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Retour sur le lancement des premières Assises par Rama Yade

Les Assises du sport et du développement durable

Pour Rama Yade, « le développement durable est certainement un des plus grands enjeux politique, économique et social de notre siècle ». La Secrétaire d’Etat aux Sports a fait valoir qu’« avec 260.000 associations et 16 millions de licenciés, (le sport) est le plus grand espace éducatif de France ». (…) « C’est pourquoi j’ai décidé d’organiser des Assises du sport et du développement durable ».

Les pre­miè­res Assises du sport et du déve­lop­pe­ment dura­ble défi­ni­ront au cours de l’année 2010 une stra­té­gie par­ta­gée pour un déve­lop­pe­ment dura­ble du sport. Elles don­ne­ront l’occa­sion aux acteurs concer­nés de confron­ter leurs points de vue dans les domai­nes de l’orga­ni­sa­tion de la pra­ti­que spor­tive, des for­ma­tions et de la sen­si­bi­li­sa­tion, des événements spor­tifs, des équipements et de l’amé­na­ge­ment dura­ble des ter­ri­toi­res. Organisé par le Secrétariat d’État aux sports et le Comité natio­nal olym­pi­que et spor­tif fran­çais, le débat se pour­sui­vra sous la forme d’Assises inter­ré­gio­na­les échelonnées jusqu’en octo­bre. La jour­née natio­nale de lan­ce­ment des Assises a vu l’inter­ven­tion de Rama Yade, secré­taire d’Etat char­gée des sports, et de Denis Masseglia, pré­si­dent du CNOSF, ainsi que de res­pon­sa­bles des minis­tè­res de l’écologie et des sports, de spor­tifs, de pré­si­dents de fédé­ra­tions spor­ti­ves, de repré­sen­tants des ONG envi­ron­ne­men­ta­les, d’élus des col­lec­ti­vi­tés loca­les et d’acteurs du monde économique. Cette journée a été l’occasion de débattre des questions et des défis à relever pour un sport durable en France. Quelles évolutions pour l’organisation de la pratique sportive ? Quelles perspectives pour les évènements sportifs et les candidatures aux grandes compétitions internationales (Euro 2016, Annecy 2018, Ryder Cup 2018) ? Quel rôle pour les équipements sportifs dans une politique d’aménagement durable du territoire ? Comment associer les acteurs du sport à une démarche de développement durable ?
Denis MASSEGLIA, pré­si­dent du CNOSF, Chantal JOUANNO, secrétaire d’État chargée de l’écologie, Rama YADE et Yann ARTHUS-BERTRAND, Président de la fondation GoodPlanet  ©PANORAMIC-SES
Denis MASSEGLIA, pré­si­dent du CNOSF, Chantal JOUANNO, secrétaire d’État chargée de l’écologie, Rama YADE et Yann ARTHUS-BERTRAND, Président de la fondation GoodPlanet ©PANORAMIC-SES

Rama Yade : « Nous devons, ensem­ble, réin­ven­ter le sport »

Extraits du discours de clôture des premières Assises du Sport et du Développement Durable prononcé par Rama Yade le 20 mai 2010 : « Quelle est notre ambi­tion ? Faire du sport fran­çais un acteur exem­plaire en matière de déve­lop­pe­ment dura­ble ; ins­crire plei­ne­ment nos poli­ti­ques dans la Stratégie natio­nale du déve­lop­pe­ment dura­ble. Aujourd’hui, avec ces Assises, nous pre­nons date. Nous ouvrons le débat. Nous tra­çons une feuille de route. Vous mesu­rez plei­ne­ment les défis à rele­ver. Dans un contexte qui n’est pas neu­tre pour le sport fran­çais. Depuis plu­sieurs années en effet, les inter­ro­ga­tions se mul­ti­plient sur notre modèle spor­tif, sur le rôle que l’Etat y tient, sur