l’imagination au pouvoir : un slogan devenu une urgence
édito par alexis du fontenioux
Nous avons pu débloquer en quelques jours des dizaines
de milliards de dollars pour sauver notre système
financier confronté à une grave crise structurelle. Nous
peinons aujourd’hui à rassembler quelques centaines de
millions de ces mêmes dollars pour venir en aide à une
quarantaine de pays confrontés à une crise alimentaire
sans précédent. Ce constat fait par Dominique Strauss
Kahn comporte une question sous-jacente : la sauvegarde
du système est-elle plus importante que ses dommages
collatéraux ?
un désastre annoncé
L’histoire récente a connu d’autres crises alimentaires majeures,
lors des famines chinoises de la révolution culturelle, nous
avions beau jeu de dénoncer l’incurie du système communiste
à apporter le bonheur et l’abondance à ses populations. Une
crise alimentaire est le signe révélateur de l’échec d’un système
et celle que nous connaissons aujourd’hui est la conséquence
concrète et directe de notre modèle de développement.
Les causes de la crise actuelle sont connues depuis longtemps : les limites de l’aide au développement,
l’obligation que nous avons créée pour les pays en voie de développement de
se concentrer sur des monocultures dédiées à l’exportation, l’augmentation des bouches à
nourrir corrélée à la diminution des surfaces cultivables, l’agriculture intensive et l’appauvrissement
des sols, la désertification et l’impact du réchauffement climatique sur les productions
agricoles. Nous étions donc prévenus. La surprise est venue de l’ampleur et de la rapidité du
phénomène. Plus question aujourd’hui de déclarer que la crise est à venir, nous y sommes. Les
responsables du Programme Alimentaire Mondial dont dépend directement la survie d’environ
80 millions de personnes annoncent la réduction de 40% de leur capacité à fournir l’aide nécessaire
en raison de la crise actuelle. La survie de plusieurs millions de personnes est donc
menacée, maintenant, tout de suite !