La remontada de la France, c’est le crédo d’Arnaud Montebourg pour cette campagne présidentielle. Parmi les grands sujets abordés par le candidat, économie et écologie sont étroitement liés. Pas très étonnant puisque l’homme est à la fois un familier du monde de l’entreprise et un écologiste convaincu, son point fort résidant sans aucun doute dans sa capacité à proposer des solutions concrètes et surtout réalisables.
« On peut articuler écologie et économie. L’entreprise est parfaitement capable de remplir des missions de protection de la planète. » Cette déclaration d’Arnaud Montebourg, extraite d’une interview qu’il a donnée au journal Le Monde en janvier 2019, résume bien le programme du candidat à la présidence de la République. Preuve qu’il a de la suite dans les idées et une certaine constance, bientôt trois ans ont passé depuis cette déclaration et aujourd’hui, économie et écologie sont deux des piliers de la Remontada de la France qu’il appelle de ses vœux. Et contrairement à une Marine Le Pen qui semble découvrir le sujet alors qu’elle prétendait que l’écologie était « la nouvelle religion des bobos gogos » il y a encore quelques années, ou à Yannick Jadot qui n’a aucune expérience dans le monde de l’entreprise et dont le programme en matière d’écologie se heurte souvent à la réalité économique, Arnaud Montebourg est le seul à faire des propositions réalistes où écologie et économie ne s’opposent pas mais, au contraire, vont de pair.
Un entrepreneur « successful » doublé d’un écologiste convaincu
Cas exceptionnel dans cette présidentielle, Arnaud Montebourg est le seul des candidats à être aussi chef d’entreprise. En effet, après son départ du gouvernement en 2014, l’ex-ministre du Redressement productif a quelque chose que bien peu d’hommes politiques avant lui ont eu le courage d’opérer : repartir de zéro pour se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat. Fidèle à ses convictions, le fervent défenseur du « Made in France » n’a évidemment pas vendu son âme sur l’autel du capitalisme à tout crin, mais il s’est investi dans des projets qui défendent l’économie française. Ainsi, en 2018, Arnaud Montebourg a créé la marque « Bleu blanc ruche » qui, comme son nom l’indique, commercialiste des miels labellisés Origine France garantie. Outre cet engagement sur la provenance des produits, la marque d’Arnaud Montebourg va plus loin en s’engageant auprès des apiculteurs à acheter leur production de miel au-dessus des prix du marché. « En 2018 par exemple, nous avons acheté entre 5 et 18 % plus cher que les cours », se félicite Arnaud Montebourg. L’engagement économique et social de cette démarche entrepreneuriale se double également d’un réel volontarisme écologique puisque Bleu blanc ruche entend bien lutter contre la disparition des abeilles en contribuant au repeuplement des ruches des apiculteurs. La défense de cette belle cause a d’ailleurs valu à Arnaud Montebourg de recevoir le Prix de l’environnement du salon Made in France Expo qui s’est tenu à Paris en novembre dernier.
C’est sensiblement la même approche qui a conduit Arnaud Montebourg à co-fonder, avec François Moulias, la Compagnie des amandes. Partant du constat que les Français consomment 40000 tonnes d’amandes par an et que seulement 700 tonnes sont produites en France, l’ex-ministre souhaite réintroduire la culture des amandiers dans notre pays et développer une vraie filière. « En 1948, il y avait 10 000 hectares d’amandiers en Provence mais nous avons abandonné cette production qui a désormais une offre mondiale inférieure à la demande, explique Arnaud Montebourg. La demande est considérable et est structurellement en hausse mais il n’existe pas de produit français. Mon action présente à la tête de la Compagnie des Amandes fait partie de mon engagement en faveur du Made in France ». En septembre dernier, l’entreprise a planté ses premiers arbres sur 150 hectares répartis dans le Vaucluse et l’Aude et s’est fixé l’objectif d’atteindre les 2000 hectares sur l’arc méditerranéen d’ici 2024. Véritable « serial-entrepreneur », Arnaud Montebourg a également lancé une marque de glaces bio et équitable baptisée La Mémère, et créé l’entreprise à mission CO2RESPONSABLES dont l’objectif est de contribuer à réduire l’empreinte de l’économie française tout en soutenant le financement d’une agriculture plus vertueuse dans la lutte contre le changement climatique.
Une écologie pragmatique et « praticable »
Fort de sa solide expérience aussi bien en tant que chef d’entrepreneur, qu’en tant que Ministre, et mû par des convictions profondément ancrées depuis de nombreuses années, Arnaud Montebourg a bâti un programme où l’écologie tient une part importante. « La remontada écologique est un volet central de mon projet » assumait-il en octobre dernier sur le plateau de C à vous. Mais là où le candidat à la présidentielle se démarque, c’est qu’il n’hésite pas à faire des propositions qui prennent résolument leurs distances avec le dogme écologique actuel. Par exemple, plutôt que d’instaurer une taxe carbone sur tout ou presque comme le suggère Yannick Jadot, alors même que ce dispositif de fiscalité écologique est massivement rejeté par les Français, Arnaud Montebourg souhaite que celle-ci ne soit applicable qu’aux importations lointaines, expliquant que « l’essentiel de notre CO2 est celui que l’on importe par les produits venant de Chine ou de l’étranger ». Autre point essentiel où son programme et ses propositions tranchent avec les idées des écologistes, le candidat de la Remontada souhaite bien sûr investir dans les énergies renouvelables, mais également dans le nucléaire. Celui qui se présente comme un « écologiste praticable » estime que le recours aux seules énergies renouvelables n’est ni suffisant pour couvrir les besoins de notre pays, ni rentable. Et il a bien conscience que les Français ne sont pas disposés à voir fleurir des éoliennes partout. Pragmatique, Arnaud Montebourg précise qu’il n’est certes pas « un fanatique du nucléaire », mais qu’il lui semble que c’est la seule solution pour en finir avec les énergies fossiles en France.
Car c’est le point essentiel de la Remontada écologique qu’Arnaud Montebourg appelle de ses vœux : sortir notre pays du pétrole ! Un impératif à la fois économique, la facture pétrolière de notre pays s’élevant à 45 milliards chaque année, mais aussi écologique. Si l’idée est bonne, et de toute façon incontournable pour assurer la transition écologique de notre pays, en revanche, les modalités de financement de cette mesure que le candidat propose le sont peut-être un peu moins. En effet, pour commencer tout de suite ces investissements de l’après-pétrole, il suggère de « nationaliser les sociétés concessionnaires d’autoroutes » (SCA) afin de financer l’écologisation des transports, notamment la généralisation de la voiture électrique. Le problème est que l’on voit mal comment cette nationalisation va pouvoir effectivement servir sa cause. Déjà parce qu’un tel projet coûterait entre 20 et 40 milliards d’indemnités à l’État, mais aussi parce qu’on peut raisonnablement douter de la capacité de l’État à assurer la gestion des autoroutes comme le font les SCA, et donc à maintenir le niveau actuel d’entretien et de sécurité de ces infrastructures. Et parce que l’argent est le nerf de la guerre, il n’est pas certain que l’État soit en mesure de mettre sur la table les milliards d’euros que les SCA investissent dans la transition écologique afin de préparer la mobilité de demain, notamment en développant des solutions bas carbone et en favorisant le déploiement massif des bornes de recharge électrique. Bref, la décarbonation de la route doit prendre d’autres contours que le candidat saura trouver, car habile intellectuellement et assez humble pour reconnaître qu’une mesure est perfectible.