la place des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les ou des entre­pri­ses, sur l’évolution de la pra­ti­que spor­tive, sur la capa­cité de la France à accueillir de gran­des com­pé­ti­tions inter­na­tio­na­les… Chacun en est cons­cient et pour­tant le sport fran­çais a bien du mal à faire sa mue. Nous devons secouer les conser­va­tis­mes. Les Assises du sport et du déve­lop­pe­ment dura­ble, parce qu’elles pose­ront néces­sai­re­ment des ques­tions qui déran­gent et pro­po­se­ront des solu­tions iné­di­tes, repré­sen­tent donc une oppor­tu­nité for­mi­da­ble. Celle de faire avan­cer une réflexion glo­bale. J’ai par­fois le sen­ti­ment que nous tour­nons en rond. Ouvrons les por­tes. Expérimentons. Je vous pro­pose d’ouvrir cinq chan­tiers : 1 – la mise en place d’une nou­velle gou­ver­nance du sport ; 2 – la place de l’Etat dans cette nou­velle gou­ver­nance ; 3 – le rôle éducatif du sport ; 4 – la néces­saire évolution de nos équipements spor­tifs ; 5 – la stra­té­gie d’accueil de la France en matière d’événements spor­tifs. En matière de gou­ver­nance du sport, le cons­tat est assez sim­ple : tout le monde en parle. Et puis on s’arrête là. Rien n’a jamais été réel­le­ment fait pour repen­ser le sys­tème exis­tant, qui se résume le plus sou­vent à un tête-à-tête entre l’Etat et le mou­ve­ment spor­tif. Les Assises doi­vent donc nous per­met­tre d’asso­cier d’autres acteurs dans les débats des pro­chains mois ; pour­quoi ne pas envi­sa­ger, à l’automne pro­chain, la créa­tion d’une ins­tance natio­nale à la com­po­si­tion élargie, qui serait char­gée du suivi de la mise en œuvre des déci­sions pri­ses à l’issue des Assises. Cette ins­tance serait évidemment ouverte aux col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les : prin­ci­paux finan­ceurs du sport fran­çais, elles sont le plus sou­vent oubliées lors­que vient le moment de pren­dre des déci­sions natio­na­les impor­tan­tes. Nous devons, et je pense tout par­ti­cu­liè­re­ment à l’Etat, appren­dre à mieux tra­vailler avec elles. Cette ambi­tion n’est pas en contra­dic­tion avec la réforme en cours des col­lec­ti­vi­tés. Au contraire. La réforme ne s’atta­quera pas aux finan­ce­ments spor­tifs des dépar­te­ments et régions ; elle contri­buera même à les sécu­ri­ser. Les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les conti­nue­ront donc à jouer un rôle majeur dans le sport, et c’est bien pour cela qu’il faut leur réser­ver la place qui doit être la leur dans les pri­ses de déci­sion. Les indus­tries du sport ne doi­vent également pas être négli­gées. Devant conti­nuel­le­ment s’adap­ter aux atten­tes de leurs clients, elles cons­ti­tuent d’irrem­pla­ça­bles baro­mè­tres de la pra­ti­que spor­tive des Français ainsi que des lieux de créa­tion et d’inno­va­tion. Elles sont pour­tant le plus sou­vent les oubliées de cette réflexion. Aucun véri­ta­ble dia­lo­gue n’existe, aucun par­tage des connais­san­ces ou des expé­rien­ces, aucun pro­jet en com­mun. C’est pour­quoi j’ai jugé indis­pen­sa­ble d’invi­ter aujourd’hui des repré­sen­tants du monde de l’entre­prise tels que Franck RIBOUD, Christophe BLANCHARD-DIGNAC ou Franck LAPORTE. Mais cette seule ini­tia­tive ne suf­fira pas. Il faut d’autres ges­tes forts à l’égard des indus­tries du sport. C’est pour­quoi je réu­ni­rai