Depuis des millénaires, le peuple de la ruche entretient des relations étroites avec l’Homme. Aujourd’hui, les populations d’abeilles donnent des signes de disparition et cela inquiète. Au-delà du miel, précieux nectar consommé par plus de 75% de la population française, les abeilles sont indispensables à l’Homme en assurant directement ou indirectement un tiers de son alimentation et sont nécessaires au maintien de la biodiversité. Elles nous lient aussi à la Nature.
Résolument tourné du côté des abeilles, ce film lance un cri d’amour pour une apiculture plus responsable où la priorité est portée sur le bien-être et la sauvegarde de ces insectes. Faisant intervenir des spécialistes, chercheurs, apiculteurs et associations, les réalisateurs Perrine Bertrand et Yan Grill, proposent des pistes concrètes pour un futur avec les abeilles et les pollinisateurs. En prenant le contre-pied des idées reçues, ils nous invitent à être avec les abeilles au nom de la biodiversité. « Très bien informé, riche et didactique… salutaire ». Télérama La bande annonce du film : Avec la volonté d’apporter des pistes pour une apiculture plus respectueuse, Perrine Bertrand et Yann Grill ont dès le départ du tournage affirmé leurs choix : aucune image sera réalisée au détriment des colonies d’abeilles. Cette approche assumée et dans le respect de ces insectes et de leur environnement, participe à une totale cohérence avec la visée du film. Les images de larves, de couvain ou de reines sont laissées de côté pour filmer de manière responsable. Ces choix ne nuisent en rien à l’esthétique du film et nous rappellent notre part de responsabilité. Le film se veut une invitation à « regarder vivre ces drôles de petites bêtes… » et la nature différemment.
Entretien avec la réalisatrice Perrine Bertrand
Quelle est l’ambition d’Être avec les abeilles ? Perrine Bertrand : « Ce film-documentaire parle de l’abeille européenne (Apis mellifera) en général et de sa relation avec l’homme. Son objectif est de sensibiliser à la préservation de ces insectes et propose des pistes concrètes pour une apiculture naturelle, durable et respectueuse avec la nature. Nous pouvons vivre de et avec la nature sans la surexploiter, sans la détruire et en équilibre et en harmonie avec elle. » Comment est né le projet ? « Nous avons commencé à travailler sur ce projet en 2017, mon père, Bernard Bertrand (éditeur du magazine Abeilles et auteur de nombreux livres), souhaitait faire des ruches pour préserver les abeilles sans les déranger et essayer de renforcer leur immunité. Il nous a proposé de partir en quête de solutions naturelles et d’alternatives… Un beau défi que nous avons souhaité relever. » Qu’avez-vous réalisé en donnant la parole aux apiculteurs ? « Nous avons rencontré une trentaine de spécialistes, chercheurs, apiculteurs, associations qui s’intéressent à l’abeille pour l’abeille, en chemin vers des pratiques nouvelles et qui ne la considèrent plus comme un cheptel productif mais comme un être vivant précieux à préserver. Une prise de conscience qui est essentielle à diffuser à l’heure de l’apiculture hyper-intensive, si proche de l’agro-industrie. » Quels sont les défis que doivent relever les abeilles aujourd’hui ? « Les abeilles doivent surmonter de nombreuses difficultés comme la perte d’espace pour leurs habitats, l’appauvrissement considérable de leurs ressources pour s’alimenter, les pesticides, les parasites, l’apiculture intensive et le réchauffement climatique… » Est-ce un film engagé ? « Le film est engagé en faveur d’une approche naturelle de l’abeille où l’idée est de protéger les abeilles naturellement et favoriser leur bien-être avant la récolte de miel. Il rappelle aussi l’importance de la sélection naturelle, de la sauvegarde des colonies locales et du ré-ensauvagement de colonies sauvages. » Vous avez souhaité ne pas réaliser d’images au détriment des colonies. Un choix assumé ? « Oui, nous n’avons pas cherché à avoir des images « à sensation » car le respect des abeilles est à ce prix et nous l’assumons ! Ouvrir les ruches n’est pas anodin, c’est un stress qui fait chuter la température et perturbe l’harmonie de la colonie. Tout ça pour quelques secondes d’images volées à l’intimité des abeilles. Filmer de manière respectueuse est aussi un premier pas pour sensibiliser à mieux « être avec les abeilles » … » « Permets aux abeilles de butiner sur les fleurs de ton jardin, les fleurs appartiennent plus encore aux abeilles qu’à l’homme. » Pythagore
Les intervenants du film
– Catherine Flurin : Directrice de Ballot-Flurin depuis 45 ans et pionnière de l’apiculture bio, cette apicultrice œuvre à soigner l’homme grâce à l’apithérapie. Sollicitée de nombreuses fois comme experte en « Santé par les abeilles » dans le monde entier, elle crée l’Association Francophone d’Apithérapie (AFA) et le « Yoga des Abeilles », une pratique de rapprochement entre l’homme et les abeilles. – Michael Joshin Thiele : « L’homme qui murmure à l’oreille des abeilles » pour l’Obs. Prônant une apiculture biodynamique, il est le fondateur d’Apis Arborea qui œuvre à restaurer l’habitat des abeilles en utilisant des ruches naturelles. Ses travaux ont été présenté à Harvard University , à New York University et au département de l’Agriculture des États-Unis. – Karine Devot : Formée en autodidacte, elle fonde et préside depuis 2008 l’association Apicool, qui propose des actions d’accompagnement à tout public afin de préserver les abeilles. Elle est aussi l’auteure de La ruche écologique. – Maurice Rouvière : Apiculteur et écologiste dans le Gard, il est le créateur de l’association Abeille est Sagesse où il enseigne l’apiculture de biodiversité. Il a travaillé avec Pierre Rabhi et de nombreuses associations de défense pour l’environnement et lance la fête de l’abeille et de la biodiversité depuis 2016 dans le Gard. Il est partenaire avec la communauté des communes du piémont cévenol. – Jacqueline Freeman : Apicultrice, agricultrice et auteure du Le chant des abeilles, cette « sauveuse d’essaims » promeut l’apiculture biologique et sans traitement, la permaculture et l’agriculture durable. – Deborah Post : Apicultrice biodynamique et fondatrice d’Honey Highway qui permet de refleurir plusieurs hectares de terre au Pays-Bas pour améliorer les ressources alimentaires pour les abeilles et restaurer la biodiversité. – Jonathan Powell : « From Beekeeper to beelover » (D’Apiculteur à Amoureux des abeilles). Apiculteur et cofondateur du Natural Beekeeping Trust. – Jean-Pierre Gauthier : Apiculteur en Haute-Savoie, partisan du jardinage sans retournement du sol depuis 25 ans, président d’une association de protection de l’environnement et photographe amateur. Il crée le rucher-école du domaine de Blonay et intervient aujourd’hui dans les écoles et associations sur le thème des abeilles.
