Le collectif Urgence Marées vertes organise dimanche 27 septembre à 15h une manifestation « algues vertes – urgence » pour sortir de la pollution en Bretagne et pour la reconquête de l’eau. Le rendez-vous est fixé sur le site de Grandville à Hillion (Côtes d’Armor, baie de Saint Brieuc) pour un rassemblement citoyen.
Le collectif organisateur « Urgence Marées vertes » rassemble notamment Halte aux marées vertes, Côtes-d’Armor Nature Environnement, Vivarmor Nature, Sauvegarde du Trégor, Réseau Cohérence, ACAP, De la Source à la Mer, AE2D, Terre et Mer, Eau & Rivières de Bretagne, Vie, ADSLB et Bretagne Vivante.
Les proliférations d’algues vertes, provoquées par l’afflux de nitrates en mer, ont touché cette année une centaine de sites en Bretagne, causant la mort d’un cheval par intoxication et mettant en danger la vie de son cavalier, à Saint-Michel-en-Grève (Côtes-d’Armor), fin juillet… Par ailleurs, des doutes persistent sur la mort mystérieuse d’un salarié ayant procédé au nettoyage des plages quelques semaines plus tôt.
Les associations locales alertent les pouvoirs publics depuis de nombreuses années sur la prolifération des algues vertes. Pour Sébastien Genest, Président de France Nature Environnement, fédération nationale des associations de protection de la nature : « les associations participent à ce combat depuis longtemps et sont constamment confrontées à l’hostilité ouverte de certains agriculteurs. C’est pourquoi FNE soutient pleinement le combat mené avec courage par les militants des Côtes d’Armor, de Bretagne et d’ailleurs contre les marées vertes.»
François Fillon est venu annoncer des mesures pour tenter de remédier aux effets, Chantal Jouanno indiquant que l’Etat assume pleinement ses responsabilités maintenant…
Pour Bernard Rousseau, responsable des politiques eau à FNE et administrateur de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, « les options d’actions proposées ne constituent que des solutions provisoires, puisque c’est à la source que doit être supprimée la pollution : l’objectif est de combattre l’eutrophisation, notamment par la réduction du taux de nitrate dans les cours d’eau dus aux engrais et à l’élevage intensif surconcentré. Ceci implique un changement de la politique agricole et de ses pratiques intensives actuelles, pour viser la réduction des intrants. »
Après des centaines de millions d’euros dépensés sans beaucoup de résultat notamment par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau, (DCE) avec l’entrée en vigueur en 2010 des nouveaux SDAGE, pourrait contribuer à « changer de braquet »…Mais les dispositions qui pourraient contribuer à réduire les nitrates sont loin d’être contraignantes et sont largement en deçà des engagements du Grenelle de la mer, qui pourraient bien eux-mêmes ne pas suffire si ils étaient mis en oeuvre…
Ainsi, pourquoi viser la réduction de 30% d’azote sur huit baies à ulves seulement alors que près de 100 baies (voir disposition 10A1 du SADGE) ont été identifiées, et que ce phénomène s’accroît d’année en année ? Il faudrait appliquer des mesures de réduction ambitieuses, soit au moins 40 % de réduction des nitrates sur toutes les baies à ulves et inscrire dans la loi grenelle 2 des dispositions réellement contraignantes !
Jean-Claude Bévillard, secrétaire national en charge des questions agricoles à FNE, ajoute : « Il faut aujourd’hui faire face à la réalité du problème : les algues vertes sont dues à la sur- concentration de porcs, et d’animaux d’élevage en général, sur le territoire breton. La solution devra passer par une diminution du nombre de têtes de bétail et par le développement d’une production de qualité plus rémunératrice. Au-delà, c’est tout l’agro-business lié à l’agriculture intensive et à l’élevage qui est en cause. »
Il faut signaler qu’au sujet des marées vertes, la concertation existe depuis des années, sans résultats majeurs. C’est pourquoi, aujourd’hui, il faut en appeler à l’état pour qu’il prenne de vraies dispositions par rapport à ces problèmes d’eutrophisation via une concertation globale sur le modèle défini au Grenelle de l’Environnement, rassemblant les acteurs agricoles, industriels, associatifs, élus territoriaux, représentants de l’Etat.
L’ampleur du chantier est énorme, car du passé on ne peut faire table rase, des millions de cochons et d’animaux sont installés et l’utilisation intensive des engrais est une affaire florissante. Espérons que la commission interministérielle de lutte contre la prolifération des algues vertes ne patauge pas dans l’eutrophisation, le lisier breton, les nitrates et les retombées de cinquante années d’une politique agricole productiviste, déconnectée du terroir, et qu’elle propose, enfin, des propositions d’envergure,à la mesure de la gravité de la situation…
En attendant, tous à Hillion !