pro­chai­ne­ment au secré­ta­riat d’Etat leurs prin­ci­paux repré­sen­tants pour jeter les bases d’un tra­vail en com­mun durant les pro­chains mois. Car sans entre­prise, sans l’impli­ca­tion du monde économique, aucune poli­ti­que ambi­tieuse en matière de déve­lop­pe­ment dura­ble dans le sport ne sera pos­si­ble. Enfin, il ne faut pas non plus hési­ter, selon les sujets, à inclure des acteurs qui n’inter­vien­nent pas habi­tuel­le­ment dans le champ du sport, mais dont l’exper­tise est indis­cu­ta­ble. C’est ce que nous ont apporté aujourd’hui des per­son­na­li­tés ou des ONG comme Yann ARTHUS-BERTRAND, la Fondation Nicolas Hulot ou France nature envi­ron­ne­ment. Il est indis­pen­sa­ble que ces pre­miers contacts soient pro­lon­gés et asso­ciés aux tra­vaux des pro­chains mois. Dans cette gou­ver­nance élargie, l’Etat doit réin­ven­ter sa place. Ce n’est un secret pour per­sonne. Le temps des gran­des poli­ti­ques étatiques est fini. A l’heure de la révi­sion géné­rale des poli­ti­ques publi­ques et des contrain­tes bud­gé­tai­res, cer­tains entre­voient même la fin de l’Etat dans le sport fran­çais – et quel­ques-uns sem­blent s’en réjouir. Je crois au contraire que les Assises du sport et du déve­lop­pe­ment dura­ble doi­vent rap­pe­ler le rôle irrem­pla­ça­ble de l’Etat dans le sport et les poli­ti­ques publi­ques, pour peu qu’il sache s’adap­ter à ce nou­veau contexte, ima­gi­ner de nou­vel­les régu­la­tions et mobi­li­ser l’ensem­ble de ses res­sour­ces. L’Etat doit d’abord avoir un rôle d’impul­sion et de coor­di­na­tion. J’ai ainsi créé dès l’automne der­nier une mis­sion « déve­lop­pe­ment dura­ble » sous l’auto­rité du Directeur des sports. Conduite par Eric Journaux et Arnaud Jean, cette mis­sion a été au cœur de la pré­pa­ra­tion de ces Assises et a su ras­sem­bler autour de ce pro­jet tous les acteurs pré­sents aujourd’hui. Je ne peux que les féli­ci­ter pour ce tra­vail remar­qua­ble, qui doit main­te­nant être étendu aux Assises ter­ri­to­ria­les. L’Etat doit aussi avoir un rôle d’exper­tise reconnue. Un des objec­tifs des Assises sera ainsi de com­plé­ter la mis­sion avec un cen­tre de res­sour­ces dédié au déve­lop­pe­ment dura­ble, chargé de l’ana­lyse, la pros­pec­tive et l’évaluation des poli­ti­ques fai­sant le lien entre sport et déve­lop­pe­ment dura­ble. Ce cen­tre aura notam­ment voca­tion à tra­vailler en réseau avec nos ser­vi­ces déconcen­trés. C’est un point extrê­me­ment impor­tant car s’il y a une fai­blesse interne au secré­ta­riat d’Etat, c’est bien celle-là : notre inca­pa­cité par­fois à uti­li­ser les impres­sion­nan­tes expé­rien­ces et connais­san­ces de nos ser­vi­ces pour ali­men­ter notre réflexion et éclairer nos déci­sions. Le secré­ta­riat d’Etat doit appren­dre à mieux tra­vailler avec des acteurs exté­rieurs au monde du sport. A cet égard, je consi­dère que le ren­for­ce­ment de notre par­te­na­riat avec l’ADEME est une prio­rité. La pré­sence de son pré­si­dent, Philippe VAN DE MAELE, en début d’après-midi a d’ailleurs été un signal fort à l’égard du monde spor­tif et des fédé­ra­tions ayant entre­pris de réa­li­ser leur bilan car­bone ou d’opti­mi­ser l’uti­li­sa­tion des trans­ports dans le cadre des acti­vi­tés spor­ti­ves. A nous désor­mais de pro­po­ser à l’ADEME de nou­veaux pro­jets, de nou­veaux