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Enjeux environnementaux : en quoi l’éducation transforme-t-elle les comportements des jeunes ?

Par Magali Jaoul-Grammare de l'Université de Strasbourg et Anne Stenger de l'Inrae

L’entrée dans le monde étudiant bouleverse les habitudes de vie des jeunes. Cette transition vers l’autonomie est-elle alors propice à l’adoption de comportements respectueux de l’environnement ? Quelques éclairages à partir des derniers résultats d’enquête de l’Observatoire de la vie étudiante.

Le souci de protéger l’environnement peut conduire à adapter ses comportements au quotidien, en privilégiant notamment des modes de transports à faibles émissions. Shutterstock

Par Magali Jaoul-Grammare de l’Université de Strasbourg et Anne Stenger de l’Inrae


Au-delà des incitations monétaires, souvent temporaires, l’éducation peut constituer un levier durable en faveur des comportements pro-environnementaux (CPE). Si un niveau d’éducation élevé favorise la compréhension des enjeux écologiques, ses effets sur les CPE restent toutefois variables, voire parfois négatifs. D’autres facteurs interviennent : genre, âge, revenu, milieu social ou style de vie.

Nous nous sommes penchées sur les déterminants des pratiques alimentaires et de mobilité des étudiant·es à partir de l’enquête 2023 « Conditions de vie des étudiants », incluant les deux questions suivantes : « Pour des raisons écologiques, avez-vous changé vos habitudes alimentaires (moins de viande, manger bio…) ? » ; « Pour des raisons écologiques, avez-vous changé vos habitudes de transport (moins de déplacements, autres modes de transports) ? »

Connaissances et émotions, des facteurs de changement

Une personne soucieuse de l’environnement peut réduire sa consommation, privilégier une alimentation végétale, locale ou de saison, et adopter des régimes à faible impact. Dans les transports, elle choisira des modes à faibles émissions ou limitera ses déplacements. Toutefois, la santé, les habitudes, les normes sociales et les contraintes économiques influencent aussi ces choix, où les motivations environnementales se mêlent à des dimensions sociales et éducatives.

Les individus mieux informés adoptent plus facilement des comportements pro-environnementaux. L’éducation, formelle ou informelle, transmet connaissances et valeurs écologiques, renforçant pensée critique et conscience durable. Le milieu social reste déterminant : les foyers aisés accèdent plus aisément aux produits bio ou aux véhicules électriques, tandis que les plus modestes dépendent des transports publics.

Le mode de vie étudiant influe aussi : la transition vers l’autonomie modifie les habitudes et conduit à distinguer différents profils, de l’engagé à l’indifférent, etc. Enfin, le sport diffuse de plus en plus des valeurs écologiques.

Fourni par l’auteur

Les émotions, notamment négatives, constituent un levier important du changement de comportement. L’écoanxiété – mal-être et inquiétude face au réchauffement climatique – influence les comportements, bien que ses effets varient selon les études.

Des diplômés écoanxieux

Résultats de la première étude en France pour mesurer avec précision l’éco-anxiété dans la population

Depuis 2020, l’enquête « Conditions de vie des étudiants » mesure ce phénomène via une question sur l’inquiétude climatique. En 2023, 87 % des répondants se disent inquiets, surtout les femmes, et cette proportion reste stable malgré l’aggravation des crises. L’écoanxiété diffère également selon le milieu social et scolaire.

Enfin, les conditions de vie influencent aussi les comportements : les étudiants vivant chez leurs parents changent moins, tandis que les difficultés financières favorisent l’adaptation alimentaire mais freinent la mobilité durable.

Fourni par l’auteur

Parmi les étudiants interrogés en 2023, un tiers a modifié à la fois ses habitudes alimentaires et de transport pour des raisons environnementales. Ces changements varient selon le sexe, le milieu social, le niveau d’études et la sensibilité au climat.

Les étudiantes adaptent davantage leur alimentation (18 % contre 9 % des hommes), tandis que les étudiants modifient plus souvent leurs transports (23 % contre 18 %). Les plus diplômés, issus de milieux aisés, écoanxieux ou engagés, changent plus fréquemment leurs comportements : 35 % des étudiants inquiets du climat modifient les deux, contre 7 % des non inquiets.

La participation à des conférences ou à des manifestations, ainsi que la pratique sportive, favorisent les comportements pro-environnementaux : 34 % des sportifs ont changé leurs habitudes, tandis que les effets du tabac ou de l’alcool restent incertains. Les contraintes matérielles jouent aussi : les urbains adaptent davantage leurs transports (21 % contre 15 % en zones rurales) mais moins leur alimentation (14 % contre 21 %). Les étudiants autonomes (38 %) changent plus souvent que ceux vivant chez leurs parents (19 %).

L’éducation à l’environnement et au développement durable – cese

Des freins économiques et géographiques

Les facteurs associés aux changements alimentaires et de transport sont similaires : les femmes, les étudiants sportifs, inquiets du climat ou mieux éduqués sont plus enclins à modifier leurs pratiques. Le niveau d’études reste déterminant : les étudiants de master adoptent plus souvent des comportements durables, étayant le rôle de l’éducation.

Le cadre de vie compte également : la ruralité favorise les changements alimentaires mais freine la mobilité durable, tandis que vivre seul ou en résidence les encourage. Les contraintes financières, en revanche, limitent surtout les changements de transport. Enfin, 34 % des étudiants souhaiteraient changer leur alimentation et 27 % leurs transports sans y parvenir, freinés par leurs conditions économiques ou géographiques : vivre chez ses parents restreint les marges de manœuvre alimentaires, tandis que l’éloignement urbain et le manque de moyens limitent la mobilité durable.

Certaines caractéristiques – milieu social aisé, bon niveau scolaire, engagement environnemental, inquiétude climatique ou pratique sportive – favorisent les comportements pro-environnementaux dans l’alimentation et le transport.

L’enquête « Conditions de vie des étudiants » reste toutefois limitée : elle ne détaille ni les actions concrètes ni la chronologie des changements, rendant difficile l’évaluation des effets leviers ou rebonds. Toutefois l’éducation, formelle ou informelle, demeure un levier central pour encourager les comportements pro-environnementaux, par la sensibilisation, la diffusion de connaissances et la transmission intergénérationnelle.

Le renforcement de l’éducation environnementale, l’accès gratuit à des ateliers ou conférences, surtout dans les zones défavorisées, illustrent cette voie. D’autres leviers peuvent compléter cette action : sport durable, mobilités actives et politiques sociales réduisant les inégalités.

Magali Jaoul-Grammare, Chargée de Recherche CNRS en Economie, Université de Strasbourg et Anne Stenger, Directrice de recherche en économie, Inrae

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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