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Nos achats font nos emplois

Acheter Français : le nouveau credo du consom’acteur ?

Par Frederic Barroux-Monel

L’actualité est marquée par la montée spectaculaire du chômage. Dans ce contexte, acheter français pour permettre aux entreprises locales de survivre et de se développer, donc de recruter, apparaît comme une démarche porteuse de solidarité, et donc de sens.

Acheter Français : le nouveau credo du consom’acteur ?

Face à une situation de crise, il est nécessaire de sauver les entreprises et l’emploi de proximité Avec la crise, Les emplois perdus ou menacés en France se comptent par dizaines de milliers. Chez Peugeot, on parle de la possible suppression de 10 000 postes. Fin 2012, c’est l’usine Technicolor d’Angers qui a fermé ses portes, mettant au chômage ses 350 salariés. Autre symbole, le volailler Doux connaît de graves difficultés et doit licencier ses salariés par centaines : en septembre dernier, son pôle frais, qui employait plus de 1500 personnes, est liquidé. Plus récemment, début mai, c’est le site Doux de Pleucadeuc, et ses 147 salariés, dont on annonce la probable liquidation. Ces quelques exemples parmi tant d’autres illustrent bien, s’il était nécessaire, que la crise tue les entreprises, mais bien plus encore les emplois. En sauvant les premières, on préserve donc les seconds. C’est ce constat qui amène politiques et entreprises elles-mêmes à défendre le « Made in France », et à appeler à une consommation citoyenne, dont l’objectif est aussi de maintenir en vie l’activité économique locale.
Arnaud Montebourg, le Ministre du Redressement Productif, avec son emblématique (et médiatique) marinière, se positionne comme un ardent défenseur de l’achat français en tant qu’outil de la relance économique, et de l’emploi
Arnaud Montebourg, le Ministre du Redressement Productif, avec son emblématique (et médiatique) marinière, se positionne comme un ardent défenseur de l’achat français en tant qu’outil de la relance économique, et de l’emploi
Arnaud Montebourg, le Ministre du Redressement Productif, avec son emblématique (et médiatique) marinière, se positionne comme un ardent défenseur de l’achat français en tant qu’outil de la relance économique, et de l’emploi. Il est convaincu que la troisième révolution industrielle se fera autour du Made in France. Quant aux patrons d’entreprises, en particulier ceux des PME, qui ont la caractéristique d’être les premiers employeurs de France mais aussi d’être les plus touchées par la crise, ils soulignent bien l’intérêt de l’achat français pour la préservation de l’emploi. Gilbert Jacquesson, récoltant et producteur de champagne, le clame : « Acheter français est bon pour notre économie et pour l’emploi ». François Gadrey, le PDG d’Avance Diffusion, un groupe de prêt-à-porter utilisant des mailles tricotées en Bourgogne, confirme : « les achats [français] permettent de faire vivre l’économie d’un pays ». Un consommateur citoyen, engagé pour la défense de l’emploi
Acheter français : je m'y emploie
Acheter français : je m’y emploie
Cet appel semble entendu par nombre de consommateurs qui cherchent à contribuer par leurs modes de consommation à la défense de l’économie locale. En novembre dernier, le premier salon grand public consacré aux produits fabriqués en France a rassemblé 80 entreprises, qui ont pu observer que le consommateur fait de ses achats aussi un acte citoyen. Nathalie de Bonneville, qui dirige la société Adèle, une marque bretonne de chaussettes, analyse : « les français reprennent conscience de l’enjeu après des décennies de grande consommation sans prêter attention ». D’ailleurs un sondage réalisé par l’IFOP et publié en janvier dernier montre que 77% des français, un chiffre en constante augmentation, sont prêts à payer plus cher pour le Made in France. Autre élément intéressant de cette étude : 95% des français considèrent qu’acheter un produit fabriqué en France est « un acte citoyen » et ont ainsi le sentiment de « soutenir l’industrie ». Cette prise de conscience est précieuse pour bon nombre d’entreprises locales qui peuvent faire de leur mode de production un avantage concurrentiel, et échapper de ce fait à la faillite. De plus, acheter français est aussi considéré, et souvent à raison, comme un véritable gage de qualité tant sur le produit lui-même que sur le process de fabrication. Chez Bruce Field, une marque de chemises françaises, on confirme : « acheter ou fabriquer français est avant tout un acte citoyen. Cela permet de soutenir l’industrie nationale et maintenir l’emploi, de s’assurer d’une fabrication selon des normes sociales respectueuses des salariés, et de favoriser le respect de l’environnement ». Les entreprises et l’Etat doivent aussi participer à la démarche
Logos Made in France
Logos Made in France
Si l’on parle beaucoup de la nécessité d’acheter français pour les consommateurs, il ne faudrait pas oublier trop vite que les « grands comptes », entreprises mais aussi groupes publics et l’Etat lui-même, ont aussi un rôle important à jouer dans cette démarche. Bruno Pillon, le président de BravoSolution, entreprise de solutions de management des achats, souligne dans une tribune l’importance du rôle et du comportement des Directions des Achats pour le choix et le respect de ses fournisseurs. Pour lui le soutien aux PME françaises est primordial, car ce sont elles qui sont source d’emploi : « S’il s’agit – et là tout le monde est d’accord – de redynamiser l’économie française pour créer des emplois, demandons-nous comment renforcer efficacement le tissu des PME, premiers employeurs de notre pays. » Du côté du secteur public, la même volonté est affichée. Arnaud Montebourg a récemment appelé les grands groupes à faire travailler les entreprises françaises, déclarant : « Nous disons à la RATP, à la SNCF, à Areva : ‘Occupez-vous du made in France et faites travailler les entreprises françaises, et ne me parlez pas d’appels d’offres’ ». Il ouvre ainsi la voie à une réflexion sur le droit de la commande publique, peut-être inspirée du Buy American Act, qui oblige les entreprises candidates aux appels d’offre à être installées sur le sol américain. Quant à l’Etat lui-même, il est aussi engagé dans une démarche favorisant le soutien aux entreprises françaises, dans un but de préservation de l’économie et de l’emploi. Dernier exemple en date : Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, vient de retenir le groupement Griffes défense, qui rassemble une dizaine de PME françaises du textile, pour le marché de l’habillement des militaires sur 8 ans. Ce marché d’un montant d’un milliard d’euros permettra à ces PME de développer leurs activités, mais aussi l’emploi. Laurent Marck, le PDG de La Calaisienne, qui fait partie de Griffes Défense, souligne que ce marché leur permettra de faire des investissements humains : une véritable opportunité dans une région (l’usine est située à Calais) particulièrement touchée par le chômage. Chez Eminence, aussi intégré à Griffes Défense, on affirme que les nouveaux produits développés devraient garantir l’emploi de ses 573 salariés. Le ministère de la Défense fait ainsi de l’attribution de ce marché un acte de soutien à l’industrie et à l’emploi en France, tout en veillant à sa bonne gestion financière puisque les économies estimées sur la durée du marché sont de l’ordre de 20% par rapport à la facture actuelle. L’achat français : une arme pour la lutte contre le chômage
Acheter Français : le nouveau credo du consom’acteur ?
Acheter Français : le nouveau credo du consom’acteur ?
L’achat français s’impose donc comme l’une des armes, même si elle n’est pas la seule, de la lutte contre le chômage. Car en favorisant les entreprises françaises, en particulier les PME, les consommateurs ont le pouvoir de contribuer au maintien d’une activité industrielle et des emplois qui lui sont attachés. Cette démarche, qui s’inscrit dans une tendance de fond d’une consommation plus éthique, ne concerne pas que les particuliers : les entreprises et l’Etat lui-même se doivent de donner l’exemple, d’autant que leur force d’action est plus importante.
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2 Commentaires