tra­vaux en com­mun : sur les équipements, sur l’orga­ni­sa­tion des grands événements ou tout autre sujet pour lequel le savoir-faire de l’ADEME nous est indis­pen­sa­ble. Troisième chan­tier : le rôle éducatif du sport. Nous le savons tous : l’asso­cia­tion spor­tive, au-delà de l’aire de jeu, est aussi un lieu de trans­mis­sion de savoir. Le sport inculque des valeurs indis­pen­sa­bles au vivre-ensem­ble, il ensei­gne des com­por­te­ments essen­tiels au res­pect de l’envi­ron­ne­ment social et natu­rel. De bel­les paro­les, mais com­ment fait-on concrè­te­ment pour inci­ter les asso­cia­tions spor­ti­ves à déve­lop­per cette dimen­sion éducative ? Il n’y a pas de réponse évidente à cette ques­tion. Contrainte ou inci­ta­tion ? Faut-il condi­tion­ner les 35 000 sub­ven­tions annuel­les du CNDS au res­pect de cri­tè­res de déve­lop­pe­ment dura­ble et à l’exis­tence d’actions éducatives extra-spor­ti­ves au sein de l’asso­cia­tion ? Ou faut-il davan­tage finan­cer en prio­rité des asso­cia­tions spor­ti­ves ayant choisi volon­tai­re­ment de déve­lop­per une forte dimen­sion éducative ? La ques­tion est ouverte, mais ce qui est cer­tain, c’est que le CNDS, cher Julien NIZRI, devra réflé­chir à son rôle dans cette poli­ti­que de l’éducation par le sport. En tant qu’outil de finan­ce­ment natio­nal, il n’a pas voca­tion à être un sim­ple gui­chet de dis­tri­bu­tion de sub­ven­tions et doit pou­voir défi­nir des règles d’attri­bu­tion de sub­ven­tion plus « struc­tu­ran­tes », capa­bles d’orien­ter, au moins en par­tie, les pro­jets d’asso­cia­tions spor­ti­ves. La réflexion sur les for­ma­tions dis­pen­sées aux éducateurs ou futurs éducateurs doit être enga­gée. L’éducateur spor­tif, qu’on le veuille ou non, a vu son rôle social for­te­ment évoluer. Il est aujourd’hui sou­vent sol­li­cité pour des mis­sions socia­les ou éducatives qui dépas­sent sa sim­ple for­ma­tion spor­tive. Les for­ma­tions doi­vent donc s’adap­ter à ce nou­veau rôle. Elles doi­vent inclure une dimen­sion « déve­lop­pe­ment dura­ble » plus forte, en par­ti­cu­lier pour les for­ma­tions pro­fes­sion­nel­les conti­nues. C’est un chan­tier com­plexe, mais extrê­me­ment impor­tant pour l’ave­nir du sport fran­çais. Je sou­haite donc que le sujet soit ouvert durant les pro­chains mois. Quatrième chan­tier : les équipements spor­tifs. C’est évidemment un enjeu fon­da­men­tal et pour­tant la France est en retard, très en retard sur cette ques­tion. J’allais dire à la traîne. Ce n’est pas sim­ple­ment que le parc d’équipements actuel est vieux et obso­lète, comme l’a sou­li­gné la Commission Grandes Salles « Arenas 2015 » dans son rap­port que m’a ren­due en mars son pré­si­dent Daniel COSTANTINI. C’est sur­tout que les équipements que nous cons­trui­sons aujourd’hui ont tou­jours beau­coup de mal, pour la plu­part, à bien pren­dre en compte les exi­gen­ces du déve­lop­pe­ment dura­ble, que ce soit les impé­ra­tifs écologiques ou les besoins sociaux des pra­ti­quants, des parents et des béné­vo­les. Nos équipements, pour résu­mer, sont trop exclu­si­ve­ment foca­li­sés sur la seule pra­ti­que spor­tive et sem­blent tout igno­rer de ce qui existe à l’exté­rieur de l’aire de jeu. Le stade de demain, c’est celui qui est ouvert sur la ville et son envi­ron­ne­ment. Les infra­struc­tu­res spor­ti­ves, par