Fidèle depuis plus de 10 ans à son engagement pour la défense des petits agriculteurs à travers le monde, Alter Eco s’implique aujourd’hui dans la préservation d’une agriculture biologique française à travers les mécanismes du commerce équitable. Grâce au partenariat mis en place avec la Corab (Coopérative Régionale d’Agriculture Biologique située en Charente Maritime) et le lancement d’une gamme de 5 produits français, Alter Eco souhaite désormais aussi promouvoir une vision alternative de l’agriculture française, respectueuse de la dignité humaine et de l’environnement.
Une ambition : une économie au service de l’homme et non l’inverse Nos sociétés « modernes » sont confrontées à un tournant majeur et les choix actuellement pris sont clés, sinon cruciaux, pour assurer la pérennité de notre société mais également celle des générations futures. Une partie des problèmes réside dans notre consommation avec une lutte constante pour des prix bas, système cristallisé dans nos choix de production agricole et notre consommation de biens alimentaires. Il devient dès lors primordial de proposer un modèle d’agriculture pérenne respectueux de l’environnement et de l’ensemble des intervenants notamment des agriculteurs et des consommateurs finaux. Un nouveau modèle qui doit également s’appuyer sur des valeurs alternatives, à celui dominant proposé actuellement, avec des solutions concrètes à un système en fin de cycle qui s’est construit pendant les 30 Glorieuses sur la production intensive et la rentabilité comme uniques critères. Si les solutions trouvées à cette époque nous ont portés, elles connaissent actuellement leurs limites. Le monde a changé et il faut adapter nos solutions. Pour Alter eco, ces solutions doivent s’incarner dans une économie responsable avec une dynamique collective intégrant les parties prenantes.Un constat : des enjeux similaires au Sud comme au Nord
L’agriculture dans le monde : Dans les pays du sud, 1 milliard d’agriculteurs (Unesco) n’ont que leurs mains pour travailler, n’ont pas ou peu accès au crédit et encore moins à la formation. Le nombre de ces exploitations et des terres agricoles diminue également à grande vitesse : 30 millions d’hectares de surfaces cultivées sont perdus chaque année (Source : ONU – Août 2010). Dans les pays du nord et notamment en France, 4,5 millions d’actifs agricoles ont disparu durant le XXème siècle et sur la seule période 1979-2004, leur nombre a été divisé par 3 (Ministère de l’agriculture 2009). Dans les deux cas (au sud comme au nord), un modèle sur des surfaces à taille raisonnable, en polyculture, respectueux de l’équilibre environnemental, est trop souvent remis en cause par un modèle dominant en monoculture intensive. Des enjeux similaires au Sud comme au Nord :- Une agriculture extensive en compétition avec l’agriculture intensive.
- Une situation de dépendance, vente en dessous des coûts de production et un appauvrissement chronique.
- Des producteurs victimes des fluctuations des cours des matières premières.
- Un manque de soutien et de synergie collective.
- Des exploitations non pérennes disparaissant de génération en génération.
- Une production « agro-écologique » combinant les savoirs ancestraux avec les techniques modernes permettant d’obtenir un modèle agricole durable.
- Une agro-écologie permettant également d’appréhender la ferme comme un écosystème vivant avec un équilibre à trouver et à tenir.
- Un mode d’agriculture respectant l’histoire des hommes et favorisant le tissu social.
- Des produits de qualité supérieure, sains et nutritifs respectant les matières premières.
Une réponse : une nouvelle gamme de produits biologiques français
Une gamme qui propose une alimentation saine et riche en nutriments essentiels:
Une coopérative : des producteurs engagés dans l’agro-écologie
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- Un projet qui met la qualité produit au cœur de son action : A la fois dans les contraintes que la coopérative peut s’imposer, notamment au travers de la collecte de l’ensemble des quantités à la récolte pour une meilleure maîtrise de la qualité produit ainsi qu’au travers des investissements réalisés (silo, unité de triage…) et au niveau des espèces promues.
- Un projet de coresponsabilité : La coopérative apporte une visibilité long terme aux producteurs lui permettant d’assumer le choix de cette agriculture familiale en s’engageant à acheter la totalité des volumes récoltés. En échange, le producteur s’engage à vendre la totalité de ses récoltes à la coopérative (exception faite des besoins en autoconsommation et de la vente directe locale).
- Un projet de relocalisation de l’activité économique : La coopérative promeut un modèle d’intégration verticale dans lequel elle tente de se réapproprier la chaîne de valeur du produit, soit directement (investissement dans le silo, dans une unité de triage de première transformation…) soit en tissant des partenariats de long terme avec des industriels et des distributeurs via la contractualisation pluriannuelle.
- Un projet nutritionnel : La coopérative promeut un projet de diversité produit au travers d’une offre de 24 espèces qui doit permettre de répondre aux besoins d’une alimentation saine et équilibrée. Les céréales apportent les besoins en fibres, en vitamines, en minéraux et en glucides, les légumineuses apportent les protéines et les oléagineux apportent les lipides.
- La nécessité de travailler une exploitation dans le respect du territoire en intégrant l’histoire et les connaissances empiriques avec les savoir-faire modernes. Une modernité qui permet de sortir d’une logique du « tout intensif » mais qui n’empêche pas de travailler à augmenter le niveau de productivité naturel des sols et des écosystèmes.
- La nécessité de réinventer un modèle économique fondé sur la diversification de revenus, avec une ferme conçue comme un écosystème avec des principes de polyculture et/ou de polyculture élevage, et une autonomie accrue de l’exploitation.
- L’intégration de système agricole durable avec une agriculture de conservation permettant notamment l’amélioration des conditions de vie des exploitants à travers trois principes à l’échelle de la parcelle : – le travail minimal au sol – les associations et les rotations culturales – la couverture permanente du sol.
- Et enfin une agriculture qui n’omet pas et surtout revisite le principe nourricier et civique du métier assurant une continuité dans sa fonction sociétale.
Un cahier des charges : bien plus que du bio
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En conclusion : promouvoir de nouveaux modèles économiques, sociaux et environnementaux
La défense d’un modèle d’agriculture passe par la mise en avant des produits issus de cette agriculture mais également par les consommateurs qui choisissent ces produits. Le levier sensibilisation est donc clé notamment au niveau de la dignité humaine et environnementale ; sans oublier la qualité gustative supérieure de ces produits et les bénéfices pour notre santé. Proposer des solutions concrètes et efficaces permet également de prévenir à court et moyen terme les risques économiques, sociaux et environnementaux auxquels nous devons faire face. C’est également un projet sociétal avec l’intégration et le partage de l’ensemble des parties prenantes autour d’un même projet. Vision qui doit s’inscrire dans une dynamique territoriale et par la même préserver un art de vivre culinaire et les histoires des hommes autour de ces produits. Un projet qui doit également déboucher sur des réflexions plus larges : quels rôles et missions des agriculteurs dans notre société ? Quelle alimentation pour une société équilibrée ? En espérant relever le défi de faire place à une agriculture florissante maintenant nos terres fertiles pour notre génération et celles de nos enfants.