Le 22 mai est la journée internationale de la diversité biologique. L’occasion de s’intéresser à la richesse des espèces végétales et animales de notre planète. Avec 2 millions d’espèces inventoriées et 6 à 18 millions restant encore à découvrir, il y a de quoi faire ! Le RESES réédite son guide pratique pour remettre la biodiversité au cœur du monde étudiants et faire éclore des campus verts et vivants.
“La planète va mal !”
Stacy Algrain, fondatrice du média “La Corneille” dédié entièrement au vivant
Les émissions de gaz à effet de serre explosent, la planète se
réchauffe, Le climat perd la boule.
La question environnementale se retrouve souvent résumée au dérèglement climatique, éclipsant l’érosion de la biodiversité. Plus encore que le climat, l’Humanité a déréglé les mécanismes complexes du vivant, nature, faune et flore, à la base des écosystèmes, au risque de provoquer ce que les scientifiques qualifient de 6ème extinction de masse.
Tout comme notre espèce s’est mobilisée pour faire du climat un enjeu du débat public, nous pouvons réitérer cette performance pour les enjeux de biodiversité.
La biodiversité, de quoi parle-t-on ?
D’où vient ce mot ?
C’est un raccourci de
« biologie »
et
« diversité ».
Le terme de “biodiversité” est défini en 1992 par la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies. Il s’agit d’un mot-valise visant à mettre en avant la diversité de toutes les formes du vivant :
- Diversité écosystémique : C’est la diversité des écosystèmes1, qui sont les milieux de vie.
- Diversité spécifique : C’est la diversité des espèces existant sur la planète.
- Diversité génétique : C’est la diversité des individus au sein des espèces.
Nature, vivant et biodiversité : quelle différence ?
Le terme “nature” peut être trompeur puisqu’il semble …
- Exclure l’être humain, qui appartient pourtant à la nature.
- Être l’opposition de la culture alors que rares sont les endroits vierges de toute intervention humaine. Par exemple, les espaces de la planète considérés comme sauvages (tels que l’Amazonie ou le Serengeti) ont en réalité été façonnés et protégés par les peuples autochtones.
La biodiversité est la …
fraction vivante de la nature dans toute sa complexité
Gilles Bœuf, biologiste français
- La nature est un terme qui rassemble le vivant, le minéral, l’environnement.
- Le vivant correspond littéralement à ce qui vit, à ce qui est commun à l’ensemble des organismes.
- La biodiversité est la diversité des formes du vivant.
La crise de la biodiversité
Dans son rapport de 2019, l’IPBES2 (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur
la biodiversité et les services écosystémiques) nous dit que « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier.«
Cet effondrement s’observe au niveau du nombre d’espèces (des espèces entières sont menacées d’extinction), mais aussi au sein des espèces avec un déclin de l’abondance3 d’individus au sein d’une espèce.
La crise actuelle est particulière du fait de la vitesse d’extinction qui est 100 à 1000 fois plus rapide
que celle des crises passées.
Tout comme pour le dérèglement climatique, les humains sont responsables de l’effondrement de la biodiversité. C’est pour cela que l’on parle d’Anthropocène4, terme qui désigne une nouvelle ère géologique dans laquelle les actions humaines sont les principales forces de changements sur Terre.
Certains parlent également de Capitalocène, un concept qui sous-entend que c’est le capitalisme en tant que système économique et organisation sociale qui est principalement responsable des dérèglements environnementaux actuels, et non l’humanité toute entière.
L’enjeu est de rendre visible que toutes les formes de vie sont elles aussi, depuis toujours, non pas un décor pour nos tribulations humaines, mais les habitants de plein droit du monde.
Manières d’être vivant, Baptiste Morizot, Actes Sud
» La microfaune des sols fait, littéralement, les forêts et les champs. Les forêts et la vie végétale
des océans fabriquent l’atmosphère respirable qui nous accueille. Les pollinisateurs font ce que nous appelons le “printemps” : c’est leur action bourdonnante, invisible et planétaire, qui appelle chaque année au monde, à la sortie de l’hiver, les fleurs, les fruits, les dons de la terre et leur retour immémorial. Les abeilles, bourdons et oiseaux fabriquent cette saison dans ce qu’elle a de vivant. »
Le lien avec le milieu étudiant
Qu’ils soient situés en milieu urbain, péri-urbain ou rural, les campus sont avant tout des lieux de vie, qui s’intègrent dans des territoires plus vastes. Ils pourraient devenir des lieux propices à la biodiversité végétale et animale, afin de lutter contre la destruction des espaces naturels.