leur impor­tance dans la vie de la cité, méri­te­raient d’être au cœur même du concept de ville dura­ble. Il me sem­ble donc urgent de faire sor­tir de terre une nou­velle géné­ra­tion d’équipements spor­tifs. Il faut remet­tre les archi­tec­tes, les urba­nis­tes au cœur de ces préoc­cu­pa­tions. Sur cette ques­tion-là, comme sur celle rela­tive à l’éducation par le sport, le CNDS a un rôle fon­da­men­tal à jouer. Les 80 mil­lions d’euros qu’il consa­cre cha­que année aux équipements spor­tifs cons­ti­tuent pour les por­teurs de pro­jet un com­plé­ment de finan­ce­ment utile mais au final assez limité. Etudions la modi­fi­ca­tion de ses cri­tè­res d’attri­bu­tion de sub­ven­tions, par exem­ple en favo­ri­sant les équipements écologiquement inno­vants ou les équipements poly­va­lents répon­dant à dif­fé­rents besoins sociaux, ce qui pour­rait avoir un réel impact. Les finan­ce­ments du CNDS, opé­ra­teur de l’Etat et par­te­naire de beau­coup de grands équipements, béné­fi­cient en effet d’une grande impor­tance sym­bo­li­que pour les col­lec­ti­vi­tés et le mou­ve­ment spor­tif. La modi­fi­ca­tion de leurs condi­tions d’attri­bu­tion pour­rait cons­ti­tuer un signal fort pour les por­teurs de pro­jet quant à la manière dont les équipements spor­tifs doi­vent être conçus. Enfin, les événements spor­tifs. Plusieurs inter­ve­nants ont sou­li­gné l’impor­tance prise par les cri­tè­res de déve­lop­pe­ment dura­ble dans les can­di­da­tu­res aux gran­des com­pé­ti­tions inter­na­tio­na­les. Il y a évidemment un tra­vail sérieux à effec­tuer pour pou­voir, le plus en amont pos­si­ble, conce­voir des can­di­da­tu­res res­pec­tant les cri­tè­res de plus en plus stricts impo­sés par les orga­ni­sa­tions inter­na­tio­na­les. Mais je pense qu’il faut aller plus loin et avoir une plus grande ambi­tion pour notre pays. D’autant qu’il existe en France une réelle tra­di­tion à cet égard. Lors de la can­di­da­ture de « Paris 2012 » le volet envi­ron­ne­ment et déve­lop­pe­ment dura­ble du pro­jet a tou­jours été consi­déré comme une réfé­rence exem­plaire en matière d’économies d’énergie, de valo­ri­sa­tion des énergies renou­ve­la­bles, de pro­mo­tion de tech­no­lo­gies écologiques de pointe. Je veille­rai à ce que la can­di­da­ture d’Annecy pour les jeux olym­pi­ques d’hiver de 2018 soit la vitrine pres­ti­gieuse de ce savoir-faire. Car il y a un savoir-faire fran­çais, aussi bien dans le mou­ve­ment spor­tif que chez les agents de l’Etat et les gran­des entre­pri­ses fran­çai­ses impli­quées dans le déve­lop­pe­ment dura­ble : je pense par exem­ple à Veolia, à EDF, à GDF-Suez. Aujourd’hui, tous les acteurs sont prêts, tous les outils exis­tent, tou­tes les condi­tions sont réu­nies pour créer en France une stra­té­gie dura­ble d’accueil des événements spor­tifs. Mon ambi­tion n’est pas seu­le­ment que la France soit un pays res­pec­tueux des nor­mes de déve­lop­pe­ment dura­ble. Mon ambi­tion, c’est que notre pays devienne le pays réfé­rence en la matière. Je sou­haite créer un modèle fran­çais d’orga­ni­sa­tion dura­ble des événements spor­tifs, irré­pro­cha­ble dans la concep­tion des dos­siers et la pré­pa­ra­tion des can­di­da­tu­res, inno­vant dans l’ani­ma­tion des com­pé­ti­tions pen­dant leur dérou­le­ment, et exem­plaire concer­nant l’héri­tage économique, social