« Non, nous ne sommes pas condamnés à voir les inégalités s’accroître. Non, la mondialisation libérale n’est pas la seule possible. Oui, on peut aller vers un autre mode de vie, plus respectueux de l’environnement et des personnes », s’exlament ce mois-ci Philippe Frémeaux et Sandra Moatti en introduction au dossier d’Alternatives Economiques intitulé Et si on changeait tout ?. Les auteurs l’assurent : « les mesures proposées dans ce dossier n’ont rien de révolutionnaire. Elles sont toutes compatibles avec le capitalisme. Mais, ensemble, elles changeraient profondément la donne et permettraient de remettre l’économie au service de la société. » Guillaume Duval de poursuivre : Après les affaires Enron et tant d’autres, la crise actuelle montre qu’il est plus que temps de faire entrer un peu de démocratie dans les entreprises. Pourquoi les actionnaires devraient-ils décider seuls de leur avenir, avec les dirigeants qu’ils nomment ? Pascal Canfin constate également : « La planète est en surchauffe. Le climat se dérègle à un rythme et à une ampleur inégalés dans l’histoire; les produits chimiques qui finissent dans les mers du globe changent le sexe des poissons; les glaces du pôle Nord fondent plus vite que prévu… La crise écologique est donc globale. Mais les responsabilités sont loin d’être équitablement partagées. L’empreinte écologique d’un habitant des Etats-Unis est 4,5 fois supérieure à la moyenne mondiale soutenable, quand celle d’un Kenyan ou d’un Népalais est plus de deux fois inférieure. » Face à ces constats, Alternatives Economiques (n°278 – Mars 2009) nous donnent quelques clés pour parvenir au changement nécessaire de nos comportements. La revue de presse de cette semaine démontre encore une nouvelle fois que cela ne peut plus être seulement un vœu pieux.
Alimentation
– L’açaï, fruit de la mondialisation : L’açaï est le fruit d’une variété de palmier qui prolifère dans le bassin de l’Amazone. Il est ramassé en grappes tout en haut de l’arbre. Rouge pourpre tirant sur le violet, il évoque la myrtille ou le cassis par son aspect et sa taille, le chocolat par son goût. Mais le plus surprenant est que ce fruit, auréolé depuis peu de vertus médicinales et nutritives multiples – certaines bien réelles, d’autres imaginaires -, s’est lancé à la conquête des pays riches. Servi sous forme de compote dans toutes les gargotes de Belém, l’açaï s’est métamorphosé en s’émancipant de la forêt amazonienne. Il est devenu boisson, sorbet, biscuit, gélule, bonbon et même alcool fort. Les grandes marques de soda et celles de cosmétiques s’intéressent à lui. Il n’était vendu qu’à Belém. On le trouve aujourd’hui en Californie, au Japon, en Australie, demain en Europe… Sur Internet, les sites qui proposent le nouvel élixir se multiplient. « L’açaï est le fruit de la mondialisation », résume la gouverneure de l’Etat du Para, Ana Julia Carepa. « Demain, on le trouvera chez vous dans les rayons des supermarchés à côté des bouteilles de jus d’ananas ou de jus de pomme », jure le secrétaire d’Etat à l’agriculture, Cassio Pereira. Décryptage sur ce phénomène avec Jean-Pierre Tuquoi dans Le Monde (06/03/09).Climat
– Les oiseaux, baromètre du réchauffement en Europe : Le changement climatique affecte de façon déjà visible la vie des oiseaux européens, selon les résultats d’une étude menée par l’université de Durham (Royaume-Uni) et publiée, mercredi 4 mars, dans la revue PLoS ONE. Cette conclusion s’appuie sur les données fournies par un nouvel indicateur mesurant la sensibilité des oiseaux aux variations des températures. Sur les 122 espèces d’oiseaux communs étudiées parmi les 526 que compte l’Europe, 75 % présentent des effectifs en déclin du fait du réchauffement climatique, qui réduit leurs aires potentielles de répartition. Dans un premier temps, les oiseaux peuvent répondre à cette transformation de leur environnement en cherchant à s’installer plus au nord ou à des altitudes plus élevées dans les régions montagneuses, mais ces migrations ne sont pas sans limites. Le