plus récentes, donc les moins polluantes. Mais malgré ces efforts, le transport aérien est montré du doigt pour ses émissions de gaz à effet de serre. L’Union européenne planche depuis plusieurs mois sur un projet de durcissement des normes qui alourdirait les coûts des compagnies. Même si l’idée d’une taxe sur le kérosène semble abandonnée, la perspective d’une surcharge, quel que soit le mécanisme, suscite de vifs débats entre Etats membres et l’opposition farouche des Etats-Unis.
Le transport aérien serait responsable d’environ 3,5% des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, selon la commission des Nations unies sur les changements climatiques. Ce chiffre atteindrait 15% à l’horizon 2050. Mais l’impact des émissions sur la couche d’ozone est en fait plus important : on estime en effet que la même quantité de dioxyde d’azote émise à 10 000 mètres serait 2,7 fois plus destructrice qu’à la surface de la mer. Un vol Paris-Sydney émettrait ainsi, selon certaines estimations, autant de CO2 qu’une voiture pendant un an d’utilisation moyenne.
Le durcissement des normes antipollution, à la mode de ce côté-ci de l’Atlantique, représente un défi de plus pour le secteur. L’une des options envisagées par l’Union européenne consisterait à inclure les compagnies dans la liste des industries soumises aux droits à polluer. Le système prévu par le protocole de Kyoto est entré en vigueur dans l’Union le 1er janvier. Il consiste à autoriser les industriels à émettre une quantité donnée de CO2. Au-delà, ils doivent acheter des «droits à polluer» sur le marché, ce qui renchérit leurs coûts.
Ce mécanisme ne s’applique actuellement qu’aux industries les plus polluantes comme la sidérurgie ou les centrales électriques thermiques. Les sidérurgistes européens jugent d’ailleurs que ce système est inéquitable dans la mesure où leurs concurrents américains ou asiatiques n’y sont pas soumis. Le scénario serait différent dans le transport aérien : l’Union envisagerait en effet de soumettre à ces règles toutes les compagnies dont les appareils décollent ou atterrissent en Europe.
Les transporteurs américains ont déjà réuni des équipes d’avocats pour contester la légalité de telles normes. Dans cette affaire, les compagnies européennes partagent le même intérêt.