et écologique laissé à la ville hôte et la contri­bu­tion au déve­lop­pe­ment du sport sur le ter­ri­toire en ques­tion. C’est pour moi le cin­quième grand défi de ces Assises. En mon­trant aujourd’hui qu’il était prêt à rele­ver ce défi immense – tant envi­ron­ne­men­tal qu’économique ou social – que repré­sente le déve­lop­pe­ment dura­ble, le sport confirme, une nou­velle fois, qu’il est un fait de société majeur. Car de quoi fut-il essen­tiel­le­ment ques­tion aujourd’hui, tout au long des échanges pas­sion­nants qui ont animé les tables ron­des et les inter­ven­tions suc­ces­si­ves ? Il fut ques­tion d’éducation et de for­ma­tion. Il fut ques­tion d’envi­ron­ne­ment, bien sûr. De cimes, de pôles, de fonds sous-marins et de pay­sa­ges, un peu ; mais de notre envi­ron­ne­ment quo­ti­dien, beau­coup. Il fut ques­tion d’amé­na­ge­ment du ter­ri­toire, de poli­ti­que de la ville, de trans­ports et d’équipements publics. Il fut ques­tion de tou­risme et de rayon­ne­ment inter­na­tio­nal. Il fut ques­tion d’économie et de crois­sance. Il fut ques­tion d’inser­tion sociale et de soli­da­rité. Il fut ques­tion de recher­che et déve­lop­pe­ment, d’énergie, de stra­té­gie indus­trielle et d’inno­va­tion tech­no­lo­gi­que. Le sport n’est étranger à aucun de ces sujets. Sur cha­cun, il a voca­tion à inter­ve­nir, à comp­ter. Sur cha­cun, il est le porte-voix légi­time de ses béné­vo­les, de ses pra­ti­quants, de ses asso­cia­tions. Sa place n’est pas – n’est plus, ne doit plus être – à la marge, en péri­phé­rie. Sa place est cen­trale. Au cœur de la société. Voici bien­tôt un an que le Président de la République et le Premier minis­tre m’ont fait l’hon­neur de me nom­mer Secrétaire d’Etat char­gée des Sports. Avec mon cabi­net, avec la direc­tion des sports, avec bien sûr l’appui pré­cieux et cons­tant des ser­vi­ces décen­tra­li­sés du Ministère, que je tiens à saluer, nous avons ouvert de nom­breux chan­tiers. Permettez-moi, très rapi­de­ment, de met­tre en pers­pec­tive quel­ques prio­ri­tés. Donner au sport la place qui est la sienne, au cœur de la société, est peut-être le pro­jet qui me paraît le plus emblé­ma­ti­que de l’action que je mène depuis mon arri­vée au Secrétariat d’Etat aux Sports. Le plus emblé­ma­ti­que, mais cer­tai­ne­ment pas le plus facile. Car de quoi parle-t-on le plus sou­vent, quand on parle de sport ? De déri­ves plu­tôt que de valeurs. De salai­res stra­to­sphé­ri­ques plu­tôt que de béné­vo­lat. De vio­len­ces plu­tôt que de fair-play. D’inci­vi­li­tés plu­tôt que de citoyen­neté. De scan­da­les plu­tôt que d’exem­pla­rité. De traite plu­tôt que de for­ma­tion. De com­pé­ti­tion plu­tôt que de soli­da­rité. D’accu­mu­la­tion plu­tôt que de déve­lop­pe­ment dura­ble. De société du spec­ta­cle plu­tôt que d’enjeu de société. Il y a le sport, et il y a l’image du sport. Comment pla­cer l’Homme au cœur du sport et le sport au cœur de la société quand l’image média­ti­que que le sport ren­voie de lui-même sem­ble si sou­vent reflé­tée par quel­que miroir étrange, tan­tôt gros­sis­sant, tan­tôt défor­mant ? Oui, c’est un pro­jet ambi­tieux. Ambitieux, dif­fi­cile, long. Mais le sport en vaut tel­le­ment la peine ! Vous nous l’avez encore mon­tré aujourd’hui. C’est dans ce pro­jet que s’ins­cri­vent les Assises du Sport et du Développement