  1. Acheter Français : le nouveau credo du consom’acteur ?
    Bien d’accord avec la teneur de cet article.

    On peut aussi souligner qu’au-delà de l’emploi, l’achat français contribue efficacement à améliorer les 3 grands comptes de l’ « entreprise France » :
    • Budgets de l’Etat et des Collectivités
    • Comptes sociaux
    • Assurances chômage,
    ceci à travers les versements que font les entreprises sur ces comptes.
    Lorsqu’un particulier achète une automobile importée, il prive ces comptes d’un montant de plusieurs milliers d’euros, mais ce n’est pas lui, mais la collectivité qui devra l’acquitter. S’il devait assumer les conséquences de cette action en réglant lui-même ce montant, nul doute qu’il se tournerait vers l’ « Achat Français ».

    Le slogan « Acheter Français » a mauvaise réputation auprès des milieux économiques qui l’assimilent à du protectionnisme. Or, il n’est pas question de revenir sur le libre-échange ( en débit de la façon peu satisfaisante dont l’Europe le pratique), mais d’appeler les citoyens à un acte civique qui contribue à l’emploi et la prospérité du pays.

    Cet appel à « Acheter Français » n’est pas naïf, il ne prétend pas être une panacée et son rôle ne vient qu’en soutien d’une politique économique efficace et d’entreprises performantes.

    Diverses initiatives ont vu le jour sur ce thème, de nature politique (MM Bayrou ou Montebourg), commerciale ( plusieurs site regroupent des vendeurs de « made in France ») ou médiatique ( pétition RMC) . Pour que ces actions aient une « force de frappe », il conviendrait de les fédérer. Il est dommage que les syndicats (ouvriers notamment, on comprend que les syndicats patronaux soient plus réservés) n’apportent pas leur soutien, de même que les partis politiques : ce thème pourrait même être transverse à la droite et à la gauche.

    Des réflexions plus approfondies sur ce sujet sont visibles sur ma page perso citée ci-dessous.

    • Acheter Français : le nouveau credo du consom’acteur ?
      bonjour ,
      encore faut il le pouvoir ( nettement plus cher )et que cela existe ( au niveau textile notamment , c’est moche et trés cher luxe )et dès fois meme l’équivalent français n’existe plus !