L’incendie qui a éclaté mercredi entre Marseille et Cassis a ravagé une partie du futur Parc national des calanques. En effet, joyau terrestre et marin, les calanques devraient devenir, en 2010, le premier parc national péri-urbain d’Europe. Dans les colonnes de La Provence, le député UMP des Bouches-du-Rhône Guy Teissier, Président de la structure qui pilote ce dossier, tire le bilan environnemental du feu qui a été provoqué par un exercice militaire au camp de Carpiagne. Quinze espèces rares ont été touchées. L’AFP revient aujourd’hui sur la fragilité du futur parc national, dont les incendies sont loin d’être sa plus grande menace.
– La Provence : Quelle est la surface du futur Parc des calanques qui a été touchée ? Guy Teissier : « Les incendies de cette semaine sont dramatiques à plus d’un titre. D’abord pour les personnes et les biens, car si nous avons à déplorer une seule habitation détruite à la Panouse, il n’en demeure pas moins qu’elles sont un certain nombre à avoir subi des dommages collatéraux. Ensuite pour le paysage provençal spécifique aux calanques qui se trouve être détruit sur plus d’un millier d’hectares avec toutes les conséquences sur les habitats naturels, dont je précise que certains sont uniques au monde. Enfin, 91% du territoire brûlé fait partie du projet de cœur de parc : cela représente 12% de la superficie totale du futur cœur de parc qui s’étend, comme vous le savez, de La Ciotat à Marseille en passant par Roquefort la Bédoule, Ceyreste et bien évidemment Cassis. » – La Provence : Des espèces rares ont elles été touchées ? L’équilibre du projet est il menacé ? G.T. : « Oui, l’impact environnemental est considérable. Cet incendie est une tragédie écologique puisque treize espèces de protection nationale, telle la sabline de Provence ou la magicienne dentellée, qui est un insecte type sauterelle, ont été touchées. Mais surtout, deux espèces d’intérêt patrimonial, qui n’étaient présentes qu’ici et nulle part ailleurs dans le massif, risquent d’avoir complètement disparu, dont le crépis de suffren qui était inscrit sur la liste rouge des espèces à surveiller. L’équilibre de la biodiversité de l’espace naturel s’en trouve affecté, c’est une évidence. Mais cette tragédie me renforce dans ma conviction que le massif des calanques est un espace naturel menacé et, qui plus est, durablement menacé. Seule une structure unique de gestion de type parc national permettra de lutter plus efficacement contre ce fléau que constitue le risque incendie ». – La Provence : En quoi le futur parc national permettra-t-il de mieux prévenir les incendies, particulièrement dans les zones où l’urbanisation rencontre la nature ? G.T. : « Le parc permettra par exemple de mieux faire appliquer les réglementations existantes, en matière d’obligation légale de débroussaillement, par la présence renforcée d’agents dont ce sera la fonction prioritaire. Ces agents auront également pour mission de sensibiliser le grand public et de contribuer à l’autoprotection du massif en ensemençant des espèces locales ou encore en favorisant le retour à une certaine forme de pastoralisme dont on sait tous qu’il peut être un outil de prévention du risque incendie particulièrement judicieux . Par ailleurs, nous travaillons en ce moment à arrêter les grandes lignes de ce que pourrait être une politique de gestion des interfaces villes-calanques, autrement appelées franges urbaines, par la remise en culture de certains espaces (verger, oliviers, caducifoliés), par une décroissance de l’urbanisation et surtout par la mise en place rapide des plans de prévention des risques incendie, les PPRIF. » – Extraits de l’entretien réalisé par Fred Guilledoux pour La Provence.Parc des calanques : un rêve à portée de main mais toujours fragile
Avec leurs pins biscornus et leurs rochers blancs dégringolant dans une mer aux bleus changeants, les calanques formeraient le dixième parc national français, le premier depuis la loi de 2006 augmentant la place des collectivités locales. Nouveauté : il sera péri-urbain, terrestre et maritime. Depuis Port-Cros en 1963, il n’y avait plus eu de parc national en Méditerranée. Un arrêté gouvernemental du 30 avril a ouvert la concertation pour la charte et le périmètre définitif, avant l’enquête publique puis l’inauguration, à temps pour 2013 et Marseille-Provence capitale de la culture. L’enjeu est de définir le « coeur » réglementé et l' »aire d’adhésion » permettant un développement économique et touristique. C’est le choix entre « parc magique ou pompe à fric », pense Denyse Ricard-Maubon, présidente du collectif Un parc national pour les calanques. Chacun prend ses marques en protestant de son attachement au parc auquel même le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a fini par se rallier fin 2007. Le GIP (Groupement d’Intérêt Public des Calanques), déjà prolongé une fois, existe jusqu’au 17 décembre 2010. « Si le consensus se maintient, on peut tenir les délais. Mais le diable est dans les détails« , avertit son directeur Jean-Marie Lafond. « Pour que l’Etat accorde son label, il faut que tout le monde s’engage », notamment à réduire les pollutions (égout de Cortiou, boues rouges à Cassis…), dit-il. Chasseurs, pêcheurs, promeneurs négocient la poursuite réglementée de leurs activités. « Il faut sensibiliser le public », explique M. Lafond, « on ne freinera pas la fréquentation, il n’est pas question de faire un parc payant ». Autre point de friction, les villages et les cabanons, chers à Vincent Scotto, situés en site classé prévu en coeur de parc. Certains restaurateurs ou commerçants à L’Escalette, aux Goudes ou à Callelongue et la société immobilière qui possède les cabanons de Sormiou redoutent d’être spoliés. Ils militent pour sortir du coeur, jouant parfois la carte du chauvinisme marseillais contre les « Parisiens ». A Morgiou, les cabanonniers sont au contraire ravis d’être en coeur de parc. « Il faut dépasser les intérêts catégoriels« , insiste Didier Réault (UMP), conseiller municipal de Marseille délégué au parc qui y a un cabanon. Les communes PCF d’Aubagne et environnantes restent hors du « parc UMP » mais quelques maires UMP aussi sont réticents : Roquefort-la-Bédoule, Ceyreste ou encore La Ciotat qui veut développer une zone d’activités et une déchèterie. Cassis, à 40% proposé en coeur, aimerait en sortir la calanque de Port-Miou et ses 450 bateaux. Source : AFPEn Corse, en Espagne, en Grèce … le pourtour méditerranéen subit le même fléau
L’incendie à Marseille est néanmoins sans commune mesure avec la situation en Corse, où les incendies qui se sont déclarés depuis jeudi après-midi dans le sud de l’île ont ravagé plus de 6.000 hectares de forêt et de maquis, selon le bilan établi ce matin par les services de secours. Plus globalement, c’est l’ensemble du sud de l’Europe qui fait face depuis plusieurs jours à de gigantesques incendies, à l’image de l’Espagne où près de 17000 hectares de forêts ont disparus sous les flammes.