Durable, comme s’y ins­cri­vent également nom­bre d’actions que j’ai lan­cées ces der­niers mois et sur les­quel­les le Secrétariat d’Etat cons­ti­tue de s’inves­tir : – la créa­tion, en lien avec l’Unicef et le pro­gramme One Goal – Education pour tous, et de nom­breu­ses ONG comme la Voix de l’enfant ou Solidarité laï­que, du Fonds spor­tif pour la pro­tec­tion inter­na­tio­nale de l’enfance, qui a pour objec­tifs de lut­ter contre les déri­ves du sport, et en par­ti­cu­lier la traite des mineurs dans le foot­ball, et de contri­buer à mieux uti­li­ser le sport dans la pro­tec­tion inter­na­tio­nale de l’enfance ; – la mise en place, au sein de la direc­tion des sports, d’une cel­lule dédiée à la pré­ven­tion des vio­len­ces et des inci­vi­li­tés dans le sport, char­gée d’ani­mer la poli­ti­que du Ministère en lien avec le Pôle Ressources d’Aix-en-Provence ; – l’orga­ni­sa­tion, au début de l’année, du pre­mier congrès natio­nal des asso­cia­tions de sup­por­ters, qui abou­tira en octo­bre pro­chain à la publi­ca­tion d’un Livre vert du sup­por­te­risme ; – la mise en œuvre, à l’occa­sion de la Journée mon­diale contre l’homo­pho­bie, le 17 mai, d’un plan d’action pour la pré­ven­tion et la lutte contre l’homo­pho­bie dans le sport et par le sport, en concer­ta­tion avec le mou­ve­ment spor­tif et les asso­cia­tions gaies et les­bien­nes, et pour lequel j’ai pro­posé à Gareth THOMAS et Amélie MAURESMO d’être nos ambas­sa­deurs ; – l’orga­ni­sa­tion des pre­miers Etats géné­raux des sports urbains, qui témoi­gne de la volonté du Ministère de s’ouvrir à d’autres cultu­res spor­ti­ves et d’autres for­mes de pra­ti­ques. La for­ma­tion, la pré­ven­tion et la lutte contre les déri­ves d’une part, l’acces­si­bi­lité de la pra­ti­que au plus grand nom­bre et la démo­cra­ti­sa­tion du sport d’autre part, me sem­blent devoir cons­ti­tuer les prio­ri­tés natu­rel­les de notre poli­ti­que du sport. J’y inclus bien sûr cette prio­rité tra­di­tion­nelle de la poli­ti­que du Ministère chargé des Sports que cons­ti­tue l’accès à la pra­ti­que spor­tive des per­son­nes han­di­ca­pées. Ce sont des pas­se­rel­les que nous cons­trui­sons, les unes après les autres, entre le sport et la société. Car seu­les des ini­tia­ti­ves concrè­tes sont à même de por­ter les valeurs du sport. Je pense à la loyauté. Je pense au res­pect. Je pense à la res­pon­sa­bi­li­sa­tion. Je pense au fair-play. Je pense à l’équité. Je pense à la soli­da­rité. Je pense à l’émulation. Je pense, sur­tout, à l’exem­pla­rité. Je sou­haite ainsi que les Assises du Sport et du Développement Durable, dont s’achè­vera dans quel­ques ins­tants la jour­née natio­nale de lan­ce­ment, soient aussi les Assises de l’exem­pla­rité et des valeurs du sport. Je sou­haite que leur orga­ni­sa­tion, leur dérou­le­ment, leur résul­tat embras­sent et incar­nent cette exem­pla­rité. Les valeurs du sport n’exis­tent que dans l’action, dans le mou­ve­ment. Elles ne se trans­met­tent ni dans les dis­cours, ni dans les musées. Le véri­ta­ble hom­mage est dans l’action. C’est par l’action que nous inven­te­rons le sport de demain. C’est par l’action que nous pla­ce­rons les valeurs au cœur de notre pro­jet et le sport au cœur de la société. C’est donc à l’action que, dès à pré­sent, je vous invite. Ré-enchan­tons le sport ».