Monde (07/03/09) – La dérive des continents modifie-t-elle le climat ? : Depuis quelques années, les chercheurs se sont intéressés à l’influence de la dérive des continents sur les «dérives» du climat de la Terre. Avec cet article, Jean-Luc Nothias revient donc sur l’histoire de notre planète, vieille de plus de 4,5 milliards d’années. Il y a 2 milliards d’années, un supercontinent se forme. Puis se disloque. Il y a 1,1 milliard d’années, un nouveau supercontinent se forme. Puis se morcelle en huit morceaux, 400 millions d’années plus tard. Ils se réuniront de nouveau pour former un gigantesque continent unique, la Pangée. Celle-ci se désagrégera il y a quelque 200 millions d’années en commençant par la séparation de l’Amérique du Nord et de l’Afrique. Ce qui donnera la physionomie actuelle de la Terre. Au temps de la Pangée, les plantes terrestres existent et les arbres sont souvent géants. Tout comme certains insectes. Il y a déjà des mammifères terrestres ovipares et les premiers dinosaures. La Terre est chaude et le climat tropical, offrant nourriture abondante pour tous. La séparation des continents va prendre du temps avant qu’ils ne soient totalement isolés les uns des autres. Les marsupiaux apparaissent, tout comme les oiseaux et les premières plantes à fleurs. Mais les choses vont changer. Car cet éclatement de la Pangée va entraîner ce que la Terre n’avait apparemment pas encore connu, la formation de calottes glaciaires. À commencer, il y a 30 millions d’années, par le pôle Sud où s’est installé le continent antarctique. Le pôle Nord attendra plus longtemps avant de s’établir. Un régime de climat froid s’est ainsi progressivement établi dans les deux hémisphères. Car, oui, la dérive des continents est un moteur aussi puissant que la composition de l’atmosphère pour changer le climat global. Le Figaro (04/03/09). – En Nouvelle-Calédonie, l’épidémie de dengue s’emballe : L’épidémie de dengue prend une tournure alarmante en Nouvelle-Calédonie, où le nombre de malades a bondi de 481 en janvier à plus de 1 541 en février. Et la flambée continue : « Actuellement, c’est presque cent cas déclarés par jour », indique Anne Pfannstiel, médecin à la direction des affaires sanitaires et sociales, qui estime que ce chiffre peut être multiplié par trois si l’on veut tenir compte des malades ne consultant pas de médecins. A cause du réchauffement climatique et de l’adaptation des insectes à ce phénomène, la dengue progresse dans les régions subtropicales, et fait chaque année 12 500 morts, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En Nouvelle-Calédonie, la déclaration de cas – pour la première fois – durant la saison fraîche, en 2008, fait redouter le passage de la maladie à un caractère endémique. Le Monde (07/03/09). – Les pets des mollusques réchauffent la planète titre sérieusement Libération (03/03/09). Ils ne mesurent que quelques millimètres, vivent presque invisibles au fond de l’eau, mais la contribution au réchauffement climatique des larves d’insectes aquatiques et des mollusques est injustement sous-estimée, ont averti dans une étude des chercheurs allemands et danois. Dans un article publié mardi, des biologistes du Max Planck Institut à Brême (nord de l’Allemagne) et d’Aarhus (centre-ouest du Danemark) expliquent que les flatulences de ces petites bestioles, lorsqu’elles vivent dans des milieux pollués par des nitrates issus de l’activité humaine, contiennent des gaz à effet de serre notoire. Bien qu’il n’existe à ce jour aucune donnée quantitative sur la question, Fanni Aspetberger, du Max-Planck Institut,estime que «plus nous polluons, plus la production de ces gaz sera importante». Selon la chercheuse, si la pollution aux nitrates continue à croître comme elle l’a fait ces dernières années, les rejets gastriques des mollusques pourraient avoir un effet «nocif important» sur l’environnement.Déchets
