Le 11 octobre 2010, un incendie, d’origine inconnue, se déclare au cœur du Parc National de la Réunion et cause la disparition de 1 000 hectares de végétation tropicale selon le dernier bilan. Les flammes ont atteint les habitats d’espèces emblématiques de la zone. Ce patrimoine mondial de l’humanité aurait pu être préservé. La SREPEN , une association membre de France Nature Environnement (FNE), explique, dans une lettre du 26 octobre, adressée au Préfet de la Région et du Département de la Réunion, comment on aurait pu réduire l’ampleur des dégâts. Explications.
L’alerte était pourtant donnée et les outils étaient disponibles
Depuis son bilan des mesures de prévention des feux de forêt réalisé en 2006, la SREPEN n’a constaté aucune amélioration des moyens d’action de la préfecture. Le Plan Départemental de Protection des Forêts Contre les Incendies (PDPFCI), initié par le ministère de l’agriculture en 1999, n’est toujours pas finalisé en 2010. « Nous donnons l’impression de ne pas apprendre de nos erreurs. La prévention et la planification des mesures d’intervention en amont des catastrophes sont beaucoup plus efficaces et économes qu’une mobilisation tardive de moyens de lutte contre le feu » explique Eglantine Goux, chargée de mission forêt internationale à FNE. Elle ajoute : « c’est assez regrettable surtout lorsqu’il s’agit d’un patrimoine aussi exceptionnel que les forêts tropicales de la Réunion ».
La lourdeur administrative attise les flammes
Depuis les derniers incendies similaires (La Roche Ecrite en 2006), les formalités administratives ne se sont ni raccourcies ni améliorées. « Il a fallu un arrêté municipal pour disposer de toutes les ressources en eau à proximité de la zone sinistré du Parc (Maïdo) pour les interventions » explique Gisèle Tarnus, présidente de la SREPEN.
Les dispositifs de surveillance sont trop limités et gagneraient à être renforcés, en particulier lors de la période de risques (de Septembre à Avril), afin de limiter les départs de feux. Pour Gisèle Tarnus, « cette répétition d’incendie, quelle qu’en soit la cause, représente une perte pour la biodiversité, qu’on ne saurait mesurer ». Elle ajoute « ces milieux exceptionnels nécessitent une surveillance exceptionnelle en période sensible ».
Protéger ensemble le patrimoine vivant
Pour Sébastien Genest, vice-président de France Nature Environnement, « il est crucial que la Réunion se munisse rapidement d’un Plan de protection des forêts contre les incendies qui tienne compte des recommandations des différents acteurs dont celles de la SREPEN. » Il ajoute : « face aux effets du dérèglement climatique identifiés par le GIEC, il est urgent de repenser nos modes de protection des forêts classées. »