Le G8 continue d’afficher ses différences à propos du réchauffement climatique. Malgré l’annonce, jeudi, d’un engagement commun à préparer, d’ici 2009, un nouvel accord international de limitation des gaz à effet de serre, les chefs d’Etat et de gouvernement présents à Heiligendamm ne sont toujours pas d’accord sur les modalités.
Les quotas de CO2 fâchent La question des quotas des émissions de CO2 demeure la pierre d’achoppement essentielle. L’Union européenne (UE), championne de l’approche contraignante, bute toujours sur le refus des Etats-Unis, mais aussi de la Chine et de l’Inde, de s’engager sur des sacrifices sans contrepartie économique, et sans assurance d’investissements importants dans le domaine de la recherche. Cependant, avec l’appui surtout de la Grande Bretagne, de la France et de l’Italie, Angle Merkel aura au moins obtenu des Etats-Unis une déclaration d’intention. George Bush a déclaré : « Les Etats-Unis s’engageront activement, et sont même prêts à prendre la tête d’un accord qui fera suite au protocole de Kyoto. Nous voulons être un pont entre les Européens et des peuples comme ceux de l’Inde et de la Chine. Si nous voulons les avoir à notre table, il faut leur donner l’occasion de fixer un objectif international. » Satisfaction chez les officiels du G8 C’est vrai, qu’avant le G8 le président américain George Bush disait : « il n’y a pas de problèmes, il n’y a pas de conséquences sur les émissions de carbone et de gaz à effet de serre, l’homme n’a pas de responsabilités. » Ce qui fait dire à Nicolas Sarkozy que « Les avancées sur le climat sont assez significatives » même si « il reste du chemin à faire ». Nicolas Sarkozy qui rajoute au cours de cette conférence de presse : « Dans le communiqué final, il est dit que les pays du G8 prennent en compte sérieusement l’objectif de 50% de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050″. « J’aurais préféré que ce soit un objectif impératif, il y a encore un petit peu de chemin à faire, mais regardez d’où nous partions », a-t-il dit rajouté à la presse. Pour conclure, Nicolas Sarkozy se félicite des résultats obtenus lors de son premier G8 : « Ce qui est important c’est qu’il y ait une trajectoire et qu’on progresse sur cette trajectoire ». Vive déception chez les ONG Néanmoins, bien qu’Angela Merkel a déclaré « Nous avons obtenu le maximum de ce que nous pouvions obtenir », c’est la déception chez les altermondialistes du mouvement ATTAC, comme chez les écologistes de Greenpeace. Greenpeace qui dans un communiqué de presse critique avec force les Chefs d’Etat du G8 qui ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « L’accord n’est clairement pas suffisant pour prévenir les dangers du réchauffement climatique. Sans engagements chiffrés contraignants, les pays du G8 ont échoué à se placer à la hauteur du défi climatique », déclare Karine Gavand, chargée de campagne climat à Greenpeace. « En dépit des aspects prometteurs, le diable se cache dans les détails rédactionnels du texte final ! » Greenpeace rappelle aux gouvernements du G8 qu’ils doivent réduire leurs émissions de 80 à 90% d’ici 2050 si le monde veut éviter les pires impacts des changements climatiques. « Les gouvernements ont échoué à s’engager sur ce que la science juge nécessaire, à travers des objectifs contraignants. Ils doivent le faire dans le cadre des Nations unies de toute urgence », ajoute Karine Gavand. Contours à dessiner La déclaration du G8 ouvre donc une voie dont les contours restent à dessiner. La prochaine étape est prévue le 24 septembre, en avant première de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Une réunion au niveau des chefs d’Etat fixera l’agenda de l’importante conférence onusienne de Bali (Indonésie) sur le climat prévue en décembre. Entretemps, le rapport mondial du Fonds monétaire international (FMI) consacrera, en septembre, une large section à l’impact du réchauffement climatique sur l’économie. « La limitation des émissions par des quotas s’impose comme l’une des solutions incontournables confie Robert Orr, l’un des plus proches collaborateurs du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon. Il nous faut maintenant profiter du tsunami climatique déclenché par le G8 pour discuter d’une approche acceptable par les principaux polleurs, et par les principales victimes du changement climatique que sont les pays les plus pauvres. » Une autre décision a été prise lors de ce sommet, concernant le rôle confirmé de l’Onu: le G8, Etats-Unis compris, s’engage à poursuivre ses efforts dès la fin de l’année sous l’égide des Nations unies – « le forum approprié » – pour définir un futur « régime international » de lutte contre le réchauffement, au-delà du protocole de Kyoto qui expire en 2012. Le prochain sommet du G8 aura lieu du 7 au 9 juillet 2008 au Japon, au bord du lac Toya dans l’ouest de Hokkaido. Le thème principal de ce sommet devrait être… l’écologie. Espérons que nous ne ferons pas encore la chronique d’un sommet ordinaire.