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Feuille de route 2025

Améliorer la qualité de la ressource en eau par la protection renforcée des captages d’eau potable

Plan Eau : 2 ans après, 64% des actions mises en œuvre

Introduction et Chiffres clés

La pollution des ressources en eau représente une menace insidieuse, avec des impacts à long terme sur la santé humaine (substances chimiques nocives responsables de nombreuses pathologies) et l’environnement (atteinte à la viabilité des écosystèmes aquatiques, essentiels à la biodiversité).

Cela se répercute indirectement sur notre économie, en particulier sur le tourisme et l’agriculture, en affectant la production, les ressources et l’attractivité des territoires.

La dégradation de la ressource a diverses origines : elle est liée aux pollutions diffuses d’origine agricole par le lessivage dans les eaux des nitrates et produits phytopharmaceutiques, dont les teneurs excessives sont responsables de 41 % des abandons de captages pour pollutions chimiques et aux pollutions industrielles et urbaines (hydrocarbures, nickel et fluorures notamment, 22%)1.

PÉRIMÈTRES DE PROTECTION ET AIRES D’ALIMENTATION DE CAPTAGE

En outre, les substances issues de produits phytopharmaceutiques occasionnant les dépassements des exigences de qualité relèvent pour certains de métabolites persistants, à l’image de l’atrazine, herbicide interdit en France depuis 2001 encore détecté dans certaines régions agricoles, ou le chlorothalonil, fongicide interdit depuis 2020.

La dégradation de la qualité de la ressource est également liée à un élargissement progressif du spectre des substances recherchées lors des analyses, telles que les métabolites de substances phytopharmaceutique ou encore les per- et polyfluoroalkylées (PFAS), paramètres non testés systématiquement auparavant (sur la période 2019-2023, seulement 6% des installations ont fait l’objet d’analyse sur la somme PFAS).

La pollution de la ressource en eau, qui peut conduire à la fermeture de captages, réduit la quantité de ressource en eau disponible pour l’alimentation en eau destinée à la consommation humaine.

Qui plus est, le dérèglement climatique renforce ce risque : quand le niveau des nappes baisse, la concentration en polluants augmente. Ainsi, 50 captages ont été temporairement abandonnés pour l’approvisionnement en eau potable à l’été 2022, en raison de la trop forte baisse des nappes ou du surcroît de niveau de pollution engendré.

Il est donc crucial de déployer des mesures ambitieuses et efficaces pour protéger cette ressource vitale. Parmi ces mesures, la protection préventive des captages d’eau potable contre les pollutions s’impose comme une priorité pour garantir l’accès à une eau de qualité, en limitant autant que possible les traitements pour la rendre potable, de plus en plus lourds à déployer, complexes et coûteux pour la société et les collectivités responsables de la production d’eau potable.

Qu’est-ce qu’un captage ?
Un captage désigne un ouvrage destiné à prélever une ressource en eau, à partir d’un ou plusieurs points de prélèvement dans les eaux de surface (prises d’eau dans une rivière, un fleuve, un lac naturel) ou les eaux souterraines (forages ou puits atteignant un aquifère (voir schéma 1). L’eau ainsi prélevée, appelée eau brute, est utilisée principalement pour produire de l’eau potable, dite eau destinée à la consommation
humaine (EDCH). Avant sa distribution, cette eau subit des étapes de purification essentielles pour respecter les normes de qualité fixées pour l’eau potable (exemple schéma 2)

Synthèse de la feuille de route 2025

Des actions de protection sont mises en œuvre depuis 15 ans, avec l’appui des financements publics (collectivités, agence de l’eau, État, Régions), en particulier sur 1100 captages dits prioritaires.

Ces actions restent cependant insuffisantes et le Gouvernement a fixé dans son Plan Eau de 2023 une nouvelle ambition visant à protéger ou récupérer les captages à forts enjeux et dont la qualité est menacée.

Optimiser la disponibilité de la ressource. L’amélioration de la disponibilité de la ressource en eau est essentielle pour faire face à sa raréfaction et satisfaire les différents usages. Il s’agit de réduire les pertes, de valoriser les eaux non conventionnelles, d’optimiser son stockage naturel ou artificiel.