Les campus pourraient même devenir de véritables sanctuaires pour la biodiversité, car les
établissements de l’enseignement supérieur sont moins menacés par la pression urbaine extérieure et les
promoteurs immobiliers.
Le monde étudiant a un rôle clef à jouer, pour transformer les campus en espaces verts et vivants.
La présence de biodiversité sur les campus a par ailleurs de multiples bénéfices :
– L’amélioration de la santé mentale des étudiant·es
– La création d’espaces de rencontres
– La garantie d’accès à des espaces verts pour des personnes plus éloignées de la nature
– Et l’augmentation de l’attractivité des
établissements.
Les multiples raisons de rendre les campus verts et vivants
Agir en faveur de la biodiversité n’est pas toujours la priorité sur les campus, car l’accent est souvent mis sur la transition bas carbone des établissements. Or, laisser la biodiversité s’y installer présente des intérêts non négligeables !
I. Protéger la faune, la flore et la fonge : La destruction des habitats étant la première cause d’érosion de la faune, de la flore et de la fonge5, insérer de la biodiversité sur le campus permet de recréer des habitats et d’offrir gîte et couvert aux différentes espèces.
II. Sensibiliser les usagers : Avoir de la biodiversité sur les campus permet la sensibilisation des
usagers. En effet, la nature présente sur le campus va permettre d’amplifier leur attention à l’égard du vivant.
La méconnaissance de la biodiversité et de ses enjeux est un des freins principaux à sa prise en compte à tous les niveaux : du comportement quotidien du citoyen aux décisions de politique publique.
Source : Guide de bonnes pratiques Sciences participatives et biodiversité, décembre 2016
III. Améliorer la santé mentale des étudiants : De nombreuses études prouvent que par sa présence, la nature diminue le stress et la fatigue mentale et que la relation avec elle participe à l’amélioration du bien être mental.
IV. Améliorer le cadre de travail et d’apprentissage : Les campus sont des lieux sur lesquels enseignent, apprennent, travaillent et se rencontrent différents usagers et usagères. La biodiversité apporte des bénéfices quant à la qualité de vie et d’étude de ces personnes.
V. Participer à l’exemplarité et l’attractivité de l’établissement : Depuis la loi de 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, les établissements
d’enseignement supérieur ont l’obligation de mettre en place une démarche de développement durable à travers la création d’un Plan Vert. Or, parmi les axes du référentiel DD&RS qui évalue les actions menées, se retrouve le développement d’une politique en faveur de la biodiversité consistant à « mettre en place une gestion durable et agir en faveur de la biodiversité sur les sites de l’établissement ».
Le Plan climat-biodiversité et transition écologique de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (juin 2023) a pour objectif l’inscription des enjeux de la transition écologique au cœur des stratégies d’établissements. L’enseignement supérieur est un acteur qui doit contribuer à la réalisation des
engagements climat et biodiversité pris par la France.
Un établissement qui se veut exemplaire dans une démarche de développement durable doit intégrer la biodiversité sur son campus.
J’agis sur mon campus – Fiches actions
- J’installe un compost
- Je donne à boire et à manger aux oiseaux pendant les grands froids
- Je mets en place un jardin partagé, sauvage ou cultivé
- J’organise une sortie d’observation de la nature
- J’organise un inventaire de la biodiversité
- Je lutte contre la pollution lumineuse
- J’organise ou je participe à un chantier nature
- Je fais du plaidoyer pour faire évoluer la gestion des espaces verts
- J’organise un événement de sensibilisation
- Ensemble d’êtres vivants (végétaux, animaux, champignons, micro-organismes…) qui vivent en interaction
(entraide, protection ou prédation) dans et avec un milieu spécifique. ↩︎ - Organisme intergouvernemental qui fournit aux décideurs des expertises validées par la communauté
scientifique et prenant en compte l’ensemble des connaissances disponibles sur la biodiversité. L’IPBES
(plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) est l’équivalent du GIEC pour la biodiversité. ↩︎ - Diminution du nombre d’individus constitutifs d’une espèce. ↩︎
- Nouvelle ère géologique dans laquelle les humain·es sont la principale force de transformation. ↩︎
- Ensemble des champignons d’un même territoire. ↩︎