Programme de la journée

9h30 – Quels enjeux pour le sport et le développement durable ? Film de présentation, avec la participation de Jean-Louis Étienne 9h40 – Ouverture des travaux avec les interventions de Rama Yade, Secrétaire d’État chargée des sports – Denis Masseglia, Président du Comité national olympique et sportif français – Yann Arthus-Bertrand, Président de la fondation GoodPlanet – Chantal Jouanno, Secrétaire d’État chargée de l’écologie. 10h20 – Table ronde 1 : Comment la pratique sportive peut-elle contribuer au développement durable ? avec les interventions de Karine Baillet, Vice-championne du monde de raids multisports de nature et organisatrice du Touquet Raid Pas-de-Calais – Marc Bernier, Député et vice-président du conseil général de la Mayenne – Christophe Blanchard-Dignac, Président-directeur général de la Française des Jeux – Nathanaëlle Courtois, chargée de mission à la Fondation Nicolas Hulot – Christian Garnier, Vice-président de France nature environnement – Philippe Machu, Président de l’Ufolep – Yvan Mainini, Président de la Fédération française de basketball. 11h30 – Table ronde 2 : Les événements sportifs à l’heure du développement durable avec les interventions de Jean-Pierre Champion, Président de la Fédération française de voile et Président de la commission développement durable du CNOSF – Edouard Donnelly, expert économique, responsable de la commission développement durable de l’association Sporsora – Bernard Rey, Président des Régates mâconnaises, organisateur des championnats de France scolaires d’aviron 2010 – Franck Riboud, Président-directeur général de Danone – David Stubbs, responsable environnement et développement durable pour les Jeux olympiques de Londres 2012 – Jean Van de Velde, golfeur français, ambassadeur de la candidature française à la Ryder Cup 2018 – Jean-Pierre Vidal, champion olympique de ski, Comité d’organisation « Annecy 2018 ». 12h40 – Interview filmée de Jean Jouzel, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), co-lauréat du Prix Nobel de la paix 2007. 14h00 – « L’Odyssée 2010 : du flocon à la vague », film présenté et commenté par Tony Estanguet, double champion olympique de canoë-kayak et ambassadeur du Secrétariat d’État aux sports pour le développement durable, et Bernard Crepel, créateur et organisateur de la manifestation. Pour en savoir plus sur cette manifestation, cliquez ici. 14h10 – La définition et la mise en œuvre des politiques publiques en matière de sport et développement durable avec les interventions de Michèle Pappalardo, Commissaire générale au développement durable et Déléguée interministérielle au développement durable – Bertrand Jarrige, Directeur des sports – Philippe Van de Maele, Président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). 14h45 – Table ronde 3 : Les équipements sportifs et l’aménagement durable du territoire avec les interventions de Jacques Bolle, Président de la Fédération française de motocyclisme – Jean-Christophe Hortolan, Vice-président du conseil régional de Poitou-Charentes et représentant l’Association des régions de France – Gérard Houllier, Directeur technique national de la Fédération française de football – Claude Hue, Présidente de la Fédération française de randonnée pédestre – Miranda Kiuri, Professeur à l’université de Madrid, architecte, consultante pour le Comité international olympique – Franck Laporte, Président du groupe d’entreprises EUROSIMA (European Surf Industry Manufacturers Association) – Denis Merville, Maire de Sainneville, Président de la commission développement durable de l’Association des maires de France. 15h55 – Débat de conclusion : regards croisés de sportifs avec les interventions de Isabelle Autissier, navigatrice, présidente du WWF France – Vincent Defrasne, champion olympique de biathlon – Catherine Chabaud, navigatrice, chargée de mission auprès de Jean-Louis Borloo dans le cadre du Grenelle de la mer – Tony Estanguet, double champion olympique de canoë-kayak et ambassadeur du Secrétariat d’État aux sports pour le développement durable.

Sport et développement durable, quelques liens utiles

Manifestations sportives et développement durable le guide pratique édité par l’UFOLEP. Pour en savoir plus, cliquez ici. – Quand le sport et la culture deviennent éco‐responsables. Le ministère de l’Ecologie appelle les organisateurs de ces manifestations à mettre en place des démarches éco‐responsables, notamment autour des thèmes de la réduction des déchets et de la maîtrise de l’énergie. Pour en savoir plus, cliquez ici. – Sport et développement durable – Cinquième numéro de la revue scientifique « Sport et Citoyenneté ». Pour en savoir plus, cliquez ici.

 

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