« Nous ne voulons pas d’éoliennes qui dépassent 70 mètres de hauteur, nous ne sommes pas contre l’énergie verte mais il faut préserver le paysage de nos îles, qui est unique« , rapporte Dimitris Baïlas, préfet des Cyclades (sud-est). La Grèce a approuvé depuis janvier plusieurs projets de parcs éoliens (principalement sur les îles des Cyclades très exposées aux vents) afin de réduire son déficit énergétique et d’augmenter sa production d’électricité « verte ».
D’un coté, les autorités locales craignent que les éoliennes aient un impact négatif sur le paysage de leur île avec pour conséquence une baisse de la fréquentation touristique. Et certains élus parlent même de menace sur la biodiversité et sur l’économie, qui est basée sur l’élevage. Mais, pour l’Autorité de réglementation de l’énergie (Are), il n’y a aucun risque pour l’environnement. Tout le monde ne voit pas les choses du même oeil… Certains considèrent les éoliennes comme une pollution visuelle et pensent qu’elles ne peuvent s’intégrer dans des sites non industriels. Alors que d’autres estiment que ce sont des éléments architecturaux esthétiques : des nouveaux paysages, tout comme, dans les siècles passés, les aqueducs, les viaducs ferroviaires, les phares ou les moulins à vent ont pu le faire. De toutes façons, les éoliennes ne sont pas seulement des objets que l’on peut juger beaux ou laids. Leur rôle s’inscrit également dans la lutte contre le changement climatique en s’ajoutant aux solutions alternatives pour diminuer la consommation d’énergie fossile ce qui peut aussi influer sur la perception qu’on en a. L’énergie éolienne est inépuisable et non polluante. Que demander de plus ? Alors, les éoliennes, être ou ne pas être ? Pour la fédération française Vent de Colère, c’est « Non à l’éolien industriel. Sans aucun effet sur les émissions de gaz à effet de serre, régulé obligatoirement par du thermique à flamme produisant des gaz à effet de serre, rackettant la collectivité, ne servant qu’à enrichir outrageusement les promoteurs privés, nuisible de façon multiple pour les riverains, destructeur du patrimoine paysager et du tourisme, dangereux, ne créant aucun emploi permanent, freinant la croissance, dégradant la balance des paiements, L’EOLIEN INDUSTRIEL FRANÇAIS EST UNE GIGANTESQUE ARNAQUE. ». Bref, les avis divergent… en gros, tout le monde est pour l’énergie verte mais pas près de chez soi ! Et tous les arguments, pour ou contre, sont bons. Problème cornélien… D’un coté, les écologistes veulent suspendre le projet du nouveau réacteur nucléaire (EPR) et de l’autre les autorités locales rejettent les projets de parcs éoliens pour cause de paysages gâchés… Comment faire alors pour satisfaire la consommation énergétique et répondre à l’objectif européen de 21% de production d’électricité d’origine renouvelable en 2010? Selon une nouvelle étude de la Commission, la croissance économique de l’UE s’accompagne d’une hausse de la consommation énergétique, malgré les efforts grandissants en matière d’efficacité énergétique pour réduire les émissions de CO2 liées au changement climatique. Aujourd’hui, l’éolien ne représente que 0,05% de l’énergie mondiale alors qu’elle est l’énergie renouvelable la plus mature derrière l’hydraulique. Une éolienne, selon le type (hauteur du mât, longueur des pales), développe une puissance d’environ 1 à 6 MW. En France, 14% de l’électricité est déjà verte grâce à l’hydraulique. Par contre, la puissance éolienne reste encore très faible : 1,350 MW . Il en faudrait 17,000 MW de plus pour atteindre l’objectif européen de 21% de production d’électricité d’origine renouvelable en 2010, soit installer 4 éoliennes par jour ! On est donc loin du compte… Une chose est sûre, l’énergie éolienne est une solution alternative incontournable si nous voulons nous sortir de la crise climatique et diminuer notre dépendance aux énergies fossiles (pétrole, gaz naturel ou charbon). Elle n’est certes pas suffisante pour y contribuer massivement (énergie intermittente qui nécessite donc le recours à d’autres consommations électriques et à des stations de transfert d’énergie par pompage pour son stockage), mais on ne peut se permettre de la mettre de coté surtout si on veut diminuer la part du nucléaire pour des raisons de sécurité (risques d’accident nucléaire, gestion des déchets radioactifs). Et honnêtement, d’un point de vue esthétique, entre une éolienne et une ligne haute tension…