A qui profite le microcrédit ?

Après trente ans de victoires, voilà que le microcrédit essuie quelques coups. Ses taux d’intérêt seraient trop élevés, ses emprunteurs trop endettés… La jeune économie solidaire paraît victime de son succès. La microfinance ne serait donc pas un miracle ? Elle n’en demeure pas moins précieuse contre la pauvreté. Un dossier à découvrir dans le trimestriel Interdépendances, la revue des nouveaux enjeux de société.

Changements par Louise Bartlett, rédactrice en chef d’Interdépendances « Face au monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement ! » La formule du comédien Francis Blanche est tellement satisfaisante qu’on se demande pourquoi elle n’est pas plus célèbre encore… La grande inquiétude actuelle, liée à l’insécurité matérielle (chômage, logement), à l’insécurité affective (la solitude est déclarée « grande cause nationale 2011 ») et l’insécurité environnementale, peut, on le constate, être détournée vers d’autres cibles ; l’insécurité tout court, qui serait due à la délinquance, aux étrangers ou encore à des nationaux qui n’en ont pas suffisamment l’air. On « change de pansement » en trouvant des (faux) responsables, plutôt que s’attaquer à la source d’un problème. Ou bien, on pense le changement. Pierre Rabhi parle de « nouveau paradigme ». Le projet paraît tellement vaste, du coup, que l’on peut décider de laisser couler. Pourtant, chaque individu à son échelle peut contribuer à un changement. Avec plus ou moins d’exigence et d’investissement. Si possible pas trop de colère. Et sans oublier qu’au final, notre impact sera de court terme et limité. L’idée de la mort, comme la peur, peut libérer. Puisqu’on sait que rien ne dure toujours, pourquoi ne pas tenter, prendre quelques risques ? Penser et surtout mettre en œuvre le fruit de leurs réflexions, voilà le choix des personnes rencontrées chaque trimestre dans Interdépendances. Avec ce premier numéro de l’année 2011, la revue confirme, par une évolution de rubriquage, un virage pris voici près de trois ans. Entrepreneuriat social, économie sociale et solidaire, développement durable, ne sont pas ici des termes plus ou moins valorisants pour rassurer en surface, mais sous-tendent des actions concrètes et dynamiques, respectueuses de l’individu, condition nécessaire à la préservation tant réclamée de l’environnement. Interdépendances a le plaisir de mettre en lumière les femmes et les hommes qui agissent aujourd’hui – dont certains depuis un moment – en faveur d’une société plus solidaire, plus juste et plus durable.

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Au sommaire

ENTREPRENDRE – Les coopératives d’activités : le salarié, maître chez lui. Vous cherchez à exercer votre activité dans un cadre sécurisé et dans un réseau de personnes avec lesquelles échanger et mutualiser, tout en maîtrisant seul votre job ? Bref, rester autonome au sein d’une structure collective, être à la fois votre propre patron et salarié ? C’est possible au sein d’une coopérative d’activités. – Antoine Duthoit / Cycloville : « Toute entreprise doit être sociale ». Passé du monde des semi-remorques à celui du transport de personnes à vélo, ce jeune entrepreneur a gardé une conviction forte : l’humain est la clé de la réussite. – Acome : Ambition durable. Le développement durable n’est pas un vain mot chez Acome. L’entreprise travaille aussi bien sur son impact environnemental que sur les aspects sociaux et économiques de ses activités. Le tout en intégrant salariés et partenaires dans une démarche responsable. – Pierre-Emmanuel Grange / Le don invisible : « Le supermarché est la nouvelle agora ». Pierre-Emmanuel Grange n’a rien inventé. Informaticien autodidacte, il a 32 ans et consacre toute son énergie à développer microDON, sur un concept découvert au Mexique. – La nouvelle voie de la RSE. Les métiers de la Responsabilité sociétale (ou sociale) de l’entreprise cherchent à intégrer les trois piliers du développement durable à travers et au sein même des sociétés privées. – L’agriculture au service de l’insertion. Dans l’arrière-pays héraultais, Terres Vivantes accompagne des porteurs de projets agricoles en insertion professionnelle. En tablant sur la mise en réseau et le respect de l’environnement, l’association permet à des territoires entiers de retrouver une dynamique d’échanges. – Laurent Kapela / Association les Grands Lacs : « Jeter des ponts entre les hommes ». Congo-Europe, mort et vie, vieux et jeunes : à 53 ans, cet éternel étudiant n’a de cesse de créer des ponts entre les rives opposées. Et des dispositifs sociaux innovants. DÉCOUVRIR – Denis Clerc, l’alternative pédagogique. Il a fait de « l’alter » une carrière : fondateur des titres de presse Alternatives économiques, puis Alternatives internationales ; alternance professionnelle entre enseignement et journalisme, et géographique entre Paris et Dijon. Aujourd’hui retraité, l’économiste garde un œil sur sa petite entreprise et sur le monde, toujours concerné. – De l’énergie propre à portée de mains. Assurer le besoin énergétique de populations isolées tout en respectant l’environnement. Tel est le projet ambitieux de Noetec, société de générateurs électriques solaires, créée en décembre 2008. – Les villes lentes, un éloge de la vie simple. Face au gigantisme urbain et à l’idéologie du « toujours plus » (plus vite, plus fort, plus efficace…), les villes lentes proposent un modèle alternatif alliant écologie, bien-être et préservation des traditions. SOCIÉTÉ – La biopiraterie, l’autre pillage de la nature. Au fur et à mesure que la biodiversité disparaît et que l’on prend conscience de sa valeur, la course à l’accaparement du vivant s’accélère, engendrant un désastre sur le plan environnemental et social. Comment les pays du Sud peuvent-ils lutter contre la biopiraterie ? – Logiciels libres : de la fracture à la solidarité numérique. Dans un monde en transition vers une société globale de l’information, les logiciels libres, parce qu’ils réinventent le rapport au savoir et au progrès, sont appelés à devenir de puissants outils au service de la solidarité, du développement durable et des droits humains. – Le testament d’Allais. Maurice Allais, décédé en octobre dernier, aura apporté plus qu’une pierre à l’édifice de la pensée économique ; il l’a en quelque sorte définie pour des générations d’économistes. Prix Nobel d’économie en 1988 pour ses recherches prônant un « socialisme concurrentiel », il laisse avant de disparaître une « Lettre aux Français » et une critique sans concession du système économique mondial. OPINION – « Dénoncer l’absurdité des politiques économiques ». Interview de Thomas Coutrot, économiste et président d’Attac France, Il est, avec Philippe Askenazy, André Orléan et Henri Sterdyniak, l’un des auteurs du Manifeste d’économistes atterrés. – « Il faut dépasser le stade de l’urgence en Haïti ». Interview de Franck Renaudin, fondateur et directeur d’Entrepreneurs du monde. Depuis 1998, cette association française de solidarité internationale développe des activités de microcrédit dans des régions du monde en grande difficulté. Elle intervient depuis 2003 à Haïti, où les effets du séisme de janvier 2010 se font encore durement sentir.

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