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Bakou, Azerbaïdjan - Novembre 2024

COP29 Climat : vers un réel engagement des États à sortir des énergies fossiles ?

Et fixer un nouvel engagement financier pour aider les pays vulnérables à s’adapter au changement climatique

Le dernier rapport de synthèse du GIEC est sans équivoque : le réchauffement de la température moyenne mondiale s’accélère et il est causé par les activités humaines. La transition est d’autant plus importante que le coût de l’inaction sera bien supérieur au coût de l’action : de 5 % à 20 % du PIB mondial contre 1 % si nous agissons dès maintenant. L’urgence écologique et économique d’agir pour le climat et la biodiversité, afin de limiter le réchauffement à +1,5°C grâce à la sortie progressive des énergies fossiles, sera-t’elle suffisante ? C’était tout l’enjeu de cette COP29 à Bakou en Azerbaïdjan : un échec ou décevant mis avec quelques avancées ?

Le dernier rapport de l’ONU Climat montre que les plans d’action climatique nationaux « sont loin de répondre aux besoins »

Déclaration de Simon Stiell, Secrétaire exécutif d’ONU Climat, à l’occasion de la publication du Rapport de synthèse sur les contributions déterminées au niveau national (CDN) 2024, le 28 octobre 2024

Synthèse de la COP29 par bonpote.com :
“un crachat aux visages des nations vulnérables”

La COP29 a eu lieu cette année en Azerbaïdjan, pays exportateur d’énergies fossiles et qui avait la lourde tâche de faire avancer les négociations climatiques dans un contexte international particulièrement tendu.

Dès le début de la COP, le président du pays hôte a déclaré “le pétrole et le gaz sont un cadeau de dieu”. Le même jour, l’équipe de négociation argentine était renvoyée chez elle par le président d’extrême droite climatosceptique Javier Milei, qui avait déjà déclaré que le changement climatique était “un mensonge socialiste”. Le ton était donné.

Thomas Wagner nous plonge dans les temps forts de la COP29, ou COP de la finance climatique, en analysant les principaux sujets évoqués : l’état mondial du climat, la finance climatique via le nouvel objectif collectif quantifié et les engagements des États, tout en démêlant le vrai du faux.


🔵 COP29 – Déclaration d’Agnès Pannier-Runacher

Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques :

« L’accord de la COP29 adopté à Bakou est décevant. Il n’est pas à la hauteur des enjeux. Le texte sur la finance a été adopté dans un climat de confusion et contesté par plusieurs pays.

Il contient néanmoins plusieurs avancées :

  • Un triplement des financements climat pour les pays en développement, actuellement de 100Mds$ par an à 300Mds d’ici à 2035. Cet engagement vient s’ajouter à celui sur le triplement des énergies renouvelables d’ici 2030 et des capacités nucléaires d’ici 2050, pris à Dubaï l’année dernière. A cela s’ajoute un objectif global de financements climat, toutes sources confondues, de 1300 milliards de dollars, nécessaires pour accélérer la transition vers un monde sans énergies fossiles..
  • Un élargissement – limité – de la base des contributeurs aux pays émergents alors que la mobilisation de tous les grands émetteurs est essentielle.
  • Un accord historique, après 9 ans de négociations, sur un cadre de marché volontaire du carbone, avec une volonté de garantir une intégrité environnementale, pour permettre un vrai développement des marchés internationaux des crédits carbone.

En revanche, sur l’atténuation, aucun texte n’est adopté, ce qui envoie un message très négatif et marque un vrai échec pour cette COP29.

Les pays pétroliers bloquent l’accord pour un traité plastique contraignant

Les négociations autour d’un traité mondial contre la pollution plastique se sont achevées ce dimanche 1er décembre, sur un goût amer. Les 175 pays réunis à Busan, en Corée du Sud, ne sont pas parvenus à finaliser le texte dans les temps, ralentis par les pays pétroliers opposés à un accord contraignant. Les discussions sont repoussées à une date ultérieure. Par Florine Morestin – journaliste novethic.fr

Nos espoirs se portent désormais vers la COP30 qui sera présidée par le Brésil.

