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Parlons Climat - IDDRI

Et si nous allions vers un pivot majoritaire de l’écologie ?

Par Lucas Francou (Parlons Climat), Mathieu Saujot et Marion Bet (IDDRI)

Cette note de Lucas Francou (Parlons Climat), Mathieu Saujot et Marion Bet (IDDRI) examine les stratégies des acteurs de l’environnement en France. Les auteurs suggèrent que nous sommes dans une nouvelle phase où les stratégies minoritaires traditionnelles ont atteint leurs limites, nécessitant un pivot majoritaire. Ils nous proposent une analyse en deux temps pour d’abord comprendre cette dynamique nouvelle et ensuite esquisser des pistes pour une nouvelle phase pour le mouvement.

Qu’est-ce que la théorie du pivot majoritaire ?

« Ce n’est pas un retour de bâton,
c’est un plateau. »

Pendant des années, l’action climatique a gagné du terrain grâce aux voix des militants, mais cet élan s’essouffle. La théorie du « Pivot Majoritaire » invite à changer de stratégie : s’adresser au grand public et pas seulement aux déjà convaincus si l’on veut capter l’opinion publique. Avec des récits qui résonnent au-delà des clivages.

Dans un contexte polarisé, elle appelle à un discours plus inclusif et plus souhaitable pour accélérer le changement.

Les débats sont bruyants mais la majorité des employés comme des consommateurs croient toujours que les affaires doivent servir un objectif plus grand.

La durabilité a fait de réels progrès mais elle reste cloisonnée, souvent déconnectée de la stratégie de base, de l’innovation et des décisions commerciales.

Le pivot majoritaire nous invite à faire en sorte que le changement semble non seulement nécessaire, mais inévitable et excitant. Le changement arrive. Notre travail consiste à aider les gens à le reconnaître et à vouloir en faire partie.

Synthèse par Amélie Deloffre – Parlons Climat

« Le soutien à l’écologie plafonne, certes. Et si c’était le signe qu’il est temps de changer de stratégie et d’attaquer une nouvelle phase ?

Depuis 50 ans, les acteurs de l’environnement ont adopté une stratégie dite minoritaire pour sensibiliser tout en faisant pression. Sauf qu’aujourd’hui, l’écologie est majoritaire (si-si) et pâtit de ses anciens réflexes.

Alors quoi changer, quels sont les enjeux pour les prochaines années, comment basculer vers une stratégie majoritaire ?

Je vous propose cette petite story (7 min de lecture) à partir de la note stratégique publiée par Lucas Francou Damesin, avec Mathieu Saujot et Marion Bet de l’ Iddri . Une bonne synthèse des pensées qui nous occupent chez Parlons Climat depuis 3 ans.« 

Limites des stratégies actuelles

Les stratégies d’influence minoritaire, basées sur une minorité cohérente et persistante créant un conflit pour influencer la majorité, ont été cruciales pour mettre l’écologie à l’agenda politique et renforcer sa place dans l’opinion. Cependant, ces stratégies atteignent aujourd’hui leurs limites.

En effet, bien que l’intérêt pour les questions environnementales et climatiques soit élevé dans l’opinion, il semble stagner après des années de croissance. Plusieurs mécanismes expliquent cette situation du point de vue de l’opinion :

  • la transformation de l’écologie en une cible pour certains acteurs,
  • la polarisation politique autour des enjeux écologiques,
  • la transformation de l’écologie en un élément de distinction sociale,
  • les tactiques militantes créant du clivage pour s’assurer une mise à l’agenda politique et médiatique,
  • la création d’une «bulle» isolant le mouvement.

Une autre série de facteurs, liés à la théorie du changement social sous-jacente, peuvent également expliquer cette fin de phase :

  • La promotion de l’écologie a progressivement privilégié une approche de «consommateur responsable», mettant l’accent sur les comportements individuels. Cette approche montre des limites, le pouvoir du consommateur étant limité par ses environnements,
  • L’écologie a souvent été abordée comme un enjeu isolé («single issue»), sans suffisamment prendre en compte les enjeux sociaux et économiques plus larges. Cela a conduit à un isolement de la cause écologique et à une difficulté à l’intégrer dans un projet social plus global. Les auteurs proposent d’utiliser le prisme du contrat social pour mieux arrimer l’écologie aux enjeux sociaux, en reconnaissant qu’une transition écologique bouscule les règles du jeu et nécessite une renégociation collective de nos pactes sociaux dans leur ensemble

Ouvertures pour construire un «pivot majoritaire»

Face à ces limites, la note propose des pistes pour construire un «pivot majoritaire» de l’écologie :

  • Incarnation, distinction et variation : diversifier les figures qui incarnent l’écologie, reconnaître la diversité des approches et admettre que l’écologie mute et s’adapte en touchant de nouveaux groupes,
  • «Quand on peut, on veut» : agir sur les environnements et les contextes pour rendre les pratiques durables possibles et désirables, plutôt que de se contenter d’injonctions individuelles. Il faut rendre les changements collectifs réalistes et aisés,
  • Sortir du «single issue» et construire de nouveaux clivages : intégrer l’écologie dans un projet plus large, en lien avec les préoccupations du quotidien (emploi, pouvoir d’achat, etc.). Il s’agit de trouver des clivages majoritaires en se basant sur les conditions de vie et non sur la seule question écologique.
  • Justice et agentivité : prendre en compte les inégalités sociales face aux coûts de la transition, élargir les formes de soutien au-delà des aides financières, et redonner du pouvoir d’agir à chacun en valorisant une pluralité de parcours et de formes d’engagement.

Note Parlons Climat – IDDRI

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