Les Amis de la Terre International publient aujourd’hui le rapport Jatropha : l’argent ne pousse pas sur les arbres, qui étudie les performances du fameux jatropha et concluent que cette plante n’est pas à la hauteur des promesses de ses partisans.
Le jatropha est un arbuste de plus en plus cultivé pour ses fruits riches en huile et pour sa capacité à survivre dans des conditions arides. Le rapport des Amis de la Terre International avertit les investisseurs qui voudraient se lancer dans cette aventure et confirme que cette plante est loin de remplir les attentes placées en elle. Le jatropha ne participe ni à la lutte contre les changements climatiques, ni ne contribue à un développement en faveur des plus pauvres. Le jatropha a été lancé par les compagnies d’investissement comme la plante miracle : elle produit un agrocarburant, peut être cultivée sur des terres marginales – c’est-à-dire non agricoles – en Afrique, Asie et dans les Amériques du Sud et centrale, et en plus, elle peut rapporter gros. Plusieurs recherches des Amis de la Terre montrent que les investissements à grande échelle sont un échec, car les rendements attendus ne sont pas au rendez-vous. L’échec du jatropha est illustré dans ce rapport par les déboires d’entreprises : Parmi les compagnies connues pour investir dans le jatropha, D1 Oils (R-U) et Flora EcoPower (Allemagne) ont de mauvais résultats boursiers. BP s’est retiré de sa joint venture avec D1 Oils car les résultants étaient décevants. Comme autre exemple, on a les Suédois de la compagnie BioMassive qui avaient loué des terres en Tanzanie pour y faire des plantations de jatropha. Ils ont annoncé des pertes jusqu’en 2009 et on n’en a pas plus entendu parler depuis. La compagnie hollandaise BioShape qui avait aussi acquis des terres en Tanzanie a fait officiellement faillite en 2010. La viabilité économique de cette plante est donc plus que sujette à caution. Pour Paul de Clerck, coordinateur du programme Justice économique des Amis de la Terre/Friends of the Earth Europe : « Les compagnies européennes d’investissement font de la publicité pour le jatropha, en promettant une garantie de retour sur investissements avec une culture sur des terres marginales, mais ces promesses ne sont absolument pas réalistes. De nombreux projets ont déjà été abandonnés car les rendements étaient bien en-dessous des promesses, même sur de bonnes terres. Investir dans de grandes plantations de jatropha n’est ni rentable économiquement, ni durable environnementalement. Les entreprises devraient arrêter de s’accaparer de terres pour faire du jatropha ». De plus, ces investissements sont très controversés, car ils participent activement à l’ accaparement des terres en Afrique et provoquent l’expulsion des petits paysans, des communautés rurales, tout en rentrant en compétition avec les cultures vivrières et les ressources en eau. Pour Christian Berdot animateur de la campagne Agrocarburants des Amis de la Terre France : « Après les émeutes de la faim de 2008, la filière des agrocarburants croyait avoir trouvé la plante miracle, celle qui pousse sur des terres arides, ne rentre – prétendument – pas en concurrence avec les terres agricoles et l’eau et permet de mettre un peu « d’éthique » dans votre moteur. Malheureusement, les entreprises européennes qui se sont abattues sur l’Afrique comme un nuage de criquets déchantent. Tous les problèmes subsistent, les rendements sont souvent déplorables et les criquets restent sur leur faim… » Pour Mariann Bassey, coordinatrice du programme Alimentation et Agriculture du groupe Environmental Rights Action / Amis de la Terre Nigeria : « En Afrique, on prend la terre aux communautés rurales et on les prive ainsi de leur moyens de subsistance. Tout cela pour une fausse solution avec comme alibi la lutte contre les changements climatiques. Les prix alimentaires augmentent de nouveau et nos terres nous sont volées pour faire des carburants pour les voitures. Nous voulons une agriculture qui permette de nourrir d’abord les humains ». – Consultez le rapport complet « Jatropha : l’argent ne pousse pas sur les arbres » en cliquant ici. – Le résumé est accessible en cliquant ici.