La France reste fortement engagée sur la solidarité avec les pays en développement, avec 7,2 Mds € de financements climat en 2023, dont de 2,8 Mds sur l’adaptation, soit près de 10% de la finance mondiale sur l’adaptation. Elle poursuit son action de réduction des émissions de gaz à effet de serre à un rythme trois fois plus élevé que dans les années 2010. La France continuera à être force de propositions, comme celles du pacte de Paris pour les peuples et la planète. »


"Selon le GIEC, entre 2011 et 2020, le climat mondial s’est déjà réchauffé de 1,1 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Entre 1901 et 2018, le niveau de la mer s’est élevé de 20 centimètres. Le recul des glaciers est sans précédent depuis au moins 2 000 ans. La concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère est la plus élevée depuis au moins deux millions d’années. Voilà, en 2024, la réalité de l’urgence climatique. Les conséquences de cette urgence, elles sont déjà là. Les catastrophes naturelles se multiplient sur notre territoire à une fréquence inédite. Des forêts sont ravagées, des territoires intégralement inondés, des maisons dévastées. Le dérèglement climatique n’est pas une abstraction. Il affecte la production alimentaire, la santé humaine, les écosystèmes vitaux et aggrave d’autres crises planétaires telles que l’effondrement de la biodiversité et l’augmentation de la pollution de l’air et de l’eau. C’est pour cela que la lutte pour le climat et la biodiversité est le plus grand défi, le plus grand combat de notre siècle." 

Cette introduction d’Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, a le mérite de la clarté. C’est « dans ce contexte d’urgence que la COP28, à Dubaï l’année dernière, a permis des avancées historiques afin de limiter le réchauffement à +1,5°C avec l’appel à la sortie progressive des énergies fossiles. »


Objectif fixé pour la COP29

Nous avons tous le devoir moral d’éviter de dépasser +1,5 °C de réchauffement global. La fenêtre d’opportunité pour agir se referme et nous devons nous concentrer sur la nécessité d’investir aujourd’hui pour épargner demain. Notre priorité est de réduire nos émissions rapidement et durablement, dès maintenant pour maintenir les températures sous contrôle et rester en dessous de 1,5 degrés Celsius, tout en ne laissant personne à la traîne.

Traduction du texte sur la page d'accueil du site officiel de la COP29

Cette COP29 doit désormais encourager les états à mettre en œuvre leurs engagements, voire à en accroitre l’ambition et en accélérer la mise en œuvre car l’année 2024 devrait dépasser les +1,5°C de réchauffement et le dernier rapport de l’ONU Climat montre que les plans d’action climatique nationaux « sont loin de répondre aux besoins » selon Simon Stiell, Secrétaire exécutif d’ONU Climat, à l’occasion de la publication du Rapport de synthèse sur les contributions déterminées au niveau national (CDN) 2024, le 28 octobre 2024.


Renforcer l’ambition et permettre l’action

Le plan de la présidence de la COP29 repose sur deux piliers qui se renforcent mutuellement. Le premier pilier pour « renforcer l’ambition » combine des éléments clés pour que toutes les parties s’engagent à adopter des plans nationaux ambitieux et à faire preuve de transparence. Le deuxième pilier, l’« action », reflète le rôle critique du financement, un outil essentiel pour transformer l’ambition en action, réduire les émissions, s’adapter aux changements climatiques et faire face aux pertes et dommages.

Traduction du texte sur la page d'accueil du site officiel de la COP29

Avis du réseau international d’investisseurs FAIRR, leaders de l’analyse ESG des données dans le secteur alimentaire mondial

Pourquoi la COP29 est importante pour l’agriculture ?

L’impact de l’agriculture intensive est sous-estimé dans les efforts actuels de lutte contre le changement climatique, malgré son rôle essentiel dans la transition mondiale vers la neutralité carbone. Même si les émissions de combustibles fossiles étaient stoppées, les seules émissions du système alimentaire mondial pourraient entraîner une augmentation des températures mondiales de plus de 1,5°C. L’agriculture est le seul secteur ayant la capacité de séquestrer les émissions (par le biais du boisement ou de l’agroforesterie, par exemple) et est donc essentiel à l’objectif de zéro émission nette.    

