Les ministres des Finances et gouverneurs de Banque centrale des pays du G20 se réunissent aujourd’hui à Washington, pour la deuxième fois depuis le début de la présidence française du G20. Alors que les 20 ont renoncé à lutter contre la spéculation et à contrôler sévèrement l’activité de la finance, les Amis de la Terre France et ATTAC France appellent à la mobilisation autour d’une campagne commune : « A nous les banques« . S’ouvre aujourd’hui un mois d’évaluation citoyenne des banques, à l’aide d’un questionnaire envoyé par les associations et les citoyens aux directions générales des principaux groupes bancaires opérant en France. Une vingtaine de questions est posée pour faire la transparence sur les conséquences sociales et écologiques de leurs pratiques. Nous attendons leurs réponses dans un délai d’un mois, au terme duquel nous les publierons avec nos commentaires.
Les sommets passent et, en dépit des promesses, on attend toujours la mise en place de mesures significatives réellement contraignantes pour les milieux bancaires et financiers.
Alors que les peuples subissent les conséquences écologiques et sociales de la crise, la responsabilité des acteurs financiers, en particulier celle des banques privées, n’a toujours pas été reconnue par les gouvernements. En plaçant la rentabilité financière au centre de leur politique d’investissement, au détriment des critères sociaux et environnementaux, les banques financent des entreprises et projets controversés, qui polluent l’environnement, accaparent des terres et violent les droits des communautés locales. Cette loi du profit à tout prix conduit également les banques à risquer les dépôts des particuliers sur les marchés financiers ; les actionnaires gagnent à tous les coups, la collectivité et les usagers étant mis à profit pour payer en cas de perte. Enfin en s’implantant dans les paradis fiscaux et en facilitant l’évasion fiscale, elles privent les États d’importantes recettes fiscales, alors que l’impôt reste le principal instrument de redistribution des richesses et de financement des services publics.
Spéculation et prises de risques, politique vis-à-vis des clients, relation avec les salariés, impact écologique et social des financements, démocratie dans le fonctionnement, autant d’aspects sur lesquels les banques sont interpellées dans un questionnaire élaboré par ces associations et mis à la disposition du grand public. Les usagers sont invités dans le mois qui vient à se saisir de ce questionnaire pour interpeller leur banque sur ses pratiques. Au terme de ce mois les réponses reçues seront rendues publiques, afin que chacun puisse juger par lui-même du fonctionnement de sa banque. Dans le cadre de cette campagne commune, ATTAC et Les Amis de la Terre proposent également un certain nombre d’alternatives concrètes, indispensables : l’établissement d’une taxe sur les transactions financières, l’encadrement strict des produits dérivés, l’encadrement des activités et le plafonnement les rémunérations des traders et des dirigeants des banques. Thomas Coutrot, coprésident d’Attac France, commente : « Nous voulons donner aux citoyens des outils pour exiger du système bancaire un comportement responsable. L’opacité et la rapacité des banques ne sont plus supportables. Salariés des banques, usagers, associations, travaillons ensemble à montrer qu’une autre banque est possible ».
Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre complète : « Il est grand temps d’aller demander des comptes à nos banques. Face aux dérives du secteur bancaire, il est plus que jamais nécessaire d’instaurer un contrôle citoyen, qui permettra de s’assurer que l’argent déposé dans les banques est réutilisé dans l’intérêt public, sans danger ni pour les peuples, ni pour la planète« . Face à l’importance du lobby bancaire et financier, qui bloque toute tentative de régulation, Les Amis de la Terre et ATTAC appellent les usagers, les salariés et les associations à s’unir pour exercer une vraie pression sur les banques et les pouvoirs publics : « A nous les banques !« .