Ainsi, les ministres en charge de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Santé se sont accordés sur une méthode de travail et de concertation pragmatique permettant de mettre en œuvre, avec les acteurs des territoires, de nouvelles actions performantes en vue d’assurer une meilleure protection de la
ressource en eau vis-à-vis des pollutions de nature à rendre l’eau impropre à la consommation
, selon une approche proportionnée au risque de dégradation de l’eau.

Marais de Sacy-le-Grand © Arnaud Bouissou / Terra

Cette méthode est organisée en deux volets :

  1. → CIBLER les captages sensibles aux pollutions diffuses2 (nitrates, produits phytosanitaires, pollutions industrielles) sur lesquels il parait nécessaire d’intervenir (transposition de la directive eau potable de l’Union Européenne).
  2. → AGIR MIEUX et de façon PROPORTIONNÉE :
    • DÉLIMITER les zones d’action pour la préservation de la ressource : aires d’alimentation du captage, zones des aires d’alimentation de captage les plus contributives à la pollution, identification des pressions sur la ressource.
    • CONSTRUIRE et mettre en œuvre DES ACTIONS DE PROTECTION des captages d’eau potable selon une approche proportionnée au risque, dans le cadre des plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) élaborés par les collectivités en charge de l’eau potable.
    • ACCOMPAGNER LES ACTEURS des territoires techniquement et financièrement, en particulier les collectivités, les agriculteurs et les industriels.
Pour répondre aux enjeux de la TRACC, l’ultime étape du projet Explore2 consistera en 2025 de post-traiter les données déjà produites et de les analyser par niveau de réchauffement en France afin de donner à voir l’hydrologie associée.

Une concertation avec l’ensemble des parties prenantes dans le cadre du Groupe national captage3 (GNC) sera engagée sous l’égide des ministres en charge de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Santé afin de préciser les modalités opérationnelles de mise en œuvre de cette méthode qui doit aboutir à la rédaction d’un guide de gestion des risques établissant les lignes directrices de l’action de protection.

Financement

Pour accompagner la mise en œuvre de cette politique publique, l’État et les agences de l’eau pourront accompagner les collectivités et le monde agricole par le financement des études nécessaires, de l’animation territoriale et de la mise en œuvre des plans d’actions notamment par les mesures agroenvironnementale et climatique (MAEC) et les aides à la conversion à l’agriculture biologique issus de la PAC.

Les frontières en noir correspondent au découpage en 40 bassins versants réalisé dans la présente étude. Lecture : en 2050, pour une météo printanière-estivale sèche et avec la projection climatique la plus défavorable étudiée, dans le scénario tendanciel, les consommations seraient multipliées par plus de 3 dans le bassin versant de l’Adour (frontières en gras sur la carte).

De surcroît, pour la première fois en 2025, des crédits de la stratégie Ecophyto 2030 seront mobilisés à hauteur de 6,5 M€, en particulier pour contribuer à lever des situations de blocage pour les captages les plus prioritaires.


Stratégie écophyto 2030


  1. La pollution des eaux superficielles et souterraines en France – Synthèse des connaissances en 2024, SDES/MTEBFMP ↩︎
  2. Le terme pollutions diffuses fait référence à la contamination des eaux par des substances dont l’origine n’est pas ponctuelle (comme un déversement accidentel), mais résulte d’une multitude d’aléas dispersés dans l’espace et dans le temps et donc difficilement identifiables. ↩︎
  3. Le Groupe national captage est une instance nationale interministérielle, lieu de suivi, d’échange et de partage des démarches nationales de protection des captages d’eau potable. Il est composé de l’ensemble des acteurs impliqués dans cette thématique (représentants des collectivités, des producteurs d’eau, du monde agricole, des associations de préservation de l’environnement, des services de l’État et de ses établissements publics…). La représentation des différentes parties prenantes concernées par la ressource en eau en fait un organe consultatif adapté à la cohérence et l’opérationnalité du guide. ↩︎

Plan Eau : 2 ans après, 64% des actions mises en œuvre

Lancé en mars 2023 par le président de la République, le Plan Eau est un ensemble d’actions concrètes pour une gestion sobre, résiliente et concertée de la ressource en eau. C’est également une réponse plus efficace face aux crises de sécheresse. Deux ans après son déploiement, le Plan Eau a permis d’accélérer la mobilisation des territoires et des secteurs, en matière de sobriété et d’innovation.

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