FAIRR espère que les prochains rapports publiés à la COP29 :

  • Intégreront une approche « Une seule santé » ;
  • Accorderont également une place à la nature1 dans les objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique et pour la sécurité alimentaire ;  
  • Fourniront des éclaircissements sur le rôle que joue la diversification des protéines dans la lutte contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la faim.

À propos de FAIRR

FAIRR est un réseau d’investisseurs, fondé par Jeremy Coller, dont les membres représentent 70 000 milliards de dollars d’actifs collectifs de soutien. FAIRR travaille avec les investisseurs institutionnels pour définir les questions ESG importantes liées aux systèmes d’élevage et de pisciculture intensifs et leur fournir les outils nécessaires pour intégrer ces informations dans leur gestion des actifs et leurs décisions d’investissement. Cela inclut l’indice Coller FAIRR Protein Producer (l’indice de producteurs de protéines), la première évaluation complète au monde des plus grandes entreprises de protéines animales sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance.


Deux priorités portées par la France à la COP29 :

  • Accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec un accord sur la sortie progressive des énergies fossiles.
  • Avancer sur le financement de la transition, en mobilisant des fonds publics et privés, avec une réforme du système de financement international pour soutenir les pays les plus vulnérables, qui sont les premières victimes du dérèglement climatique.

Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, la France agit au niveau international
en portant des ambitions fortes lors des COPs et souhaite contribuer à amplifier la coopération internationale en faveur de la transition écologique. La mobilisation française se concrétise au niveau national avec la Stratégie française pour l’énergie et le climat pour laquelle une concertation du grand public est prévue cet automne.

Durant cette COP29, la France est mobilisée pour travailler avec la communauté internationale sur les 7 questions suivantes :

  • 1. La sortie progressive des énergies fossiles : La France s’est engagée à sortir du charbon en 2027, du pétrole en 2045 et du gaz naturel en 2050.
  • 2. L’atténuation, c’est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre : Les engagements des États en matière d’atténuation sont inscrits dans leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) où ils décrivent les mesures qu’ils vont prendre pour contribuer à l’objectif mondial de limiter le réchauffement planétaire à +1,5 °C. L’objectif européen d’atteindre la neutralité carbone en 2050 se traduit en France par la Stratégie nationale bas-carbone, présentée par le Gouvernement en novembre 2024.
  • 3. La finance climat : La COP15 de Copenhague a fixé un objectif collectif de 100 milliards de dollars par an dès 2020 pour soutenir l’action climatique dans les pays en développement, avec des mesures d’atténuation significatives et de transparence sur la mise en œuvre. Cet objectif a été dépassé en 2022, avec 115,9 milliards de dollars comptabilisés par l’OCDE. La définition d’un nouvel objectif de finance climat post-2025 (New collective quantified goal – NCQG) est l’un des enjeux majeurs de cette COP29.
  • 4. Le cadrage de la coopération en matière de marchés carbone : Le cadre des marchés carbone prévu par l’article 6 de l’Accord de Paris est le dernier élément de la COP21 dont les règles de mise en œuvre ne sont toujours pas finalisées. Il prévoit deux types de coopération :
    • Un cadre d’échange de résultats d’atténuation (Internationally Transferred Mitigation Outcomes ITMOs) entre Parties
    • Un mécanisme international de certification de projets de compensation fondé sur
      des critères alignés avec les objectifs à long-terme de l’Accord de Paris.
  • 5. L’opérationnalisation des arrangements financiers pour répondre aux pertes et préjudices : La COP28 a acté la création d’un fonds afin d’aider les pays en développement particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique à répondre aux pertes et préjudices subis. Aussi important que soit l’effort financier de la France et des autres pays développés, il ne pourra couvrir à lui seul l’ensemble des besoins croissants et l’élargissement des sources de financement, en provenance de tous pays, sources ou institutions ou à l’aide de mécanismes innovants, est impératif.
  • 6. L’adaptation au changement climatique : La COP28 a adopté un cadre de travail pour l’objectif mondial en matière d’adaptation (Global Goal on Adaptation), un objectif qualitatif concernant toutes les Parties, qui doit permettre d’accroître la résilience aux changements climatiques et de réduire la vulnérabilité. Avec la mise en consultation publique de son nouveau Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) en octobre 2024, la France confirme son avance dans la planification de l’adaptation.
  • 7. Le renforcement d’une politique climatique inclusive : La France promeut une action climatique inclusive, fondée sur les droits humains et l’équité intergénérationnelle, avec une attention particulière aux préoccupations et aux idées de la jeunesse. A la COP29, elle veut renforcer la participation pleine et égale des femmes à la prise de décision sur le climat et veiller à l’intégration des enjeux de genre dans l’action climatique mondiale.

