Greenpeace demande au gouvernement d’interdire la commercialisation des ampoules à incandescence d’ici à 2010, économisant de fait l’équivalent de la production électrique du nouveau réacteur nucléaire EPR, et d’encourager la transition industrielle vers la production d’ampoules basse consommation.
« Les ampoules à incandescence font appel à une technologie de 1870, obsolète et inefficace. Les interdire en France nous permettrait d’économiser environ 11 TWh/an, l’équivalent de la production d’un EPR. Voilà qui prouve une fois encore l’inutilité de ce réacteur : la priorité doit être donnée aux économies d’énergie ! », déclare Karine Gavand de Greenpeace.
Greenpeace interpelle Osram, General Electrics et Philips, qui se partagent aujourd’hui le marché. Ces entreprises ne proposent l’élimination du marché de ces ampoules qu’à l’horizon 2015. Greenpeace demande que cela intervienne dès 2010. « Les Nobel ont rappelé l’urgence climatique absolue. Nous ne pouvons reporter en permanence les efforts. Les fabricants et l’État doivent assumer leurs responsabilités maintenant en promouvant les technologies les plus efficaces », affirme Karine Gavand.
Les ampoules, le grand gaspillage
Les ampoules à incandescence gaspillent en effet 95 % de l’énergie qu’elles consomment en chaleur. Les lampes basse consommation consomment 5 fois moins et permettent d’économiser 8 euros par an pour chaque ampoule changée. À l’échelle européenne, interdire ces ampoules permettrait de fermer 25 centrales électriques, d’économiser 32 millions de tonnes de CO2 par an, et 3 à 5 milliards d’euros.
« À l’occasion du Grenelle de l’environnement, la France doit montrer l’exemple et pousser l’UE qu’elle présidera l’année prochaine à la rejoindre dans la promotion d’une économie innovante, créatrice d’emplois et favorable à l’environnement » poursuit Karine Gavand.
Plusieurs pays ont déjà décidé une telle interdiction : le Royaume-Uni, à la suite du Ghana, de l’Australie, de la Californie, de l’Ontario et de l’Alaska, et aussi Cuba et le Venezuela. La France doit adopter une position exemplaire en imposant des standards énergétiques sur les appareils qui gaspillent l’énergie.
Loin de nous mettre en tête des pays faiblement émetteurs de CO2, le nucléaire maintient la France dans la moyenne européenne et verrouille toute politique ambitieuse d’économies d’énergie. Selon les experts de négaWatt, si une réelle politique d’efficacité est mise en œuvre, les renouvelables peuvent répondre à 80 % de nos besoins électriques d’ici à 2050, soit ce que représente le nucléaire aujourd’hui. Le scénario « évolution énergétique » de Greenpeace, soutenu par le Dr Pachauri, président du Giec, confirme qu’il est possible de sortir du nucléaire vers 2030, et de réduire ainsi les risques associés.
Environnement rime avec emploi et croissance
Selon le ministère de l’Écologie et du Développement durable (Lettre Évaluation, octobre 2005), l’objectif de 20 % d’efficacité énergétique en 2020 fixé par l’UE pourrait créer un million d’emplois en Europe : en matière d’efficacité, chaque million de dollars investi crée 12 à 16 années de travail direct, contre 4,5 pour une centrale nucléaire.
Aujourd’hui, les fabricants d’ampoules délocalisent leurs usines en Chine ou en Europe de l’est, comme vient de le faire GE avec son centre de distribution de Ennery (Moselle), alors que le marché s’ouvre. « La France ne peut se permettre de rater encore une fois le coche, conclut Karine Gavand. Le Grenelle est le moment clé pour convaincre les industriels d’investir sur ces technologies du futur : rénovation thermique des bâtiments, solaire photovoltaïque, lampes basse conso, etc. »