– Trafics de déchets : Des milliers de tonnes de déchets électroniques, dont la collecte et le traitement sont encadrés par des directives européennes, sont exportées illégalement chaque année. En février, le quotidien britannique The Independent et la chaîne Sky News ont diffusé une enquête réalisée avec Greenpeace : grâce à un système de localisation par satellite, ils ont suivi à la trace un téléviseur cassé déposé dans une déchetterie britannique. Celui-ci a atterri chez un revendeur, sur le marché d’Alaba, à Lagos, au Nigeria. Le Monde (08/03/09)Démographie
– « Les programmes de contrôle des naissances ne sont plus d’actualité » : La population de la Terre dépassera 9 milliards de personnes en 2050. De cette projection établie par les Nations unies – la dernière révision date de 2006 – dépend à peu près… tout le reste. Rien d’étonnant, dès lors, qu’en ouvrant une chaire dédiée au développement durable, le Collège de France décide de confier la première des cinq années d’enseignement au démographe Henri Leridon. « C’est tout l’intérêt de la chaire que de balayer les différents aspects – démographie, climat, ressources, etc. – car le développement durable n’est pas une discipline en tant que telle », estime le directeur de recherche émérite à l’Institut national des études démographiques (INED) qui a prononcé, jeudi 5 mars, sa leçon inaugurale, cinquante ans après Alfred Sauvy, qui a occupé, dans la même enceinte, la chaire démographie sociale. Le Monde (07/03/09).Habitat écologique
– Mode d’emploi pour rendre sa maison écolo : Pour faire des économies, il faut commencer par investir. Ce paradoxe n’a pas échappé aux propriétaires soucieux de mieux isoler leur logement ou d’y installer des systèmes économes en énergie et moins polluants. Les pionniers ont sans doute essuyé quelques plâtres et fait les frais d’un manque d’information. Après la hausse du coût de l’énergie au cours de l’été 2008, l’insistance des installateurs de chauffe-eau solaires, de chaudières à condensation ou de pompes à chaleur à vendre des équipements parfois mal adaptés aussi provoqué des déceptions. Le Monde (07/03/09).Toxicologie
– Du bisphénol dans le biberon : Alors que se multiplient les études sur les dangers du bisphénol A, substance présente dans de nombreux plastiques alimentaires, un front associatif réclame son interdiction. C’est une première en France constate cette semaine Patrick Piro dans Politis : écologistes, professionnels de santé, scientifiques et associations de malades (WWF, Fondation sciences citoyennes, MDRGF, Fac verte, Objectif bio et Nord écologie conseil, rejoints par la Coordination nationale médicale santé environnement, le Comité pour le développement durable en santé et l’Association des personnes atteintes du syndrome d’hypersensibilité chimique multiple, Voir http://www.reseau-environnement-sante.fr ) se sont réunis pour fonder le Réseau environnement santé (RES). « Parce que les problèmes sanitaires liés à la pollution sont marginalisés, nous avons décidé de partir en campagne », explique André Cicolella, porte-parole du RES. Première cible, le BPA, « substance emblématique, au carrefour de pathologies multiples ». Une pétition demande l’interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires, ainsi qu’une évaluation de la pollution de l’environnement par la substance (Voir http://www.cyberacteurs.org). Le RES lancera ensuite des tests sur des femmes enceintes, renouvelés après l’interruption de la consommation d’aliments en conserve, afin de détecter une éventuelle baisse de leur taux de BPA. Parallèlement, les députés européens Hanne Dahl, Christel Schaldemose, Hélène Goudin et Carl Schlyter, notamment appuyés par l’ONG Women in Europe for a Common Future (qui soutient aussi le RES), ont demandé à Bruxelles d’interdire en Europe l’utilisation du BPA dans la fabrication des biberons. Dans l’attente, il existe déjà des modèles sur le marché (voir « biberons sans bisphénol A » sur Internet). Plusieurs associations recommandent d’éviter de chauffer des aliments dans des contenants suspects, de mettre ces derniers au lave-vaisselle, voire d’éviter les conserves.