Processus inclusif pour des résultats inclusifs

La présidence de la COP29 est à l’écoute d’un large éventail de parties prenantes internationales. Elle s’efforce de faire en sorte que les voix de tous soient entendues et que toutes les perspectives soient prises en considération et incluses afin d’obtenir des résultats inclusifs basés sur des solutions partagées. Nous avons bon espoir qu’ensemble nous puissions faire de réels progrès.

Traduction du texte sur la page d'accueil du site officiel de la COP29

Adopté le 12 décembre 2015 lors de la COP21, l’Accord de Paris porte un but collectif ambitieux : celui de contenir la hausse des températures bien en deçà de +2 °C et de s’efforcer de la limiter à +1,5 °C. Il vise aussi à accroître les capacités d’adaptation au changement climatique et à rendre les flux financiers compatibles avec ces objectifs. C’est un accord dynamique qui organise le rehaussement progressif des engagements des pays tous les 5 ans. C’est aussi un accord juste et solidaire qui prévoit un soutien aux pays en développement pour les aider à mettre en œuvre leurs engagements. L’intégralité de ses règles d’application est désormais opérationnelle, hormis les derniers détails concernant les mécanismes de marché carbone (article 6). Par ailleurs, les États membres de l’ONU ont adopté, en 2015, le programme de développement durable à l’horizon 2030, intitulé Agenda 2030. Ce plan d’action fixe 17 objectifs de développement durable qui proposent une feuille de route détaillée et universelle afin d’assurer une transition écologique et solidaire de notre monde à l’horizon 2030.


Les initiatives de transition énergétique verte de l’Azerbaidjan

L’Azerbaïdjan s’est engagé à développer son potentiel d’énergie renouvelable, qui constitue une partie importante du plan du pays pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2050.

Le pays a l’intention de porter sa capacité à porter la capacité des énergies renouvelables à 30 % d’ici 2030 pour diversifier son système énergétique existant et devenir un leader dans le domaine de l’énergie verte.

L’Azerbaïdjan s’est engagé à montrer l’exemple et à actualiser ses objectifs nationaux dans sa prochaine contribution.

Traduction du texte sur la page d'accueil du site officiel de la COP29

LE PACTE DE PARIS
POUR LES PEUPLES ET LA PLANÈTE (4P)

Forgé lors du Sommet de Paris pour un Nouveau Pacte financier mondial en juin dernier, le Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P) établit quatre grands principes pour une politique de financement international plus efficace en soutien des États vulnérables face aux crises et aux enjeux de transition climatique.

  • 1- Aucun pays ne devrait avoir à choisir entre son développement et la préservation de la planète.
  • 2 – Chaque pays est libre d’adopter une stratégie de transition qui lui est propre pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
  • 3 – Un choc de financements publics est nécessaire pour lutter tout à la fois contre la pauvreté et pour la préservation de la planète.
  • 4 – Les financements privés doivent être réorientés et mobilisés massivement en soutien de ces objectifs.

Sur la base de ce consensus politique, une communauté d’États s’est réunie autour de l’objectif d’une réforme ambitieuse de l’architecture financière internationale, afin de dégager rapidement les financements nécessaires pour lutter efficacement contre le changement climatique et la pauvreté.

Le Pacte de Paris recueille désormais le soutien de 57 États sur l’ensemble des continents, pays développés et en développement, petits états insulaires et grosses économies émergentes.

Solidarité pour un monde vert

COP 29 à Bakou en Azerbaïdjan du 11 au 22 Novembre 2024

Dossier COP29

  1. Notamment ceux de la Déclaration des dirigeants de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres ↩︎

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